US-Iran Relations Far from Being Normalized

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Le président Barack Obama a attendu le départ d’Iran d’Américains libérés dans le cadre d’un échange de prisonniers, samedi 16 juin, pour s’exprimer, dimanche, à la Maison Blanche et revenir sur une semaine faste entre les États-Unis et l’Iran. Mis en cause par ses adversaires républicains pour une « naïveté » supposée dans sa politique iranienne, M. Obama s’est félicité « des progrès historiques » produits par la diplomatie, insistant sur le fait qu’elle avait permis d’obtenir une réduction négociée sans précédent des capacités nucléaires iraniennes, validée, samedi, par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Le président a évoqué également les effets induits de la longue négociation conduite avec l’Iran, après trente-cinq ans de rupture des relations diplomatiques, sur la question des prisonniers. Il a également évoqué la nouvelle du jour : le règlement d’un contentieux financier ancien avec la République islamique et concernant des fonds gelés à la suite de la Révolution islamique, en 1979. Il va permettre le déblocage pour l’Iran de 1,7 milliard de dollars, selon le Trésor américain.

Immédiatement critiqué comme une preuve de faiblesse par les candidats à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle du 8 novembre, cet accord a été défendu par des responsables de l’administration américaine qui ont fait valoir, au cours d’une conférence téléphonique avec des journalistes, que les Etats-Unis avaient évité par ce compromis des pénalités autrement plus coûteuses.

M. Obama est enfin revenu sur la libération rapide, le 13 janvier, de dix militaires américains dont les bateaux avaient été arraisonnés dans les eaux iraniennes. Elle avait été facilitée là aussi par des contacts directs entre deux pays par l’intermédiaire du secrétaire d’Etat John Kerry et de son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.

Nouvelles sanctions, nouvelles tensions

Le climat nouveau qui règne entre les deux capitales depuis juillet, indéniable, n’est cependant pas l’élément précurseur d’une relance historique des relations bilatérales. En a témoigné également dimanche matin l’annonce à Washington, toujours par le Trésor américain, de nouvelles sanctions visant Téhéran et plus particulièrement son programme balistique, à la suite de deux essais, en octobre et en décembre, qui violent selon les Etats-Unis, les obligations internationales de l’Iran. Ces sanctions, retardées officiellement pour des raisons juridiques, attendaient en fait le règlement du dossier des prisonniers et celui des fonds gelés pour être dévoilées.

Plus fondamentalement, l’accord du 14 juillet se limite au dossier nucléaire. Il ne concerne pas les autres contentieux qui éloignent Téhéran de Washington, et que M. Obama a énumérés dimanche, pour montrer qu’une normalisation similaire à celle engagée vis-à-vis de Cuba, en décembre 2014, était encore bien loin. Il s’agit des accusations américaines visant les essais balistiques, donc, mais aussi ou le soutien de ce pays à des organisations classées par Washington comme des groupes terroristes, ou plus généralement les activités de déstabilisation reprochées à Téhéran au Proche-Orient, qu’il s’agisse du soutien apporté au régime syrien ou à la guérilla houthiste au Yémen. Lundi, Téhéran a qualifié ces sanctions « d’illégitimes », car le « programme balistique de l’Iran n’est pas conçu pour avoir la capacité de transporter des têtes nucléaires ».

Le carcan américain reste en place

Ces accusations sont à l’origine de sanctions antérieures à celles adoptées pour contraindre Téhéran à négocier sur le nucléaire et à de rares exceptions près, elles vont en effet rester en place. Côté américain, des dérogations vont notamment être accordées pour le transport aérien. Compte tenu des besoins importants de l’Iran, Washington ne souhaite visiblement pas affaiblir le constructeur Boeing face à l’européen Airbus. De même, les États-Unis pourront importer certains produits alimentaires iraniens comme les pistaches, ou des tapis. Enfin, l’administration américaine devrait permettre à des filiales étrangères d’entreprises américaines de faire des affaires en Iran.

Mais pour les entités américaines, la situation ne va pas être diamétralement modifiée par la levée des sanctions prévues compte tenu des avancées constatées par l’AIEA. Ce carcan américain reste en place et empêchera encore longtemps tout investissement massif dans un pays qui compte toujours parmi les adversaires les plus résolus de Washington.

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