«The economy, idiot!»
US go left ? Depuis l’élection de Ronald Reagan, on s’était habitué à voir les Etats-Unis en patrie du libéralisme le plus débridé. Certes, Bill Clinton et Barack Obama avaient tempéré cette impérieuse révolution conservatrice. Mais leur victoire avait été obtenue au prix d’un recentrage systématique qui laissait le plus souvent la question sociale en queue des priorités. La belle campagne de Bernie Sanders a changé la donne. Ouvertement social-démocrate (socialiste, dit-il), le challenger de Hillary Clinton a modifié l’agenda démocrate. Après plus de trente ans d’une évolution économique qui a réservé les bénéfices de la croissance à une mince couche de millionnaires, voire de milliardaires, les Américains découvrent l’étendue des inégalités que leurs dirigeants successifs ont laissé se développer. Pour la première fois depuis longtemps, ils en viennent à considérer les avantages d’un Smic à l’européenne au pays de la libre-entreprise et de l’Etat social minimal. Lors de sa première élection, Bill Clinton avait défini par une boutade le sens de son message : «The economy, idiot !» Hillary va-t-elle inscrire «the social idiot !» aux murs de son siège de campagne ? Porte-parole policée de l’establishment démocrate, elle a encore tout loisir, si elle l’emporte dans les primaires, de recentrer son discours, surtout si elle doit affronter Trump, à qui elle disputera les électeurs modérés. Mais Sanders, contre toute attente, aura réussi à mettre le doigt sur la grande plaie américaine : l’arrogante tyrannie des riches.
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