Hillary Clinton, la reine sereine du premier débat des démocrates
Une vraie surprise, une bonne surprise et une confirmation. Le 1er débat démocrate, mardi 13 octobre au soir à Las Vegas, était aux antipodes des deux premiers débats républicains : un échange serein, poli sans être ennuyeux, avec seulement trois prétendants sérieux. Les figurants ? Lincoln Chafee, ex-gouverneur du Rhode Island gentil poids plume et Jim Webb, ancien sénateur de Virginie, raide comme un ancien Marine constipé.
La bonne surprise ? Martin O’Malley, l’ancien gouverneur du Maryland qu’on jurerait importé de Californie, sourire blanc éclatant, bon sens, charisme et conviction, qui devrait logiquement décoller (un peu) dans les sondages.
La confirmation ? Bernie Sanders, fidèle à son image de moraliste à lunettes cerclées, honnête, intègre, convaincu… et sans doute un peu trop pessimiste et doctoral pour le format d’un débat télévisé.
La vraie surprise : Hillary Clinton. Il est vrai que beaucoup lui prédisaient une victoire dans ce débat avant même qu’un mot n’ait été prononcé : Clinton, ces derniers jours, a réussi à creuser légèrement l’écart qui la sépare de Bernie Sanders. Mais qui aurait imaginé pareille sérénité ? Aucune nervosité, au contraire, une assurance de présidentiable qui ne faisait aucun doute.
Au-dessus du lot
Après avoir attaqué Sanders à la jugulaire sur son point faible, le contrôle des armes à feu – il “a voté à cinq reprises contre la loi Brady” réglementant les armes d’assaut –, Hillary s’est élevée au-dessus du lot, bénéficiant de l’énorme erreur commise par le leader républicain Kevin McCarthy, qui avait lié explicitement l’enquête sur la mort de l’ambassadeur à Benghazi à une opération politique anti-Hillary. Réponse sans appel de l’intéressée, qui préfigure ce que sera sa position, le 22 octobre, devant la commission du Congrès qui lui cherche noise :
Cette commission est un bras du Comité national républicain.”
Cela lui a permis d’éclipser totalement sa gestion désastreuse de l’”affaire des emails”.
Elle c’est elle et lui c’est lui
Même sur son vote autorisant l’invasion de l’Irak en 2002, Hillary a réussi à glisser les mauvais souvenirs sous le tapis, préférant mettre l’accent sur son expérience dans l’administration Obama et se gardant bien d’attaquer le Président (ce sera pour plus tard, si nécessaire). Le plus réconfortant, pour les milliers de fans d’Hillary qui commençaient à douter de leur championne, est le naturel qu’elle a affiché tout au long du débat, une aisance qu’on lui avait rarement vue auparavant.
Il a fallu attendre la conclusion du débat pour qu’elle retombe dans ses phrases toutes faites sur la classe moyenne-qui-travaille-dur, mais entre-temps, elle a montré une pugnacité tranquille qu’on ne lui connaissait plus. Elle a aussi prouvé qu’il y avait un super favori, dans la présidentielle de 2016 : Hillary Rodham Clinton. Et que l’on ne se méprenne pas sur son patronyme : elle c’est elle et lui c’est lui – “je ne voudrais pas que qui que ce soit vote pour moi à cause de mon nom de famille”. Take that, Bill.
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