Oubliez le groupe État islamique. Oubliez les changements climatiques. Donald Trump « représente la menace numéro un à l’égard des États-Unis en matière de sécurité ». Celui qui le dit se nomme Max Boot, expert en politique étrangère au Council on Foreign Relations, l’un des instituts de recherche les plus réputés en la matière aux États-Unis.
Ce spécialiste n’est pas neutre, car il était l’un des conseillers d’un prétendant déchu à la Maison-Blanche, Marco Rubio. Ses propos, cependant, ne détonnent pas. Plusieurs autres experts américains tiennent un discours catastrophiste, depuis quelque 72 heures, quant aux intentions de Donald Trump sur le plan international.
C’est que le politicien controversé a, pour la première fois, offert plus de détails sur sa politique étrangère. Notamment en accordant une longue entrevue à deux journalistes du New York Times à ce sujet.
La vision qu’a Donald Trump du rôle des États-Unis dans le monde se résume difficilement. Ses déclarations sont « incohérentes », a déploré l’ancien directeur de la CIA Michael Hayden, qui a lui aussi qualifié le politicien républicain de menace.
Ce qui est clair, c’est que l’idée maîtresse du milliardaire tient en quelques mots : « l’Amérique d’abord ». Ce qui le pousse entre autres à vouloir monnayer le rôle de leader mondial assumé par son pays.
Par exemple, le Japon et la Corée du Sud, qui bénéficient de la protection des États-Unis, devraient lui offrir « des milliards de dollars » en échange (on peut se demander ce qu’il réclamera à Ottawa, puisque nos dépenses militaires tiennent compte du fait que notre puissant voisin volera à notre secours en cas de besoin).
Suivant cette logique, il semble prêt à encourager une nouvelle course à l’armement nucléaire. Le Japon et la Corée du Sud devraient, selon lui, y songer pour ne plus avoir à se fier à Washington. C’est troublant.
Les Nations unies coûtent par ailleurs, selon lui, trop cher aux États-Unis. L’OTAN aussi. Il juge d’ailleurs cette alliance « obsolète ». Il faudrait lui rappeler qu’elle est d’autant plus utile que la Russie – que l’OTAN cherche à contenir – semble maintenant avide de conquêtes.
Son attitude envers la Chine est nettement plus belliqueuse – mais tout aussi préoccupante – qu’à l’égard de la Russie. Pourrait-il lui faire la guerre ? Il refuse de répondre. « Nous avons besoin d’imprévisibilité », dit-il.
La seule chose pour laquelle on doit véritablement se réjouir à la lumière des propos du candidat, c’est qu’il se sent enfin forcé de se prononcer sur de véritables enjeux.
Il reste à souhaiter qu’en l’entendant, encore plus d’Américains s’inquiètent – à l’exemple du reste du monde – de la possibilité de le voir bientôt devenir l’homme le plus puissant de la planète.
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