Trump as a Thief?

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Son ignorance des grands enjeux mondiaux et les injures qu’il dissémine à tous les vents n’empêchent pas le néorépublicain Donald Trump de se retrouver aujourd’hui à égalité avec Hillary Clinton dans les intentions de vote en vue de la présidentielle de novembre prochain, selon l’analyse des sondages du site RealClearPolitics. Il y a à peine plus de deux mois, la candidate démocrate menait pourtant par une marge de 11 %.

Il y a moyen d’expliquer le succès de M. Trump : à sa façon de canaliser la colère populaire contre le « système » et de se faire le porte-voix des pires préjugés ; au grave déficit d’intégrité dont souffre de son côté Mme Clinton, attaquée sur sa droite par les républicains comme sur sa gauche par le camp Sanders ; mais aussi, de façon plus générale, au rapetissement de l’espace démocratique américain.

Que la popularité de M. Trump s’explique n’empêche pas que cette popularité dépasse l’entendement.

Presque candidat désigné du Parti républicain à la présidence, M. Trump n’a cessé à ce jour de dire à peu près n’importe quoi, ce qui, loin de le couler, lui a donné des ailes. Contre tout bon sens environnemental, il vient notamment d’annoncer qu’il ressusciterait le projet de pipeline Keystone XL et qu’il renierait l’Accord de Paris conclu l’année dernière pour freiner le réchauffement climatique. Ce qui ne contredit pas, il est vrai, les positions de l’establishment républicain. En politique étrangère, il a récemment menacé la Corée du Sud d’en retirer les troupes américaines si Séoul n’augmentait pas sa contribution financière à leur maintien à la frontière nord-coréenne. Un projet salué par l’abominable régime de Pyongyang, mercredi.

Se pourrait-il que son ascendant s’érode enfin avec l’action collective intentée à San Diego par d’ex-étudiants de sa défunte Université Trump ? Cette affaire le talonne depuis 2010, mais prend de l’ampleur depuis quelques jours. La poursuite allègue que M. Trump et l’université à but lucratif qu’il avait fondée en 2005 et dont il était propriétaire à 93 % ont escroqué de petites gens de dizaines de milliers de dollars en les convainquant sous pression de suivre des cours qui allaient les transformer en spécialistes du marché immobilier. Fidèle à lui-même, le candidat républicain a tonné vendredi dernier, au cours d’un rassemblement partisan, que le système de justice était « manipulé » et que le juge « probablement mexicain » lui était « très hostile ».

M. Trump continuera de dire tout ce qui lui passe par la tête. Voici cependant une histoire qui salit vilainement sa double image de magnat de l’immobilier, socle de sa réputation de battant, et de défenseur de l’Américain bafoué. On ne l’avait pas encore vu en voleur.

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