Si seulement les clients du bar gai d’Orlando avaient été armés… « Vous n’auriez pas eu le même type de tragédie », a soutenu hier le candidat républicain à la présidence des États-Unis, Donald Trump.
Une telle réaction était prévisible : il s’agit du discours tenu presque systématiquement après chaque tuerie majeure par les ténors du puissant lobby américain des armes à feu et leurs nombreux alliés.
Ce raisonnement absurde – plus il y aura d’armes à feu en circulation, moins il y aura de crimes commis avec des armes à feu – ne résiste pas à l’épreuve des faits.
Mais ceux qui tiennent ce discours rejettent catégoriquement tout effort visant à encadrer la vente des armes à feu.
Poussée à l’extrême, cette logique inepte fait qu’aujourd’hui, on peut interdire à un citoyen américain de prendre l’avion car on considère qu’il pourrait commettre un acte terroriste, mais on ne peut pas interdire à ce même citoyen d’acheter une arme à feu.
Qu’attendent les politiciens américains pour mettre fin à cette aberration ? Pour le moment, il est hors de question, pour eux, de rectifier le tir. Le Sénat américain a rejeté en décembre un projet de loi à cet effet, à 54 voix – dont 53 élus républicains – contre 45.
« Si vous avez besoin d’une preuve que le Congrès est pris en otage par le lobby des armes à feu, ne cherchez pas plus loin que le vote d’aujourd’hui », avait alors déclaré Dianne Feinstein, démocrate de la Californie et marraine du projet de loi.
Cette législation spécifique n’aurait pas empêché l’auteur de la tuerie d’Orlando d’acheter des armes à feu car son nom ne figurait pas sur la liste des suspects de terrorisme, a indiqué hier le FBI, qui l’avait pourtant interrogé à quelques reprises en 2013 et en 2014 dans le cadre d’une longue enquête.
Bon nombre d’Américains se rendent toutefois compte, avec raison, dans la foulée de cette tragédie, qu’une telle loi permettrait probablement d’éviter de futurs carnages.
Par ailleurs, ces dernières années, les membres du Congrès américain ont aussi rejeté d’autres mesures de contrôle des armes à feu qui, elles, auraient pu dissuader Omar Seddique Mateen de commettre son crime. Ou, vraisemblablement, l’empêcher de faire un si grand nombre de victimes.
Ils auraient notamment pu interdire la vente de fusils d’assaut (comme l’AR-15 utilisé par ce tueur) et de chargeurs à grande capacité. C’est entre autres ce qu’avait réclamé le président américain en janvier 2013, une requête déboutée par le Congrès.
Les attaques menées par des loups solitaires au sein des pays occidentaux se multiplient, et les prévenir représente un véritable défi. Il faut bien sûr mettre de l’avant des initiatives efficaces de lutte contre le pouvoir d’attraction de la propagande islamiste et de ceux qui la diffusent, mais aussi de prévention de la radicalisation.
Aux États-Unis, cette lutte nécessite aussi l’adoption d’une série de mesures pour éviter que les armes à feu se retrouvent trop facilement entre les mains de criminels potentiels. En s’entêtant à le nier, les politiciens américains se font malgré eux les complices de ces tueurs.
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