Trump and the Clintons, Time for Low Blows

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Trump et les Clinton, le temps des coups bas

Sur la photo, ils ont l’air au mieux. Donald Trump, grand seigneur dans son smoking et nœud papillon blanc de « jeune » marié de 59 ans. Melania, sa troisième épouse, dans une robe bustier crème. Au milieu, radieux comme on le serait au mariage d’amis : Bill et Hillary Clinton. L’ex-First Lady, rang de perles sur soie jaune, rit aux éclats, pendant que son mari tape sur l’épaule du magnat de l’immobilier.

C’était en 2005, en Floride. Donald Trump était manifestement fréquentable, d’autant qu’il arrosait les démocrates de libations. Bill l’accompagnait au golf, Chelsea fréquentait sa fille Ivanka. Le promoteur faisait des dons à la Fondation philanthropique des Clinton. Quoi de plus normal dans sa position, justifie-t-il, que d’entretenir les meilleures relations avec le monde politique ?

Aujourd’hui, Trump dynamite sans vergogne ses anciennes relations. A un mois du lancement de la saison des primaires, les coups volent bas. Après le dernier débat démocrate, le 19 décembre 2015, il a ironisé sur le retard de MmeClinton à regagner la scène après une pause publicitaire (les toilettes pour femmes étaient à 1 minute 30 de marche). Le lendemain, il a utilisé un argot qui a provoqué des haut-le-cœur à Washington : « Schlonged », un terme qui, en yiddish renvoie à « l’appareil génital masculin », comme l’a expliqué la presse après avoir consulté linguistes et grammairiens. M. Trump a assuré qu’il voulait juste rappeler que Mme Clinton s’était fait « battre » en 2008 par Barack Obama…

« Humiliation »

L’ancienne secrétaire d’Etat a choisi de ne pas répondre au machisme dont le prétendant républicain s’est fait un étendard de campagne. Tous ceux qui comprennent « l’humiliation que ce langage dégradant inflige à toutes les femmes » s’en chargeront, a lancé sa porte-parole. Mme Clinton s’est bornée à constater que l’homme qui l’avait conviée à son mariage avec une top model slovène de vingt-cinq ans sa cadette avait un certain « penchant pour le sexisme ». Sexisme ? Donald Trump a sauté sur l’occasion de renvoyer l’ex-First Lady à ses difficultés conjugales. Elle ferait mieux de s’intéresser au « penchant pour le sexisme » de son propre mari, a-t-il tweeté (en lettres capitales, comme souvent).

Depuis, le milliardaire répète que Bill Clinton est un prédateur de femmes et que Monica Lewinsky, l’ancienne stagiaire de la Maison Blanche qui a été à l’origine de la procédure en destitution (l’impeachement) de 1998, en sait quelque chose. Il a proposé de « fournir une liste » des accusatrices, alors qu’une autre des « victimes » de Bill a resurgi : Juanita Broaddrick, complaisamment invitée par un animateur de talk-show de droite.

Les républicains ne sont pas les seuls à continuer à tenir rigueur à Bill Clinton de son comportement. « Trump a insulté les femmes sur leur apparence. Clinton en a fait des proies », a commenté la chroniqueuse Ruth Marcus dans le Washington Post. Dans le New Hampshire, une électrice a interrogé Mme Clinton sur les femmes qui accusent son mari de harcèlement. « Vous dites que toutes les victimes de viol doivent être crues. Elles aussi ? » Mme Clinton a acquiescé, gênée. « Jusqu’à preuve du contraire », a-t-elle nuancé.

La polémique tombe mal. Hillary avait justement prévu de commencer à faire intervenir son mari – « mon arme pas très secrète » – sur les estrades. L’ancien président doit tenir un premier rassemblement lundi 4 janvier dans le New Hampshire, un Etat où le sénateur socialiste Bernie Sanders menace la favorite. Ce jour-là, Trump sera dans le New Hampshire, lui aussi. Femmes, aux abris…

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