The Real Target of Anti-Trump Ads

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Alors que la course démocrate n’est pas encore tout à fait terminée, une campagne publicitaire d’attaque contre Donald Trump commence. On vise à influencer l’opinion, mais aussi à déstabiliser le candidat républicain.

En 2012, les démocrates et leurs alliés avaient obtenu un avantage marqué dans la course contre le candidat républicain Mitt Romney en bombardant les réseaux de télévisions de publicités d’attaque qui ont contribué pendant l’été à fixer dans l’esprit du public l’image d’un politicien ultra-riche et détaché de la réalité des Américains ordinaires. Cette année, les démocrates s’y prendront beaucoup plus tôt pour déclencher les attaques contre le candidat républicain de facto Donald Trump et une campagne massive de publicité négative contre le milliardaire new-yorkais sera déclenchée dès demain dans les États pivots de la campagne, dont notamment l’Ohio, la Floride, la Pennsylvanie et la Virginie. Pourquoi si tôt et pourquoi commencer en mettant l’accent sur les rapports singuliers entre Trump et les femmes?

Une première salve d’attaques

D’abord, on a constaté l’échec lamentable des forces anti-Trump dans le Parti républicain, qui auraient pu commencer beaucoup plus tôt à s’attaquer aux perceptions du personnage. Lorsque les premières attaques contre Trump ont été diffusées dans le cadre de la campagne, il était trop tard. Pour les démocrates, il est important de passer à l’attaque immédiatement, et le groupe privilégié pour appuyer une campagne anti-Trump est l’électorat féminin, où on trouve un taux d’opinion défavorable envers Trump extrêmement élevé, qui a augmenté pendant toute la période des primaires (source: «Why Donald Trump should be careful about that whole ‘woman card’ thing»).

Les deux publicités du Super-PAC Priorities USA, associées à la campagne de Clinton, utilisent des citations de Trump qui montrent une image peu flatteuse de ses rapports avec les femmes. Ces extraits sont bien connus de ceux et surtout celles qui ont suivi attentivement la campagne des primaires, mais les recherches du groupe lui ont indiqué que ces perceptions n’ont pas encore filtré dans l’électorat général encore peu attentif à la campagne. La première publicité est d’une facture assez traditionnelle, mais la deuxième est plus originale et peut-être plus efficace. L’annonce fait passer la voix de Trump par les lèvres de gens ordinaires, surtout des femmes, et pose à la toute fin la question: «Est-ce que Trump parle vraiment pour vous?»

L’objectif premier de ces publicités à un stade si précoce de la campagne est bien sûr de consolider les opinions négatives de Trump, particulièrement chez les femmes, pour les empêcher entre autres d’écouter le chant des sirènes républicaines pendant la période de réunification du parti autour de celui qui est, de facto, son candidat désigné. Mais quand a affaire à un personnage comme Donald Trump, les attaques peuvent aussi avoir une tout autre utilité.

Faire sortir Le Donald de ses gonds

Un autre objectif tout aussi important est de déstabiliser un candidat qui a la mèche notoirement courte. À un moment où celui-ci s’est donné pour mission d’adoucir son image pour réussir la transition vers la campagne générale, ces attaques démocrates ont eu pour effet de le provoquer à contre-attaquer, ce qui l’expose à des dérapages possibles. Par exemple, Trump a vivement réagi à un article de fond du New York Times qui expose en détail ses rapports avec de nombreuses femmes de son entourage (il faut souligner que l’effet de l’article a été mitigé lorsqu’une des femmes interviewées par les journalistes est intervenue pour dire que ses propos avaient été faussement interprétés;voir ici). En plus de paraître visiblement irrité dans ses sorties publiques, le candidat a menacé de poursuivre le journal. De ce fait, il a contribué à attirer l’attention à la fois sur l’article et sur son propre caractère impulsif. Lorsqu’il commettait des impairs en réaction aux attaques pendant la campagne des primaires, Trump a pu bénéficier d’un effet de ralliement de ses troupes. Il pouvait aussi compter sur le fait que l’opposition à laquelle il faisait face à l’intérieur du parti était beaucoup moins vive que celle qu’il doit surmonter pour passer la barre des 50 % de l’électorat général.

Bref, la vraie clientèle cible des publicités anti-Trump, c’est Trump lui-même. Non seulement les attaques contre Trump exposent des aspects de son passé que l’électorat connaît encore peu, mais elles ont de bonnes chances de lui faire commettre des erreurs qui révéleront en temps réel les dimensions de son tempérament que ses adversaires souhaitent faire remonter à la surface.

Bien sûr, M. Trump et ses alliés vont répliquer en contre-attaquant Mme Clinton, qui souffre aussi d’un déficit (mais pas tout à fait aussi grand que celui de Trump) sur le plan des perceptions de l’électorat. Toutefois, Mme Clinton est sur la place publique depuis un quart de siècle et l’électorat a déjà vu passer à peu près toutes les accusations et toutes les insultes qu’on lui enverra. Les deux candidats sont vulnérables à la critique et aux attaques, mais le potentiel de réaction de l’électorat à celles-ci est possiblement plus grand dans le cas des attaques contre Trump que dans celui des attaques contre Clinton. Reste à voir comment le tout se jouera sur le terrain.

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