Ce samedi, Cruz s’est un peu rapproché de Trump. Jusqu’à présent, Trump a amassé 382 délégués et Cruz en a gagné 300. Mais les sondages demeurent favorables à Trump. Par-exemple, il domine l’État clef de la Floride, au point où certains se demandent si Rubio pourrait survivre à une défaite dans cet État, où il est pourtant sénateur. La montée de Cruz a incité Anthony Zurcher, un journaliste de la BBC, à comparer les positions de Cruz et de Trump. Mais en fin de compte, ce qui frappe, c’est la terrible médiocrité des débats.
Dans bien des cas, les positions de Cruz sont plus extrêmes que celles de Trump. Par-exemple, Cruz est plus belliciste que Trump. De même, Cruz accorderait aux entreprises privées et aux riches des réductions d’impôt qui font penser aux années les plus noires du 19ième siècle, alors que les populations des pays industrialisés ont commencé à se révolter en masse contre les injustices sociales et les abus des grandes compagnies. N’en doutez pas, si la richesse continue à se concentrer aussi massivement entre les mêmes mains, les populations se révolteront comme par le passé, les mêmes causes ayant les mêmes effets. Quand exactement ? Votre prédiction vaut la mienne, mais la mise en place du programme de Cruz accentuerait très probablement le mécontentement social sur lequel pourtant lui et Trump comptent pour accéder à la présidence.
L’article de la BBC se trouve à : http://www.bbc.com/news/election-us-2016-35703300
La médiocrité politique
Ce qui frappe le plus à ce stade des élections primaires aux États-Unis est l’extraordinaire médiocrité politique du discours des candidats qui sont en tête. Ces derniers jours, Trump a atteint un bas-fond de vulgarité inouï avec ses remarques sur la taille de son pénis. Or, la plupart des candidats possèdent des diplômes de très bonnes universités. Pourquoi jusqu’à présent aucun d’entre-eux n’a-t-il été capable de dépasser les lieux communs dans son argumentation? Pourquoi les candidats montrent-ils une compréhension si peu approfondie des sujets dont ils discutent?
… En économie
Trump est-il capable d’élaborer sur quelques chapitres du Traité transpacifique qu’il dénonce ? Si c’est le cas, il ne l’a pas fait. Ni lui, ni les autres candidats républicains. Cruz a-t-il la moindre culture historique, économique ou philosophique sur les changements d’impôt qu’il propose? En théorie, il devrait. Pourtant il n’en donne pas du tout l’impression. Aucun des autres candidats n’a été capable d’engager le débat sur ces trois terrains, où il aurait pourtant été facile de faire trébucher Cruz. Le seul qui se soit un peu approché d’une pensée critique en économie est Rubio qui, en raison de son passé familial, connaît les conséquences concrètes des mesures fiscales proposées par plusieurs candidats.
… En relations internationales
Et que dire de la politique étrangère? Paul Rand est un de ceux qui comprenait le mieux les enjeux de la politique extérieure. Mais il s’est retiré de la course. Les autres semblent incapables de la moindre pensée au-delà des lieux communs sur les problèmes internationaux. Encore que Trump a tout de même osé dénoncer la seconde guerre en Irak. Il fallait voir combien le pauvre Jeb Bush était décontenancé par ces attaques, pourtant évidentes. On avait l’impression que pour la première fois de sa vie, il était forcé d’écouter quelqu’un qui expliquait les conséquences catastrophiques de la guerre en Irak.
Un manque de culture
Ce manque de culture politique, économique ou historique est ce qui est le plus effrayant dans cette course républicaine à la présidence. Faute d’argumenter sur le fond, les candidats se sont fait valoir sur la forme. Trump est plus fort que les autres sur ce terrain.
Tous les candidats possèdent de très beaux diplômes. Pourtant le niveau des débats ne dépasse pas souvent celui de la sixième année. Les médias enferment les candidats dans un format qui se prête peu aux discussions de fond. Mais étant donné toutes les plates-formes dont disposent les candidats, on aurait pu s’attendre à mieux. En fait, on peut se demander comment des gens qui sont éduqués en sciences sociales peuvent endosser plusieurs positions du Parti républicain qui sont devenues caricaturales.
Suivez le fric
Les candidats républicains croient-ils réellement ce qu’ils racontent? Ont-ils été mal formés malgré leurs diplômes rutilants? Sont-ils victimes d’une idéologie extrémiste? Sont-ils simplement des opportunistes? Sont-ils à la solde de certains groupes ? Ceux qui ont étudié les théories sur le fonctionnement des partis politiques peuvent choisir leur école d’analyse favorite. Personnellement, dans ce cas-ci, j’aurais plutôt tendance à suivre les principales sources de financement des candidats pour expliquer leurs prises de position ou leurs silences.
Pour en revenir au titre de ce blogue : entre Trump et Cruz, qui est le pire ? Certains qui sont très à droite diront que c’est Trump. Les autres se méfieront de Cruz. Mais ni Trump, ni Cruz ne sont le pire. La pire configuration est celle où l’un deviendrait le vice-président de l’autre.
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