On efface et on recommence ?
C’est ce dont discutent plusieurs ténors du Parti républicain ces jours-ci en sol américain. Pour eux, si Donald Trump remporte la course à l’investiture de leur formation politique, ce sera un cauchemar.
Ils se demandent donc – des militants conservateurs se sont réunis cette semaine à Washington à ce sujet – comment faire dérailler le train Trump avant qu’il entre en gare.
Ils ont jusqu’en juillet pour trouver une solution. Se déroulera alors la convention républicaine à Cleveland, en Ohio. Le gagnant de cette course improbable y sera officiellement désigné.
Pour triompher, Donald Trump a besoin de recueillir l’appui de 1237 délégués. Rappelons que ces délégués sont attribués selon les votes reçus lors des primaires et des caucus à travers le pays. À ce jour, il en a récolté 673.
Le candidat milliardaire pourrait ne pas en obtenir assez pour remporter la victoire dès le premier tour à Cleveland. Or, les règles – complexes – de cette grande messe prévoient que dès le second tour, la plupart des délégués ne sont plus obligés de voter pour le candidat qu’ils devaient appuyer initialement.
Plus de 1237 délégués pourraient alors décider de se ranger derrière Ted Cruz, par exemple. Ce sénateur texan, qui talonne actuellement Donald Trump, n’est toutefois pas si différent du milliardaire new-yorkais.
En se demandant comment arrêter Trump à tout prix, le républicain se pose la mauvaise question. Ses leaders sont prisonniers d’une logique qui a permis l’ascension de ces deux candidats intolérants.
Ils en ont donné un exemple éloquent cette semaine. Les sénateurs républicains ont fait savoir, avec mépris, qu’ils n’ont pas l’intention d’examiner la candidature du juge sélectionné par Barack Obama pour la Cour suprême des États-Unis. Ça signifie que le plus haut tribunal du pays est pris en otage.
La plupart des membres républicains du Congrès sont devenus des adeptes de l’obstructionnisme. Ils estiment que le président Obama se comporte tel un tyran et que ses décisions sont si néfastes pour le pays qu’il faut les bloquer coûte que coûte.
Reince Priebus, haut responsable du Parti républicain, en a fait la preuve au cours des derniers jours. Il a soutenu que Barack Obama veut nommer un juge pour que la Cour suprême puisse « saper notre Constitution » et « défendre » les initiatives présidentielles « qui vont à l’encontre des lois ».
Ce genre de discours fait force de loi chez les républicains. Il n’est plus possible pour un candidat qui tient des propos moins belliqueux et plus conciliants de se hisser à la tête du parti.
Chercher une solution de rechange à Donald Trump est, pour le parti, l’équivalent de tenter de soigner le cancer qui le ronge avec une boîte de pansements. Ses ténors devraient plutôt se demander comment sortir du cul-de-sac dans lequel ils avancent, le pied sur l’accélérateur, depuis trop longtemps.
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