Sanders: The Thorn in Clinton’s Side

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Sanders, l’épine dans le pied de Clinton

Le bras de fer aux primaires démocrates nuit à la popularité de l’ex-première dame, pourtant quasiment assurée d’obtenir l’investiture, sauf défaite surprise dans l’Etat de New York mi-avril.

Convaincus qu’Hillary Clinton est assurée de remporter l’investiture démocrate, ses conseillers n’attendent désormais qu’une chose : l’abandon de Bernie Sanders, qui permettrait à l’ancienne secrétaire d’Etat de se focaliser sur Donald Trump. Le camp Clinton va toutefois devoir se faire une raison : Bernie Sanders, qui vient de vivre sa meilleure semaine de campagne, n’a absolument pas l’intention de jeter l’éponge. Ou de tempérer ses attaques contre la favorite démocrate.Déjà vainqueur mardi dernier dans l’Idaho et l’Utah, le sénateur du Vermont a remporté samedi les trois caucus organisés dans le camp démocrate – Washington, Alaska et Hawaï. Avec, à chaque fois, un écart d’au moins quarante points sur sa rivale. Premier enseignement : les caucus, ces petits rassemblements locaux où les électeurs doivent se présenter à un horaire précis puis rester jusqu’à la fin du processus, sourient décidément au sénateur socialiste. Il en a remporté dix sur quatorze, grâce au surplus de motivation et d’enthousiasme qui anime ses électeurs.

Les scrutins de samedi, en particulier l’Alaska et Washington, confirment une autre tendance observée depuis le début des primaires : plus la population d’un Etat est blanche, meilleur est le score de Bernie Sanders. La part d’électeurs noirs semble être un facteur déterminant : dans les Etats où elle était inférieure à 7 %, le sénateur s’est imposé de trente points en moyenne. Dans le cas contraire, Hillary Clinton l’a emporté avec vingt-six points d’écart.

Dynamique contre logique

Si les trois victoires de l’élu du Vermont étaient donc prévisibles, leur ampleur lui permet de grignoter une partie de son retard sur Hillary Clinton en nombre de délégués. Selon les estimations, Bernie Sanders pourrait réduire d’un cinquième, voir d’un quart, son retard qui s’élevait vendredi soir à 300 délégués environ. «Ne laissez personne vous dire que nous ne pouvons pas gagner la nomination démocrate ou l’élection générale, a-t-il lancé ce week-end, gonflé à bloc, à ses partisans. Nous allons faire les deux.»

Dans le camp Clinton, on encaisse sans paniquer les cinq défaites de la semaine. On rappelle que sur les sept «swing states» – «Etats bascules», décisifs pour le scrutin présidentiel de novembre – l’ancienne première dame en a remporté cinq, dont les trois principaux (Floride, Ohio, Virginie). Et on martèle que jusqu’à présent, Hillary Clinton a séduit davantage d’électeurs que tout autre candidat, démocrate ou républicain.«J’ai obtenu 2,6 millions de votes de plus que Bernie Sanders», soulignait il y a quelques jours la favorite démocrate.

Autre atout pour Hillary Clinton : le calendrier des scrutins à venir lui semble favorable. Il ne reste au programme que trois caucus anecdotiques (Wyoming, Guam et îles Vierges). Surtout, les quatre Etats encore en jeu offrant le plus de délégués (New York le 19 avril, Pennsylvanie le 26 avril, Californie et New Jersey le 7 juin) comptent une part importante d’électeurs noirs et hispaniques, ce qui devrait en toute logique la favoriser. Pour l’heure, les sondages la donnent gagnante dans ces quatre Etats, ce qui lui assurerait la victoire finale.

Pour autant, Bernie Sanders continue de croire en ses chances. Et il n’est pas le seul. Ces derniers jours, ses meetings ont rassemblé 12 000 partisans à Portland, 13 000 à San Diego, 17 000 à Seattle. A chaque fois, la magie opère : accueil de rock star, foule jeune galvanisée par le programme social du candidat (éducation et santé gratuite, congé maternité obligatoire). Une passion qui continue de faire cruellement défaut à Hillary Clinton.

Concours d’impopularité

Consciente de son déficit de popularité, l’ancienne secrétaire d’Etat a bien tenté ces derniers mois de mettre la barre à gauche. Sans grand succès. A ce stade de la campagne, elle rêverait d’être seule en lice pour tenter d’unifier le camp démocrate et de convaincre les électeurs de Bernie Sanders – les jeunes en particulier – de la soutenir. Au lieu de ça, elle va devoir livrer une âpre bataille dans l’Etat de New York. Comme après chaque victoire, Bernie Sanders devrait bénéficier ces jours-ci d’un afflux de donations en ligne. De quoi financer en priorité des publicités sur le coûteux marché médiatique new-yorkais. Ultra-médiatisée, cette primaire de l’état de New York prévue dans trois semaines s’annonce déterminante. Si Bernie Sanders est battu, il perdra quasiment tout espoir de rattraper sa rivale. A l’inverse, une défaite d’Hillary Clinton serait embarrassante pour celle qui fût sénatrice de New York de 2001 à 2009, et dont le siège de campagne se trouve à Brooklyn.

Pour vaincre Clinton sur ses terres, Sanders prévoit d’y mener une campagne de tous les instants : meetings à répétition, attaques acérées, notamment sur les liens encombrants de l’ancienne secrétaire d’Etat avec Wall Street. Il espère ainsi mobiliser les nombreux électeurs, démocrates et indépendants, qui ne font pas confiance à Hillary Clinton. Selon un sondage national CBS-New York Times publié la semaine dernière, cette dernière ne recueille que 31 % d’opinions favorables, contre 52 % de défavorables. Seul Donald Trump fait pire, avec 24 % d’opinions favorables. Ce n’est pas la moindre des contradictions de cette campagne : si les deux favoris actuels remportent cet été l’investiture de leur parti, l’élection présidentielle opposera en novembre les deux candidats les plus impopulaires du pays.

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