The World According to Trump

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La candidature de Donald Trump aurait dû avoir implosé depuis longtemps. Or, la plupart des sondages continuent, contre toute intelligence, de le donner favori auprès des militants républicains. C’est dire l’état de perdition dans lequel se trouve le Grand Old Party et l’obscurantisme dans lequel s’enfonce une part non négligeable de ses supporters. L’une des dernières énormités commises par le candidat milliardaire aura consisté, à l’occasion d’un rassemblement en Caroline du Sud, à se moquer du haut de sa suffisance d’un reporter du New York Times souffrant d’un handicap.

Si au moins il n’était qu’un grossier personnage.

Car le projet politique de M. Trump est celui d’un État policier. « Il va falloir faire des choses que nous n’avons jamais faites » pour garantir la sécurité du pays, a-t-il déclaré au lendemain des attentats de Paris : expulser les réfugiés syriens — qui sont en majorité des femmes et des enfants —, fermer les mosquées, ficher chacun des citoyens américains de dénomination musulmane — une communauté d’environ 2,5 millions de personnes. Sans oublier qu’il créerait une immense « force de déportation » pour entrer dans les maisons, les commerces et les écoles et mettre le grappin sur les onze millions d’immigrants illégaux. « Je vais les expulser tellement vite que la tête va vous en tourner », a-t-il annoncé.

L’excellent site PolitiFact a établi que 75 % des prétendus faits sur lesquels il s’appuie pour étaler sa faconde sont « principalement ou entièrement faux ». Qu’il soit un menteur invétéré ne nuit en rien à sa popularité. L’abreuve même peut-être. L’homme ment comme il respire, mais on continue de boire ses paroles.

Un climat de panique semble donc s’être emparé de l’establishment du GOP, à deux mois des caucus de l’Iowa, qui lanceront le processus de sélection des candidats des partis en vue de la présidentielle de novembre 2016, tandis qu’est en train d’être brisé le « onzième commandement » fameusement évoqué par Ronald Reagan, à savoir qu’il est péché pour un républicain de parler en mal d’un autre républicain.

Aux grands maux, les grands moyens. L’effroi saisit les cercles républicains, conscients qu’à moins de porter un grand coup Trump obtiendra l’investiture du parti, laissant ainsi la voie libre à Hillary Clinton dans la course à la Maison-Blanche. S’organiserait en conséquence, selon un mémo obtenu par The Wall Street Journal, une « campagne de guérilla » anti-Trump coalisant les intérêts d’au moins quatre de ses rivaux, dont Jeb Bush, héritier de la dynastie, dont la campagne coule à pic… Mais que cette guérilla fonctionne ou non, le Parti républicain ne récolte évidemment que ce qu’il mérite, à glisser depuis longtemps toujours plus à droite.

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