Cannes: A Disaster for Sean Penn

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On se demande ce qui a bien pu passer par la tête de Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, lorsqu’il a donné son feu vert à la présentation de Last Face en compétition. Était-ce l’aura de Sean Penn à Cannes (La promesse était en compétition en 2001 et il a présidé le jury en 2008)? Son côté militant? La présence des supervedettes Chalize Theron et Javier Bardem au générique? Peu importe : ce très mauvais film n’a pas sa place en compétition.

Et l’accueil fut proportionnel au ratage. The Last Face a obtenu les huées les plus senties de cette 69e édition. C’est dire. Contrairement à Dolan, Winding Refn ou Assayas, le navet prétentieux et insipide n’a pas divisé la critique. Il a fait l’unanimité contre lui. En conférence de presse, le réalisateur, qui avait une gueule d’enterrement, a soigneusement évité la question, si ce n’est pour nous servir du bout des lèvres un cliché : le film ne m’appartient plus.

Last Face est un atroce mélange de drame romantique et de film de guerre où le dosage est complètement raté. Au lieu de se servir de cette romance improbable comme prétexte pour illustrer le travail des médecins de première ligne dans des conflits interethniques, Penn a mis l’accent sur l’aspect mélodramatique. Or, il tombe dans le pathos à la Harlequin, avec cette relation entre deux médecins à laquelle on ne croit pas une seconde. Sans parler des ridicules personnages secondaires et des dialogues insignifiants.

Ce choix scénaristique est une obscénité pour tous les réfugiés du monde, sans parler de la façon dont Penn exploite en gros plans l’image des blessures atroces des victimes. Ce n’est pas l’avis de Bardem : «C’est ce qu’il y a autour qui en fait une histoire d’amour unique.»

En gros, il s’agit de l’amour improbable et impossible entre une médecin qui administre Médecins du monde à Genève et un toubib de terrain au Soudan Sud. Wren (Theron) souffrira de son séjour sur le plancher des conflits et optera pour le salut dans la fuite. Laissant Miguel (Bardem) à son missionnariat.

Tout n’est pas à jeter. Les acteurs, qui ont eu une formation médicale, sont très crédibles dans l’accomplissement des gestes médicaux. «On se sentait tellement proche de la réalité», a expliqué Adèle Exarchopoulos (La vie d’Adèle). Et il y a un aspect documentaire très marqué dans les scènes de camp. Mais ce n’est pas suffisant pour sauver le film du désastre.

Vers l’inconnu, qui datait de presque 10 ans, m’avait laissé un très bon souvenir. Cette déconfiture n’en est que plus déconcertante. Quel fiasco.

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