Main Candidates for US Presidential Election More Aggressive against Islamic State Group than Obama

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Les principaux candidats à l’élection présidentielle américaine plus offensifs qu’Obama contre l’EI

Les attentats de Paris ont conduit les principaux candidats à l’élection présidentielle américaine de 2016 à exposer, dans les jours qui ont suivi le 13 novembre, leur plan de lutte contre l’Etat islamique (EI). A juste titre, car l’un d’eux sera chargé de faire la guerre au groupe terroriste dans un peu plus d’un an. Distancé pour l’instant dans les sondages, le prétendant à l’investiture républicaine Jeb Bush s’est exprimé sur le sujet le 18 novembre devant les cadets d’une école militaire de Caroline du Sud. Hillary Clinton, la favorite de la course démocrate, l’a abordé longuement le lendemain devant le Council for Foreign Relations, à New York. Le républicain Marco Rubio, sénateur de Floride, qui s’est beaucoup investi en politique étrangère, a enfin publié une tribune sur le site Politico le même jour.

Ces trois candidats prennent tous leurs distances, chacun avec son style, avec la stratégie exposée en septembre 2014 par le président démocrate Barack Obama pour « affaiblir et finalement détruire » l’EI et dont les résultats sont, de l’avis général, jugés insuffisants. Cette stratégie limite l’engagement américain, au sein d’une coalition internationale, à des bombardements aériens, la tâche de tenir le terrain au sol face aux djihadistes étant confiée à l’armée irakienne, à l’opposition syrienne et aux forces kurdes. Ces dernières ont été les seules capables de repousser l’Etat islamique près de leurs bastions dans le nord-est de la Syrie et le nord-ouest de l’Irak. La Maison Blanche a assuré avoir tiré les leçons de ses échecs en supprimant un programme de formation de Syriens à la lutte contre les djihadistes, qui n’a produit aucun résultat tangible, et en annonçant l’envoi d’une cinquantaine de membres des Forces spéciales pour appuyer les Kurdes.

Ces trois plans, qui retiennent tous la nécessité d’une coalition la plus large possible, ont mis en évidence trois différences principales avec la stratégie de M. Obama, que les deux candidats républicains expriment avec plus de force que la démocrate, soucieuse de ne pas se démarquer trop brutalement du président. La première des inflexions mises en avant par les prétendants réside dans l’intensité de l’effort militaire américain, jugé pour l’instant insuffisant. « Obama espère qu’il peut remettre à plus tard le leadership [américain] pour que [l’Etat islamique] devienne le problème du prochain président », déplore le sénateur Rubio. M. Obama n’a jamais caché qu’il n’imaginait pas pouvoir parvenir à son objectif avant son départ de la Maison Blanche, le 20 janvier 2017.

Cette prudence a alimenté un procès en attentisme. MM. Bush et Rubio accusent le président de vouloir simplement « contenir » les djihadistes. Mme Clinton, sans mettre en cause M. Obama, leur fait écho en assurant comme eux que l’EI ne doit pas être « contenu mais détruit ». La contre-offensive américaine doit être tous azimuts et ne pas se limiter aux forces aériennes. L’ancienne secrétaire d’Etat évoque ainsi un « surge » (une « poussée ») du renseignement. Le mot choisi renvoie aux renforts décidés par le prédécesseur de M. Obama, George W. Bush, qui avaient permis, en 2007, de réduire les tensions intercommunautaires irakiennes et de décapiter la branche d’Al-Qaida dont est issu l’EI.

« Vaincre l’Etat islamique implique de vaincre Assad »

La deuxième similitude entre les trois plans porte sur la nécessité de créer, dans le nord de la Syrie, une zone d’exclusion aérienne pour protéger une enclave capable de servir de refuge pour la population civile syrienne et limiter ainsi le flot des réfugiés. Les trois candidats articulent la création de ce sanctuaire (safe zone) avec le même objectif : « vaincre Assad » (M. Rubio), « qui a tué plus de Syriens que ces terroristes » (Mme Clinton), « vaincre l’Etat islamique implique de vaincre Assad », estimait déjà M. Bush dans un discours prononcé en août. M. Obama s’est constamment opposé à la création d’une telle zone, rebuté par ses implications en termes de déploiement de troupes pour la protéger, et par le fait qu’elle constituerait une cible pour des opérations terroristes.

