United States 2016: Could the Unthinkable Happen?

<--

États-Unis 2016, l’impensable?

Côté démocrate, le sénateur socialiste Bernie Sanders. Côté républicain, l’extraordinaire démagogue Donald Trump. Et se faufilant entre les deux, dans un mouvement sans précédent aux États-Unis : Michael Bloomberg, le milliardaire progressiste, l’ancien maire de New York qui deviendrait, 240 ans après la révolution américaine, le premier président élu hors de la structure bipartite qui d’habitude écrase tout.

Voilà, à moins de 10 mois de l’élection présidentielle américaine, un scénario encore improbable… mais qui devient désormais concevable.

2016 aux États-Unis : année de l’impensable ? L’année d’un vrai candidat social-démocrate, dans un pays de tout temps allergique au socialisme… L’année où le Parti républicain, conséquence ultime de sa dérive droitière, dogmatique, anti-intellectuelle, se serait abandonné à un Narcisse plein d’argent, enragé et fascisant… L’année où, saisissant l’occasion, un véritable centriste à l’américaine, encore plus riche que le précédent, déciderait de rompre l’impasse, dans un arbitrage inattendu entre deux « extrêmes »…

Divers indices donnent à penser que ce qui, dans cette saison électorale américaine, devait être « normal » et finir par s’imposer naturellement… ne s’imposera peut-être pas.

Le succès de Donald Trump, qui ne se dément pas, sept mois après l’annonce de sa candidature ? Ce ne devait être, selon la plupart des analystes, qu’un moment d’égarement, pendant quelques semaines précédant les primaires proprement dites, à la suite duquel la raison — celle, notamment, de l’establishment républicain — allait forcément s’imposer et l’emporter.

On avait déjà vu, par le passé, de tels flirts passagers. Ce furent par exemple l’extrémiste Pat Buchanan en 1996, ou encore le mouvement du Tea Party après l’élection de Barack Obama (campagne de 2012), avec des poussées réactionnaires radicales lors des primaires républicaines. Des poussées qui avaient finalement plus de succès au niveau des États, ou encore au Congrès, avec un certain nombre d’élus… mais qui n’arrivaient jamais, à la fin, à s’imposer à une présidentielle.

Les candidats finalement retenus, George W. Bush en 2000, puis John McCain en 2008 et Mitt Romney en 2012, représentaient encore ce qu’on pouvait appeler « l’establishment républicain ».

Pas Donald Trump. Trump n’est pas simplement un candidat au verbe haut et vulgaire, avec un programme qui serait un peu plus à droite que les autres… C’est un animal de foire, un égotiste qui transgresse tous les interdits et attaque de front non seulement les démocrates ou l’establishment politicien en général, mais qui veut casser la baraque, y compris au Parti républicain. Un monstre qui se nourrit systématiquement des attaques contre lui, et dont l’endurance après bientôt huit mois de campagne laisse pantois.

Selon le chroniqueur du New York Times Paul Krugman, le phénomène Trump serait l’aboutissement naturel de la grande dérive du Parti républicain ces dernières années. Et le célèbre analyste des sondages Nate Silver (celui qui avait prédit, en 2012, les résultats de la présidentielle au poil près) écrivait la semaine dernière : « Je ne suis plus sceptique comme je l’ai été » devant la possibilité réelle d’une victoire de Donald Trump à l’investiture républicaine.

En face, la dynamique est différente, mais le résultat, là aussi, est menaçant pour « l’establishment »… cette fois démocrate.

L’establishment, c’est Hillary Clinton qui, après sa défaite en 2008 contre Barack Obama, tente une dernière fois sa chance à la présidence. En l’absence d’une nuée de candidats comme on en voit au Parti républicain, elle imaginait sa conquête de l’investiture, prélude à la première élection d’une femme à la Maison-Blanche, comme une simple formalité. Tout au plus considérait-elle le vieux Bernie Sanders, sénateur gauchiste du Vermont, comme un sympathique faire-valoir pendant les primaires.

Las ! Sanders serait en passe, début février, de remporter la primaire du New Hampshire, et peut-être même les caucus de l’Iowa. Les sondages donnent Bernie en train de remonter Hillary à l’échelle nationale. Tout à coup, les raisons qu’ont beaucoup de gens — et pas seulement parmi les républicains — de détester Mme Clinton, les casseroles qu’elle traîne derrière elle, refont surface. Et si… ?

Dernière nouvelle en date, dans le New York Times de samedi : Michel Bloomberg « pense sérieusement » à une candidature indépendante… surtout si les deux grands partis finissaient, contre toute attente, par choisir les outsiders « extrémistes » Trump et Sanders !

Cette année électorale américaine pourrait être celle de toutes les surprises.

About this publication