‘The United States Is the Most Powerful Nation on Earth. Period.’

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«Les Etats-Unis sont la nation la plus forte du globe. Point»

Dans son dernier discours sur l’état de l’Union, le président américain Barack Obama a appelé ses concitoyens à résister à la peur, notamment de l’EI.

«Les Etats-Unis sont la nation la plus forte du globe. Point»

Il y a plusieurs façons de voir l’Amérique aujourd’hui. Mardi soir, dans son dernier discours sur l’état de l’Union, Barack Obama a voulu défendre la sienne, optimiste, ambitieuse et confiante.

Dans un monologue d’une heure face au Congrès, il a insisté sur les forces de son pays. « Les Etats-Unis sont la nation la plus forte du globe. Point », a cru bon de rappeler le président, à l’aise dans l’exercice, et qui semblait apprécier ce moment. Certes, l’époque est « dangereuse », mais cela ne signifie pas que l’Amérique soit moins puissante ou menacée par l’ascension d’une autre entité, a déclaré en substance le président.

Une manière de désamorcer les peurs agitées par certains candidats à l’élection présidentielle, qui dressent le portrait d’un pays affaibli, en déclin. En particulier Donald Trump, en tête des sondages pour représenter le parti républicain, qui fait campagne autour du slogan « Make America great again » («faire renaître la Grande Amérique»). Une manière aussi de répondre aux angoisses qui traversent la société, alors que selon un récent sondage CNN, 40% des Américains pensent que les Etats-Unis et leurs alliés sont en train de perdre la guerre contre le terrorisme.

«Des masses de combattants à l’arrière de pick-ups et des esprits torturés complotant dans des appartements ou des garages posent un énorme danger pour les civils et doivent être arrêtés. Mais ils ne représentent pas une menace existentielle pour notre Nation», a-t-il indiqué.

Pour Barack Obama, ce discours était ainsi l’occasion de définir les termes de la campagne, à moins de deux semaines du coup d’envoi des primaires dans l’Iowa. Ce discours, l’un des derniers moments où il peut espérer retenir toute l’attention médiatique dans cette année électorale, n’était pas axé sur la liste de mesures qu’il souhaite adopter avant son départ. Mais plutôt sur sa vision de l’histoire, et la défense de son bilan.

Succès économique

Un bilan marqué en premier lieu par une économie solide. Le taux de chômage atteint 5%, moitié moins qu’après la crise financière de 2008. La « job machine » a repris du poil de la bête, avec des taux de création d’emplois qui n’avaient pas été vus depuis les années 90. Barack Obama s’est aussi félicité de la bonne santé de l’industrie, avec un secteur automobile requinqué. Mais il a reconnu qu’une partie de la population n’a pas bénéficié des effets de la reprise. « Au cours des sept dernières années, notre objectif, c’était une économie en croissance qui profite à tout le monde. On a fait des progrès. Mais nous avons besoin d’en faire plus », a avoué le président.

Barack Obama a également rappelé quelques temps forts de son mandat. La promotion des énergies renouvelables. La réforme des prêts étudiants. La reconnaissance du mariage gay dans tous les Etats. La mise en place d’Obamacare, qui a permis à 18 millions d’Américains de souscrire à une assurance santé et de réduire l’inflation des coûts dans ce secteur. En politique étrangère, il s’est félicité du leadership des Etats-Unis, mentionnant l’élimination de Ben Laden, l’accord avec l’Iran sur le nucléaire, l’ouverture politique vers Cuba, la lutte contre le virus Ebola ou son rôle dans les accords de Paris à la Cop 21.

Echec politique

Mais il a aussi reconnu son principal échec : celui de ne pas avoir été le président rassembleur, au-dessus des partis, que sa première campagne avait laissé entrevoir. De son propre aveu, jamais Washington n’a été aussi divisé, aussi polarisé. « C’est l’un des regrets de ma présidence : que la rancœur et la suspicion entre les partis aient empiré au lieu de s’améliorer», a déclaré Barack Obama. Avant d’énoncer des plaies de la vie politique américaine : le poids de l’argent et des lobbys dans les campagnes, les arrangements pour redessiner les circonscriptions, les manœuvres pour dissuader certains électeurs de voter…

Le magazine Politico le résume ainsi : « La chose la plus évidente qu’Obama n’a pas faite, c’est de susciter un nouvel élan d’enthousiasme pour l’action du gouvernement ou le parti démocrate. Il a été réélu avec une marge confortable, mais les Républicains ont repris la majorité dans les deux chambres, et ont gagné énormément de sièges dans les chambres des Etats, tout en surfant sur une vague d’hostilité puissante contre le gouvernement fédéral .»

Barack Obama le sait bien. C’est pourquoi il a appelé les Américains à ne pas céder à la tentation de trouver des boucs-émissaires – les musulmans, les immigrés mexicains, les réfugiés syriens – pour expliquer, comme le fait Donald Trump, les maux du pays. Il a aussi tenté de s’adresser à tous ces déçus de l’action politique : « Il est facile d’adopter une posture cynique, de penser que le changement n’est pas possible, que la politique est sans espoir, et de croire que nos voix et nos actions ne servent à rien. Mais si nous abandonnons maintenant, nous renonçons à un avenir meilleur.»

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