United States: A Black Bishop to Straighten Out a White Church

<--

Etats-Unis : un évêque noir pour redresser une Eglise blanche

Michael Curry est le premier noir à diriger l’Eglise épiscopalienne, celle de l’élite blanche américaine. Cet évêque progressiste a pour mission d’enrayer la chute des fidèles.

L’énergie communicative de Michael Curry ¬suffira-t-elle à revigorer l’Eglise épiscopalienne, la branche américaine de l’anglicanisme, en perte de vitesse ces dernières années ? L’intronisation officielle de cet évêque afro-américain à la tête de ses quelque 1,8 million de fidèles a fait sensation, le 1er novembre, sous les arches de la Cathédrale nationale de Washington.

A 62 ans, l’homme devient le premier évêque noir à accéder à ces responsabilités au sein de l’une des Eglises les plus blanches du protestantisme historique aux Etats-Unis. Seuls 4 % des fidèles -épiscopaliens sont afro-américains, selon une récente enquête du Pew Research Center, tandis que 90 % d’entre eux sont blancs.

Ce descendant d’esclaves de Caroline du Nord et d’Alabama, ayant grandi dans une Amérique imprégnée de ségrégation raciale, prend aussi la tête de la dénomination religieuse la plus traditionnellement associée à l’élite économique et intellectuelle blanche de l’histoire américaine. « Ma grand-mère n’aurait jamais pu imaginer Barack Obama à la Maison Blanche et son petit-fils président de l’Eglise épiscopale », a-t-il déclaré.

Favorable au mariage homosexuel

Le religieux, marié et père de deux enfants, est connu pour ses vues progressistes, au sein d’un mouvement traversé comme la plupart des Eglises historiques par des courants divers. Il fut l’un des premiers évêques à autoriser le mariage homosexuel en Caroline du Nord. Elevé par un père militant des droits civiques, il a, au long de sa carrière, mis l’accent sur la lutte contre les discriminations raciales, économiques ou éducatives. Son action auprès des pauvres, de même que sa jovialité lui ont récemment valu une comparaison avec le pape François dans le Washington Post.

Comme le chef de file des catholiques, il s’est promis de donner plus de « visibilité » à son Eglise. L’enjeu est de taille. Elle souffre depuis une vingtaine d’années d’une désaffection de ses fidèles les plus conservateurs. L’ordination d’évêques femmes et celle d’un évêque ouvertement homosexuel, en 2003, ont fini de détourner de l’Eglise épiscopalienne nombre d’entre eux. Depuis, elle a perdu 20 % de ses pratiquants et la décrue se poursuit.

Cette saignée l’a plongée dans des difficultés financières, l’obligeant à se défaire d’une partie de son patrimoine immobilier. « Mais Dieu n’en a pas encore fini avec l’Eglise épiscopalienne », a cru bon de rappeler Michael Curry lors de son installation. Avant de conclure son homélie d’un tonitruant « Don’t worry, be happy ! »

About this publication