Le troisième élément commun dans les discours des trois candidats réside enfin dans une plus grande pression sur l’Etat central irakien, contrôlé par des factions chiites hostiles à ce que les Etats-Unis renforcent les camps kurdes et sunnites. Or, la défiance des sunnites vis-à-vis de Bagdad a facilité l’expansion de l’EI de 2011 à 2014. Les milices de la Sahwa (« Réveil »), qui avaient lutté contre Al-Qaida lors du surge militaire, ont considéré avoir été trahies par le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki, dont les Etats-Unis ont obtenu le départ après la poussée djihadiste de l’été 2014, et abandonnées par les Etats-Unis après le retrait de leurs troupes conclu en décembre 2011. M. Bush, Mme Clinton et M. Rubio envisagent tous de passer outre les réserves irakiennes en l’absence de résultats concrets sur le terrain. « Il faut être très clair vis-à-vis de Bagdad », a assuré la démocrate, prête comme M. Rubio à livrer « directement » des armes aux Kurdes et aux sunnites si les autorités irakiennes ne le font pas.

Similaires sur bien des points, ces trois plans diffèrent cependant sur la question de l’envoi de troupes américaines au sol, même si personne n’envisage le retour des dizaines de milliers de soldats déployés de 2003 à 2011 en Irak. Pour Mme Clinton, une présence massive serait « une erreur », un constat partagé avec M. Obama. « Moi président », écrit M. Rubio, « je dirai à mes militaires que la mission est la destruction totale » de l’EI « et j’enverrai les forces nécessaires pour y parvenir ». Entre les deux, M. Bush campe sur une voie médiane exprimée en août : un nombre de militaires américains nettement supérieurs aux 3 500 déployés en Irak, « pour montrer que nous sommes sérieux », sans pour autant qu’il soit question d’« une implication majeure de forces combattantes » que d’ailleurs « nos amis ne nous demandent pas ».

Seul le candidat républicain Lindsey Graham, pilier de la commission des affaires étrangères du Sénat, plaide depuis son entrée en campagne, il y a six mois, pour l’envoi d’un contingent de 10 000 soldats américains. A l’opposé, le rival de Mme Clinton pour l’investiture démocrate, le sénateur Bernie Sanders, qui avait voté contre l’invasion de l’Irak en 2002, milite pour que les puissances arabes assument l’essentiel de l’effort de guerre.

Les formules va-t-en-guerre de Donald Trump

L’actuel favori républicain, Donald Trump, s’est contenté de formules va-t-en-guerre sans plus de précisions, concentrant ses remarques sur la nécessité de stopper l’accueil de réfugiés en provenance de la Syrie pour raisons de sécurité. Son rival immédiat, Ben Carson, neurochirurgien à la retraite, s’est senti obligé de confier au Washington Post, le 18 novembre, une tribune visant à effacer l’embarras suscité par plusieurs commentaires approximatifs. Selon le New York Times, l’urgence a conduit le candidat républicain à solliciter l’aide d’un ancien expert de la CIA dont il s’était éloigné après que ce dernier eut déploré son incapacité à prendre la mesure des dossiers de politique étrangère.

Lors du quatrième débat opposant les principaux candidats à l’investiture républicaine, le 10 novembre, M. Carson avait en effet assuré que la Chine opérait en Syrie, une affirmation qui n’est corroborée par aucun élément factuel. Cinq jours plus tard, sur Fox News, il s’était montré incapable de citer le premier pays qu’il souhaiterait voir intégrer la coalition internationale qu’il appelle de ses vœux pour lutter contre les djihadistes. Favorable, lui aussi, à la création d’une zone d’exclusion aérienne dans le nord de la Syrie, Ben Carson avait également assuré que les Etats-Unis devraient abattre tout avion russe s’aventurant dans cette zone. « Et si les Russes abattent un de nos avions en riposte ? », lui avait demandé le journaliste Chris Wallace. « Nous verrons bien », avait-il répondu avec placidité.

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