American Universities: When Freedom and Bearing Arms Are One and the Same

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Universités américaines: quand liberté et port d’armes ne font qu’un

Récemment, l’État du Texas autorisait les citoyens à détenir une arme sur l’ensemble des universités présentes sur son territoire. Après l’État de l’Idaho en 2014, le « Campus Carry Bill », nommé ainsi par les tenants de ce projet de loi, emboîte le pas à sept autres États américains. Depuis le début des années 2000, les tueries de masse continuent pourtant d’augmenter en même temps que se durcissent les positions de part et d’autre de l’échiquier. Le débat sur le droit au port d’armes semble donc loin d’être terminé.

Si, pour certains, le thème de la violence liée aux armes remonte aux origines lointaines de la nation américaine, c’est sans conteste dans la deuxième moitié du XXe siècle que le débat commence à se crisper. On assiste à une recrudescence des meurtres par arme à feu depuis la fin des années 1960, tandis que, parallèlement, on enregistre une augmentation des armes présentes en sol américain. Une étude récente fait état de 300 millions d’armes actuellement en circulation sur l’ensemble du territoire, ce qui apporte de l’eau au moulin de ceux qui tiennent la culture des armes pour responsable des meurtres qui sévissent aux quatre coins du pays. Pour ceux et celles qui défendent âprement l’accès aux armes, c’est la possibilité de diminuer le potentiel dévastateur d’une tuerie qui leur sert d’argument phare. C’est par les armes que l’on neutralise le plus efficacement la menace en prévenant rapidement une effusion de sang.

Certes, l’autorisation du droit au port d’armes sur les campus de huit États américains s’inscrit dans un contexte où il est de plus en plus facile de se procurer une arme. Très souvent vendues à des citoyens dont on ne vérifie pas toujours les antécédents criminels, 40 % des armes en circulation sur le sol américain proviennent de transactions entre particuliers ou sont vendues lors d’événements sportifs. C’est donc dire qu’il est parfois difficile de déterminer qui est légitimement en droit de posséder une arme et quelles sont les véritables intentions des acquéreurs. Il n’empêche que, pour beaucoup, le port d’armes est un trait de culture absolument essentiel au mode de vie des citoyens américains. Il est l’expression en acte d’une liberté faisant partie intégrante du patrimoine historique du pays.

C’est ce que soulignait à qui voulait l’entendre le président de la National Rifle Association (NRA), Charlton Heston, dans un discours devenu célèbre : « La culture des armes est combattue sans arme, sans effusion de sang et sans tank, mais la liberté est perdue exactement de la même manière. Si nous perdons cette culture des armes, vous et votre pays serez moins libres. » Loin d’être isolée ou excessive, cette déclaration est représentative d’une certaine mentalité répandue chez des Américains provenant d’horizons sociaux et culturels divers. Par exemple, la culture des armes fait partie des us et coutumes de plusieurs familles américaines qui participent régulièrement à des concours de tir auxquels sont initiés les enfants dès leur plus jeune âge. Il est aussi d’usage dans certains États américains d’organiser des patrouilles composées de civils en armes veillant à la sécurité du voisinage. En 2013, le shérif du comté de Maricopa en Arizona autorisait « la protection des écoles de son comté par une milice armée de “citoyens” ».

Actuellement, la législation sur le droit au port d’armes est laissée à la discrétion de chaque État américain. Il existe différents types de lois qui recouvrent quatre grands cas de figure. Dans certains États comme la Floride et la Géorgie, il est autorisé de détenir d’une arme sous certaines conditions prévues par la loi. Par exemple, l’âge minimum d’acquisition est de 21 ans et il est obligatoire pour le nouveau détenteur de suivre un cours de maniement des armes. On dira de ces États qu’ils sont « Shall Issue », c’est-à-dire qu’ils exigent que ceux et celles souhaitant faire l’acquisition d’une arme répondent aux critères édictés par la loi et se conforment à certaines obligations légales.

À l’autre extrême, il y a les États sans restriction qui autorisent le port d’une arme dissimulée sans devoir être détenteur d’un permis. Seuls l’Alaska, l’Arizona et le Vermont font partie de cette catégorie peu restrictive. Il existe un niveau intermédiaire, le « May Issue », qui regroupe les États où les permis pour détenir une arme sont délivrés par les autorités locales et à leur totale discrétion. Les shérifs de différents comtés décident qui est en droit de détenir légalement une arme en délivrant des permis à certains requérants. À l’inverse du « Shall Issue », le « May Issue » est plus discrétionnaire et dépend de décisions parfois partisanes qui tranchent avec les conditions légales d’obtention observées ailleurs au pays. Enfin, unedernière catégorie se rapproche davantage de ce qui existe au Canada, où la loi restreint au maximum le port d’armes. Ce sont les États « No Issue » qui délivrent peu de permis et ne reconnaissent pas ceux détenus par des individus venant d’autres États. Les États de New York et de la Californie comptent parmi cette catégorie.

Si le droit au port d’armes dépend des lois propres à chaque État, il est en revanche clair que la culture des armes imprègne l’imaginaire étasunien. Malgré la fascination qu’exerce sur le peuple américain la culture des armes, il est difficile d’expliquer la ténacité avec laquelle elle se maintient dans le temps. Loin d’être une question facile à trancher, comme le laisse présager notre point de vue de ce côté-ci de la frontière, le débat sur le droit au port d’armes déborde largement de la question de leur utilisation en situation de défense ou de celle de leur usage à des fins récréatives. C’est l’histoire de la société américaine qui est engagée dans ce débat houleux ; d’où la difficulté pour les Américains de réussir à trancher cette question sensible.

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