A Small Selection of Reactionary Bills in the USA

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Petit florilège de projets réacs aux Etats Unis

Le débat républicain de la semaine dernière était accablant, dignes des jeux du cirque. Mais dans les arènes politiques, la réalité est encore plus effrayante.

Alors que le débat républicain de jeudi dernier tournait autour de «qui a la plus grosse», que Donald Trump continue à faire la une de tous les journaux et terrifie nos écrans à coup de saluts des foules et violences affichées, les élus Républicains, au Sénat comme dans les Etats, sabotent les institutions. Le coup de gueule d’Elizabeth Warren, sénateur Démocrate du Massachussetts face au refus des sénateurs Républicains de voter ou même de considérer la nomination du remplaçant du Juge Antonin Scalia à la Cour Suprême par le Président Obama est à ce titre significatif.

Comme le souligne Elizabeth Warren : «Le message du Sénat Républicain est limpide: oubliez la Constitution. Leur réponse à l’une des responsabilités les plus importantes et solennelles de notre gouvernement, la confirmation d’un juge à la Cour Suprême, est de prétendre que ce candidat et le Président Obama lui-même n’existent pas». Du jamais vu dans l’hémicycle. Warren réagit ici aux propos du Sénateur Républicain de l’Arkansas Tom Cotton qui avait déclaré : «On piétinerait la Constitution en confirmant un candidat nommé par un Président canard boiteux». Aux Etats-Unis, l’expression «canard boiteux» désigne un élu dont le mandat arrive à terme, et plus particulièrement un élu toujours en poste, alors que son successeur est déjà élu mais n’occupe pas encore le poste. Ce qui n’est bien sûr pas le cas du Président Obama, élu jusqu’en novembre 2016 et en poste jusqu’en janvier 2017. Le Sénat Républicain méprise le Président en place et par là même, les institutions.

Au niveau des Etats, la réalité est encore plus inquiétante. Les élus Républicains font insidieusement passer des projets de lois extrémistes qui s’en prennent principalement aux femmes, aux minorités et aux pauvres. Profitant de l’attention que suscitent les primaires, ils multiplient les projets de loi dans l’ombre des médias, sans que personne ne s’en affole.

La semaine dernière, la Floride a adopté un projet de loi supprimant massivement l’accès à l’avortement et aux moyens de contraception en réduisant les fonds aux centres de soin et en renforçant la liste des restrictions, privant ainsi les femmes d’un accès aux soins abordable. Les suppressions des fonds et les attaques contre les centres de soins comme Planned Parenthood (Planning familial) ont lieu aussi dans le Missouri, en Virginie et en Arizona. Le projet de loi de Floride reprend les mêmes principes que celui du Texas actuellement revu par la Cour Suprême. Après la Floride, c’est maintenant au tour de l’Indiana dont un nouveau projet de loi absurde force les femmes à poursuivre leur grossesse en cas d’anomalies décelées par les docteurs au niveau du fétus. Comme le remarque le Sénateur Républicain Sean Eberhard – qui sur les conseils de sa femme a, lui, voté contre le projet: «Ce qui s’est passé aujourd’hui illustre parfaitement comment un groupe d’hommes d’un certain âge sont assis dans une pièce et décident de ce qu’ils considèrent être bon pour les femmes.»

Cela montre l’obsession d’un courant républicain à vouloir punir les femmes qui ont des relations sexuelles sans objectif de reproduction. Et certains vont encore plus loin. Le Sénateur de l’Oklahoma Nathan Dahm cherche à faire passer un projet de loi qui permettrait de retirer sa licence à tout médecin pratiquant un avortement. Son collègue Joseph Silk défend un projet de loi qui inculperait d’homicide toute personne qui «commettrait» un avortement. Dans l’Iowa, le Sénateur Chapman se mobilise pour faire passer l’avortement au statut de «crime de haine». Au niveau des minorités, l’assemblée du Wisconsin a soumis un projet de loi qui imposerait des sanctions financières aux gouvernements locaux empêchant la police de harceler les individus à propos de leur statut d’immigration.

Dans l’Iowa encore, les législateurs étudient une proposition de loi visant à étendre l’autorisation du port d’armes aux enfants de moins de 14 ans. Et l’Arizona est en train de faire passer une loi interdisant aux autorités d’appliquer les lois, les décrets et les décisions judiciaires fédérales visant à réduire l’accès aux armes.

Ces dernières propositions de loi n’ont pas heureusement pas encore été soumises au vote et seront certainement rejetées au cours du processus législatif mais elles montrent le mépris des élus Républicains pour les institutions et grands principes démocratiques américains.

Le Président Obama vient de confirmer ce matin Merrick Garland au Poste de Juge à la Cour Suprême. Il a réaffirmé son autorité: «En tant que Président, c’est à la fois mon devoir constitutionnel de nommer un Juge et c’est aussi l’une des décisions les plus importantes que moi-même ou tout Président soit amené à prendre». Les Républicains n’ont qu’à bien se tenir. Pour l’instant, les souris ont quitté le bal. Il ne reste plus qu’à espérer que le parti républicain ne mènera pas la danse en novembre prochain.

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