Avec Obama, des belles paroles et moins d’actes
L’exercice est certes convenu, mais dans son dernier discours sur l’Etat de l’Union mardi, Barack Obama a une fois de plus su trouver les mots pour faire rêver son pays défendant une vision optimiste et ambitieuse de l’Amérique. «Les Etats-Unis sont la nation la plus puissante du monde : point», a martelé le Président, appelant notamment ses concitoyens à ne pas succomber à la peur. Ni sur l’économie, «la plus forte, la plus durable du monde». Ni sur l’Etat islamique, «ces tueurs fanatiques qui doivent être éradiqués, pourchassés et détruits», «mais qui ne représentent pas une menace existentielle pour notre nation». Le charisme d’Obama, c’est d’abord le verbe. Cela lui a permis contre toute attente de s’affirmer lors des primaires face à Hillary Clinton, puis de gagner l’élection de novembre 2008 dans une Amérique lasse du bushisme et de ses aventures militaires. Cela lui a permis aussi d’obtenir le prix Nobel de la paix, moins d’un an après son installation à la Maison Blanche et sur ses seules bonnes intentions. Mais trop souvent les mots sont restés juste des mots, à commencer par sa promesse de fermer la prison de Guantánamo qu’il a encore réitérée mardi, affirmant qu’il allait continuer «ses efforts».
Son bilan est certes plus qu’honorable sur le plan intérieur. L’économie américaine repart, le chômage a été divisé par deux, il a réussi à imposer une ambitieuse réforme de la santé. Face à un camp républicain qui met toujours plus le cap à droite, le 44e président des Etats-Unis a réussi à incarner un leadership pragmatique et éclairé, montrant, y compris aux Européens, ce que peut être aujourd’hui un réformisme intelligent. Mais dans l’arène internationale, ses résultats sont nettement moins glorieux. Malgré quelques incontestables succès, notamment le rapprochement avec Cuba, un accord ambigu sur le nucléaire iranien ou sa réelle détermination dans la lutte antiterrorisme, dont l’élimination d’Oussama ben Laden fut le symbole, Obama restera l’homme des dérobades. Cela est particulièrement évident dans le dossier syrien, comme à l’été 2013 quand, malgré ses engagements, il renonça à mener des frappes militaires contre le régime de Bachar al-Assad pourtant coupable d’avoir utilisé l’arme chimique contre sa popre population. Il fut inexistant sur le dossier israélo-palestinien, y compris pendant son second mandat où théoriquement un président est plus libre d’agir n’ayant pas à assurer sa réélection.
«Quand il y a une importante crise internationale, le monde ne se tourne pas vers Pékin ou Moscou, mais vers nous», a rappelé mardi Obama. C’est encore vrai, mais lui risque bien de rester dans l’histoire comme le président du retrait américain, notamment au Moyen-Orient et en Europe, sans que pour autant le «basculement» des Etats-Unis vers le Pacifique qu’il appelait de ses vœux soit devenu une réalité.
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