Les attentats du 13 novembre ont des répercussions à travers le monde. Chez nos voisins, les menaces que représentent Daech (État islamique) et le phénomène ascendant du terrorisme d’origine intérieure exposent un talon d’Achille du géant américain: la polarisation politique.
Aux États-Unis, la politique partisane est partout et les réactions aux attentats de Paris n’ont pas fait exception. Peu après les attaques, des voix se sont élevées au sein de la droite américaine pour fermer la porte aux 10 000 réfugiés syriens que les États-Unis s’étaient engagés à accueillir.
Le débat sur les réfugiés a donné lieu à des déclarations incendiaires de la part des candidats à l’investiture républicaine, dont certains ont promis de renvoyer chez eux les Syriens qui fuient l’horreur de Daech et du régime Assad, tout en insistant sur la nécessité d’ensevelir l’un et l’autre sous les bombes.
Obama et la surenchère en Syrie
En plus de cultiver une peur irrationnelle des réfugiés, les républicains se livrent à une surenchère des interventions militaires contre Daech. Leur véritable cible, il faut le dire, est plutôt le président Obama, que les républicains blâment tant pour l’émergence de l’État islamique que pour sa participation aux attentats en terres occidentales, et ce, même si Daech semble perdre du terrain en Irak et en Syrie.
De plus, alors que la France, la Russie et d’autres puissances européennes accéléreront le rythme de leurs attaques, les républicains continueront à soutenir que les États-Unis auraient dû pousser plus à fond l’offensive après le 13 novembre plutôt que de céder, en apparence, le leadership aux autres.
C’est ce genre de perception, poussant les républicains à la surenchère des armes, qui a incité Hillary Clinton à se distancier un peu du président Obama, pour ne pas être en reste.
Le problème, pour la candidate démocrate présumée, est que si le taux de satisfaction envers le président Obama souffre de cette remise en cause de son leadership dans l’effort de guerre, c’est elle qui risque d’en payer le prix aux urnes.
La menace du terrorisme d’origine intérieure
Ce que le 13 novembre a révélé sur la menace terroriste d’inspiration islamis¬te radicale, c’est qu’elle provient davantage, désormais, des communautés implantées dans les pays occidentaux visés que de complots éventuels qu’on pourrait intercepter aux frontières.
En effet, depuis 2001, selon une analyse réalisée par la New America Foundation, sur 314 arrestations d’individus soupçonnés d’activités djihadistes, plus des deux tiers étaient des citoyens américains et une petite minorité n’était pas établie à demeure.
Comment contrer les menaces liées à la radicalisation? C’est un défi qui nous est douloureusement familier depuis octobre 2014. Aux États-Unis, le problème est que les solutions à ces défis se situent dans les champs de politiques (immigration, coexistence des cultures, surveillance intérieure des agents de radicalisation, contrôle des armes à feu) marquées par une polarisation partisane qui paralyse les institutions américaines et les empêche de poursuivre à long terme des actions fondées sur un consensus bipartisan.
À long terme, cette incapacité d’agir dans des champs essentiels pour contrer le genre de menace terroriste qu’on a vu à l’œuvre à Paris représente un risque réel.
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