Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité d’Israël sont restés, jusqu’à ce jour et depuis 68 ans, impunis grâce à la protection que lui prodiguent les Etats-Unis. C’en est encore plus surprenant lorsque l’on connaît l’étrange épisode de la mésaventure survenue au navire américain USS Liberté AGTR 5 dans les eaux internationales en Méditerranée orientale. Ce dernier a été attaqué par six Mirage III et un navire de guerre israéliens le 8 juin 1967, au troisième jour de la guerre dite des «Six-Jours». Ce qui est encore plus singulier est que cette attaque l’a été contre le principal allié et protecteur de l’Etat hébreu, agression demeurée confidentielle ne remontant péniblement à la surface qu’une quarantaine d’années plus tard. Or, lors d’agressions contre leurs bâtiments comme celle contre le USS Cole DDG-67 au Yémen, les Etats-Unis menèrent à grand tapage médiatique leurs enquêtes. Pour l’affaire USS Liberty cela a été le mutisme total. Le jeu trouble et souvent tordu des puissances apparaît dans toute son étrangeté et sa perfidie dans ledit «incident» du USS Liberty, navire espion travaillant pour le compte de deux organes du renseignement américain: la National Security Agency (NSA) et l’Office naval intelligence (ONI, renseignement naval). Etouffée, enfouie dans les limbes et connue uniquement des seuls initiés du monde de l’espionnage, cette affaire sulfureuse est revenue à la surface en mai 2005 lorsqu’un rapport sur les «crimes de guerre d’Israël commis contre le personnel militaire américain» a été soumis au secrétaire à la Défense (à l’époque Donald Rumsfeld). Cette remontée à la surface donnait à voir l’un des plus incroyables épisodes de la guerre des «Six-Jours» de juin 1967. Toutefois, le voile est loin d’être levé, mais pose en revanche la question: pourquoi le navire espion US a-t-il été diligenté sur les lieux? Ce qui indique, à tout le moins, que les Etats-Unis étaient au courant de l’imminence de l’attaque d’Israël contre l’Egypte, la Syrie et la Jordanie. Selon des documents d’époque, le USS Liberty a quitté le 24 mai 1967 son port d’attache de Norfolk en Virginie (USA) accostant au port espagnol de La Rota le 1er juin 1967, port qu’il quitta le lendemain pour la Méditerranée orientale. Cette coïncidence d’un navire espion qui fait un parcours de 7000 km à travers l’Atlantique pour arriver à pic, au début d’une guerre, n’a rien d’ordinaire. Le 6 juin à l’aube, l’aviation et la marine israéliennes attaquent les pays arabes. Le USS Liberty était, à point nommé, aux premières loges. Tout n’a pas été dit sur ce triste fait de la guerre des «Six-Jours». Le 8 juin 1967, le navire espion était au nord de la ville égyptienne d’El-Arish au Sinaï. Qu’est-il venu faire? Selon les déclarations des hommes qui étaient à bord de l’USS Liberty ils étaient chargés d’écouter les communications des militaires et politiques des trois pays arabes. Sa mission n’était donc pas d’espionner Israël. Comment expliquer cette agression à tout le moins inconcevable? Quelles motivations ont poussé les autorités états-uniennes à faire de terribles pressions sur les familles des victimes américaines (34 morts et 171 blessés, dont nombreux handicapés à vie) pour les inciter à ne pas parler aux médias de ce crime de guerre? De nombreux livres ont été écrits ces dernières années sur l’affaire aux Etats-Unis. Toutefois, leurs écrits sont demeurés quasi confidentiels et sans échos en l’absence d’une réelle prise en charge du dossier tant par les autorités que par les médias. Aussi, l’opacité a-t-elle continué d’entourer une affaire qui met en exergue les impostures de la politique états-unienne. Il fallut attendre quarante sept ans – en novembre 2014 – pour que les Américains aient (enfin) connaissance de l’agression commise contre des citoyens américains sur lesquels les autorités du pays ont fait peser une chape de plomb. Le document choc diffusé par la chaîne qatarie «Al Jazeera America» a été une véritable bombe et ressentie comme une humiliation par les Américains. Les crimes de guerre commis par Israël sont innombrables dont le dernier en date a été celui contre le navire humanitaire turc le Mavi Marmara en mai 2010. Les experts se perdent en conjecture: l’attaque a-t-elle été délibérée et couverte par les Etats-Unis? Cela rappelle l’épisode de Pearl Harbor en 1941. Une méprise? Improbable! le navire américain étant parfaitement identifiable. Dans tous les cas de figure, l’interrogation demeure: qui a pris la décision? Pour quelle raison? Mais, cela n’empêcha en rien cependant les Etats-Unis d’apporter des aides militaires de plusieurs milliards de dollars à Israël. Il est vrai que les rapports entre Washington et Tel-Aviv sont conçus de traîtrise et de coups tordus. Que dire alors des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis au quotidien contre le peuple palestinien par Israël? Qui jamais aura le courage de dénoncer l’impunité dont jouit Israël?
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