US Primaries: Hillary Clinton Gains Momentum, Jeb Bush Falters

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Primaires américaines: Hillary Clinton s’impose, Jeb Bush flanche

L’élection canadienne est derrière nous et on peut revenir aux choses sérieuses : l’élection présidentielle de 2016 aux États-Unis. Du côté démocrate, la course se déroule finalement comme prévu. Chez les républicains, par contre, il subsiste beaucoup d’incertitude mais l’histoire marquante n’est pas l’ascension des candidats «externes» Donald Trump et Ben Carson, mais plutôt la déconfiture du favori initial, Jeb Bush.

Dans deux mois, les électeurs de l’Iowa et du New Hampshire déposeront les premiers bulletins de vote de l’élection de 2016 qui se terminera dans un an avec l’élection du 45e président des États-Unis, qui sera peut-être aussi la première présidente. Que faut-il retenir jusqu’à maintenant de la course aux nominations dans les deux grands partis qui est en marche depuis le début de l’année ?

On serait tenté de dire qu’il s’agit des candidatures assez peu orthodoxes de Donald Trump et de Ben Carson, chez les républicains, ou de Bernie Sanders chez les démocrates. Après tout, ce sont eux qui ont occupé le gros de l’attention des médias depuis quelques mois. Chez les démocrates, Bernie Sanders continuera de brasser la cage et de rendre la campagne intéressante, mais la victoire d’Hillary Clinton ne fait pas vraiment de doute. Chez les républicains, c’est une tout autre histoire.

Parti démocrate : Hillary Clinton solidement en tête

La campagne de la favorite démocrate Hillary Clinton, qui avait semblé vulnérable pendant l’ascension de Bernie Sanders, et a pris une tournure suffisamment favorable au cours du mois d’octobre pour lui garantir virtuellement la nomination de son parti. Le seul qui aurait pu freiner sa course était le vice-président Joe Biden, mais après les performances solides de Clinton au dernier débat démocrate et aux audiences de la commission de la Chambre des représentants sur l’affaire de Benghazi, ses espoirs se sont évaporés. Forte de l’appui quasi unanime de la délégation démocrate au Congrès et d’une dizaine de gouverneurs démocrates, il n’y a presque qu’elle-même qui puisse entraîner sa défaite. Elle n’aura quand même pas le champ tout à fait libre jusqu’à l’élection, car ni la presse ni ses adversaires républicains ne lui feront de quartier.

Parti républicains : Comment éviter le pire ?

Du point de vue médiatique, ce qui a retenu l’attention dans la campagne républicaine est la présence de deux candidats hors de l’ordinaire, l’ineffable milliardaire Donald Trump et le neurochirurgien afro-américain Ben Carson. Mais ces deux candidats continuent de soulever de très sérieuses interrogations. Malgré le fait qu’ils mènent dans les sondages, les spécialistes s’entendent à dire que les sondages à ce stade-ci sont des indicateurs très imparfaits des performances futures des candidats aux primaires et qu’il est loin d’être certain qu’ils resteront en tête jusqu’à la fin.

Les appuis à Trump continuent de reposer plus sur sa célébrité que sur des chances sérieuses de monter une candidature gagnante, alors que ceux de Carson reflètent l’attrait d’un « outsider » dont la plupart des électeurs ne connaissent à peu près rien, mis à part ses déclarations empreintes d’extrémisme idéologique.

À deux mois du premier vote, quand les électeurs n’ont que des impressions à fleur de peau à offrir aux sondeurs, il peut être plus révélateur de suivre la trace de l’argent et des appuis officiels de la part des principaux officiers élus des deux partis. Selon ces deux indicateurs, le meneur de la course républicaine serait Jeb Bush. Le fils d’un président et le frère d’un autre a ainsi recueilli l’appui de 21 représentants au Congrès et trois sénateurs. Les autres candidats sont loin derrière à ce chapitre et ni Trump ni Carson n’a encore obtenu l’appui formel d’un seul élu républicain d’importance (voir ici).

Ceci dit, il n’est pas non plus inutile d’observer la performance au jour le jour des candidats exposés aux pressions de la campagne pour constater si celle-ci s’améliore ou pas, et pour évaluer leur capacité de se sortir de situations difficiles. Vu sous cet angle, la candidature de Jeb Bush est une catastrophe. Au dernier débat, sur la chaîne CNBC, Bush voulait marquer des points contre Marco Rubio en soulignant ses absences fréquentes des votes du Sénat. Mais c’est plutôt Rubio qui a eu le meilleur de l’échange, comme le montre l’extrait ci-dessous.

Et c’est loin d’être tout. Bush a passé l’essentiel de la dernière semaine à défendre sa performance pitoyable dans les sondages et à couper dans son personnel de campagne alors que ses bailleurs de fonds commencent à se rebiffer. La conclusion qui est de plus en plus partagée parmi les observateurs, et qui s’avère à mon avis le développement le plus important de la campagne républicaine, est que Jeb Bush n’est tout simplement pas un bon candidat.

Pendant que la campagne de Bush fait chou blanc, ses deux adversaires principaux issus du milieu politique, Marco Rubio et Ted Cruz, prennent de plus en plus d’assurance au fil des débats. Il ne serait donc pas étonnant de voir leurs scores dans les sondages prendre de la vigueur à l’approche des premiers votes, ce qui leur vaudra de plus en plus d’appuis officiels dans un parti qui cherche à tout prix une alternative aux candidatures à haut risque que représentent Trump et Carson.

Ted Cruz a probablement une image trop radicale pour que sa candidature soit jugée viable par l’establishment du parti. Celui qui sera particulièrement à surveiller au cours des prochaines semaines est Marco Rubio, qui devra bien sûr démontrer qu’il est prêt à faire face à la musique alors que tous les regards seront tournés vers lui et qu’il deviendra de plus en plus la cible des attaques.

En bref, l’événement le plus important de cette campagne républicaine jusqu’à maintenant n’est pas l’ascension de Donald Trump ou de Ben Carson mais l’effondrement de celui en qui les bonzes du parti avaient placé l’essentiel de leurs espoirs. Est-ce qu’un autre politicien solide viendra prendre sa place ou est-ce que les républicains se retrouveront avec une candidature à haut risque ? Bien malin à ce stade-ci qui peut le prédire.

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