A Project That Has Lost Interest In the United States

<--

Quand le projet d’oléoduc entre le Canada et les Etats-Unis a été soumis à la Maison-Blanche pour la première fois, la production de pétrole américain était au plus bas. Le baril de pétrole se monnayait plus de 140 dollars le baril. C’était en septembre 2008, et nul n’anticipait que gaz et pétrole de schiste puissent révolutionner l’approvisionnement énergétique du pays. La proposition du Canada d’acheminer son pétrole jusqu’au golfe du Mexique présentait alors bien des attraits : les raffineries texanes y voyaient une source d’approvisionnement totalement prévisible, et moins chère que celles du Moyen-Orient (coûts de transport inclus). Elles espéraient compenser grâce à leur voisin du Nord (le Canada) la baisse de production de celui du Sud (le Mexique).

Le contexte a radicalement changé depuis : la production américaine de pétrole a doublé depuis 2008. Le Mexique a annoncé son intention de modifier sa Constitution, pour permettre aux compagnies étrangères de forer du pétrole sur son territoire, ce qui laisse entrevoir un rebond de sa production au cours des dix prochaines années. « L’oléoduc Keystone XL présente beaucoup moins d’intérêt qu’il y a encore quelques années », résume Rusty Braziel, président du cabinet de conseil RBN Energy.

La suspension du projet est plus problématique pour le Canada – le premier partenaire économique et fournisseur de pétrole des Etats-Unis. La province d’Alberta est en effet le principal producteur de pétrole au monde tiré des sables bitumineux. Sa production est appelée à tripler d’ici à 2020, ce qui impose de nouveaux débouchés. Mais le Canada n’en fait plus une affaire d’état : le nouveau Premier ministre, Justin Trudeau, qui a pris ses fonctions mercredi, est moins attaché au projet que ne l’était son prédécesseur, Stephen Harper. Classé à gauche, il est même peut-être soulagé de ne plus avoir à le soutenir : il a gagné les élections en défendant ardemment l’écologie. « J’ai eu Justin Trudeau au téléphone. Il a exprimé une certaine déception. Mais nous avons convenu que le changement climatique demandait une plus grande coordination entre les pays », a fait savoir Barack Obama. Avec un prix du baril qui ne dépasse pas les 50 dollars aujourd’hui, le pétrole canadien est d’ailleurs moins prometteur qu’il ne l’était il y a quelques années. Les compagnies pétrolières y ont beaucoup réduit leurs investissements, faute de projets rentables.

About this publication