La durée de la campagne électorale actuelle au Canada – 78 jours – a fait couler beaucoup d’encre. Pourtant, quand on se compare à nos voisins américains, on se console rapidement.
Des débats cruciaux entre les prétendants à la Maison-Blanche ont lieu ces jours-ci, alors que le scrutin est dans… 389 jours.
La course à la Maison-Blanche est un marathon. Si l’un des participants connaît un mauvais départ ou des difficultés en cours de route, il ne s’avouera pas vaincu pour autant. Il sait qu’il a amplement de temps pour se ressaisir.
Hillary Clinton en a fait la preuve lors du débat démocrate de mardi.
Son étoile pâlissait depuis plusieurs mois. Les révélations au sujet de son utilisation d’une adresse de courriel privée lorsqu’elle était secrétaire d’État faisaient les choux gras de ses adversaires et des médias. Les sondages montraient qu’elle était en perte de vitesse. Que son plus sérieux rival, le sénateur du Vermont Bernie Sanders, avait le vent dans les voiles.
Bref, les derniers mois ont été pour elle un chemin de croix.
Ce calvaire semble, pour l’instant, terminé. Car sur scène, Hillary Clinton a été de loin la plus convaincante des cinq candidats. De par son expérience de la politique, mais aussi des débats. De par sa maîtrise des dossiers. De par l’impression qu’elle a déjà défini ses objectifs prioritaires si elle est élue.
Même ses talents d’oratrice, qui sont pourtant limités, ont été mis en valeur par rapport à ceux de ses adversaires. Trois d’entre eux – Martin O’Malley, Jim Webb et Lincoln Chafee – ont prouvé qu’ils ne font pas le poids.
Le rival le plus sérieux de l’ancienne secrétaire d’État, Bernie Sanders, a pour sa part tiré son épingle du jeu. Se présentant comme un « démocrate socialiste », il n’a cependant pas convaincu ceux qui doutent qu’il puisse vaincre l’éventuel candidat républicain en 2016.
Hillary Clinton, elle, a confondu les sceptiques.
Plusieurs ténors démocrates cités par des médias américains hier affirment dorénavant que la candidature de l’actuel vice-président, Joe Biden, n’est plus indispensable. Ce dernier était parfois décrit, avant le débat, comme le sauveur du parti.
Les démocrates auront aussi été rassurés par la teneur des échanges entre les cinq candidats. Les deux débats républicains organisés jusqu’ici tenaient avant tout du spectacle. Le débat démocrate a été le théâtre de discussions animées et pertinentes sur l’avenir de la première puissance mondiale et de ses citoyens.
Qu’on se le dise : Hillary est de retour. Il est nettement trop tôt pour prédire ce qui se passera en 2016. Mais sa performance lors de ce débat crucial montre qu’il est toujours plausible que les Américains, huit ans après avoir élu un premier président noir, écrivent une nouvelle page d’histoire en votant pour une femme.
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