Poutine recadre Obama sur la Syrie
Une rencontre aussi exceptionnelle que remarquable entre les chefs d’Etat russe, Vladimir Poutine et US, Barack Obama aura suffi à recadrer le conflit syrien brouillé par le machiavélisme occidental. L’Occident a ainsi instrumentalisé le dossier syrien, sans parvenir à chasser Bachar al-Assad. Or, ce dernier est désormais inéluctable pour toute solution politique du conflit. Ce que le chef de l’Etat russe a fait admettre à son homologue américain. Dès le début du conflit en 2011, les Occidentaux n’ont à aucun moment tenté d’en comprendre la genèse se focalisant sur le président syrien et exigeant son départ, parallèlement à leur prise en main de la rébellion syrienne. On a ainsi fait de Bachar al-Assad un monstre – un dictateur atypique ni plus ni moins hors normes que ses pairs – alors qu’il n’est que l’image du régime baâsiste syrien. En fait, Al-Assad n’est rien sans son armée, ses zélateurs et ses courtisans. Aussi, exiger de but en blanc son départ n’a pas de sens si, effectivement, on veut contribuer à trouver une issue à un dossier très complexe. D’autre part, seul le peuple syrien est habilité à chasser son président, si besoin. De fait, Vladimir Poutine, n’a pas omis de le relever devant son homologue américain assurant: «J’ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français, mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas être impliqués dans le choix des dirigeants d’un autre pays.» Quatre années ont été perdues à cause de manoeuvres politiciennes sur le dos du peuple syrien sacrifié sur l’autel d’ambitions à tout le moins criminelles des grandes puissances. Alors qu’il fallait chercher les moyens de circonscrire le feu qui couvait en Syrie, celles-ci avaient pour préoccupation la tête du président syrien. Justifiant la position étatsunienne sur la Syrie, le président Barack Obama, a affirmé que Assad était un «tyran». Or, Al-Assad est le genre même de dirigeants que l’Occident affectionne et cultive même leurs tares, qui sont tout bénéfice pour leurs intérêts. Aussi, l’inquiétude de M.Obama est tout à fait suspecte, alors qu’il ne dit mot quand son principal allié saoudien est sur le point de décapiter un homme pour délit d’opinion. De fait, ce sont les Etats-Unis qui ont formaté Saddam Hussein – les grands dirigeants américains comme l’ancien secrétaire à la Défense de G.W Bush, Donald Rumsfeld, ont tous fait le voyage de Baghdad – et l’ont incité à déclarer la guerre à l’Iran. Guerre qui s’est soldée par la mort de centaines de milliers d’Irakiens et d’Iraniens. Et ce sont les Etats-uniens qui ont déboulonné ce même Saddam Hussein, devenu inutile, qui ont aussi ouvert la voie à un nouveau terrorisme: le terrorisme islamiste. Ils ont récidivé en Syrie tentant encore une fois d’imposer leur diktat, refusant de faire une lecture correcte des tenants et aboutissants du conflit, participant même à son aggravation en tentant d’imposer une coalition fantoche qui ne représentait qu’elle-même. Les Etats-uniens ont d’ailleurs fini par se rendre compte qu’ils ont misé sur le mauvais cheval, peu crédible. Et ce sont encore les Etats-Unis qui forment des rebelles pour «combattre» l’EI, des rebelles qui, au final, font cause commune avec le groupe jihadiste al-Nosra (branche syrienne d’Al Qaîda). D’ailleurs, le Pentagone a reconnu samedi, que c’était là un fiasco. Ainsi, dans le dossier syrien, les Etats-Unis ont fait tout faux continuant à privilégier une analyse exclusiviste des événements. Après la rencontre Obama-Poutine, un responsable états-unien explique: «Je crois que les Russes ont compris l’importance d’avoir une solution politique» et tout de go de souligner que les deux hommes étaient «en profond désaccord sur le rôle que jouera le président syrien dans le règlement de la guerre civile». Il y a à l’évidence un quiproquo, les Etats-uniens ont de la gêne à appréhender le conflit syrien, mettant sur le dos des autres leur propre incapacité à accepter ce fait: la solution ne pouvait être que politique et celle-ci ne peut se réaliser sans la participation de l’actuel dirigeant syrien. Ce que Washington conteste, s’opposant à tout rôle d’al-Assad dans la recherche d’un règlement politique. Or, ils viennent de concéder le fait, estimant qu’un «calendrier» du départ de Bachar al Assad pouvait être «négocié». De fait, les Etats-uniens, qui voulaient imposer «leur solution» à la Syrie, admettent aujourd’hui que la Russie et même l’Iran pouvaient être d’un apport précieux à l’issue de la guerre en Syrie. Lors de la conférence dite «Genève 2» l’ONU avait invité une soixantaine de pays dont les 4/5 n’avaient rien à voir avec le dossier, mais pas l’Iran à laquelle Washington a opposé son veto. C’est cette sélectivité malintentionnée qui a pesé sur le conflit syrien induisant des dizaines de milliers de morts. L’Occident en porte une grave responsabilité.
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