Hillary Clinton — Barack Obama: Behind the ‘Love Story,’ a Fair Share of Pragmatism

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Hillary Clinton – Barack Obama : derrière la “Love Story”, pas mal de pragmatisme

La participation de Barack Obama au meeting organisé par la candidate démocrate en Caroline du Nord doit symboliser son ralliement officiel à Hillary Clinton.

L’ObsL’ObsPublié le 05 juillet 2016 à 16h36

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Amitié ? Calcul politique ? Echange de bons procédés ? Ce 5 juillet se tient le Congrès démocrate, à Charlotte, en Caroline du Nord. Le rassemblement devait initialement avoir lieu le 15 juin dans le Wisconsin mais il avait été reporté à la suite de l’attentat d’Orlando. Et pour la première fois depuis le début de la campagne de Hillary Clinton, Barack Obama va se tenir à ses côtés pour soutenir haut et fort sa candidature.

Une relation de longue date

La relation entre Hillary Clinton et Barack Obama n’a jamais été fluide. Selon “La Guerre des Clans”, livre polémique publié en janvier 2015 par Edward Klein (journaliste vétéran au “New York Times”), il y aurait toujours eu des rancoeurs et des tensions latentes entre les “clans” Obama et Clinton. Leurs relations seraient marquées par l’hypocrisie, notamment à cause des primaires très brutales de 2008, au cours desquelles Barack Obama, alors simple homme politique local de l’Illinois, avait réussi à challenger la femme d’un grand président des Etats-Unis, Hillary Clinton, en retournant au passage nombre de ses soutiens fidèles au Parti démocrate.

Autre épisode de tension : après son premier mandat de président des Etats-Unis, Barack Obama souhaite se faire réélire en 2012. Mais la situation est difficile pour lui : l’économie du pays n’a pas encore vraiment redémarré après la crise économique de 2008, et sa popularité est très basse. A tel point qu’Hillary Clinton aurait hésité à se présenter face à lui aux primaires. Selon Edward Klein, Obama n’aurait alors eu d’autre choix, pour se faire réélire en 2012, que de promettre, en échange du soutien de Bill Clinton (dont la côte de popularité atteignait les 70%), son soutien à la candidature d’Hillary Clinton aux élections de 2016. Ce qui n’a pas empêché à Barack Obama de s’autoriser quelques sorties peu favorables à Hillary Clinton…

Pour Thomas Snégaroff, spécialiste des Etats-Unis et professeur à Sciences Po: “La relation entre Barack Obama et Hillary Clinton obéit à des considérations pragmatiques, laissant toujours place à une forme d’alliance dans la rivalité. Malgré des cultures politiques très différentes et un décalage générationnel certain, Hillary Clinton a très rapidement appelé à voter pour le candidat Barack Obama à la présidentielle en 2008, après sa défaite aux primaires.”

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Quant à 2012, il analyse :

“Le ralliement de Bill Clinton à la candidature de Barack Obama à travers la dénonciation du programme économique du républicain Mitt Romney, a également pu jouer un rôle important dans la réélection de Barack Obama en 2012.”

Rivalité, arrangements politiques et gestes de reconnaissance, tel est le cocktail qui nourrit les relations entre Barack Obama et Hillary Clinton. Si Barack Obama choisit de soutenir Hillary Clinton aujourd’hui, ce n’est certainement pas parce qu’il avait les mains liées par la promesse qu’il aurait faite aux Clinton : les motifs sont bien plus rationnels.

Un soutien pragmatique

Rappelons les faits : en 2008, Barack Obama avait remporté les primaires démocrates face à Hillary Clinton, pour ensuite lui accorder le poste très prisé de Secrétaire d’Etat (l’équivalent du Ministère des Affaires Etrangères). En 2012, Barack Obama était réélu président sans qu’aucun candidat démocrate ne se soit opposé à lui, et en partie grâce au soutien du très populaire Bill Clinton.

En ce qui concerne l’élection présidentielle de 2016, le président des Etats-Unis a attendu le 9 juin 2016 pour déclarer son soutien officiel à Hillary Clinton dans sa course à la Maison Blanche. Cette date tardive s’explique par sa volonté d’attendre qu’il fut certain qu’Hillary Clinton devienne la candidate officielle des démocrates, face à son rival Bernie Sanders.

Selon Jacques Chevalier, chercheur spécialiste des Etats-Unis, “il n’est pas de tradition que le président sortant s’investisse trop tôt dans les débats conduisant à la désignation du candidat à la présidentielle…”

“Et Barack Obama ne pouvait de toute manière pas soutenir Bernie Sanders, en raison de l’aspect clivant de cette personnalité ‘outsider’ au sein du parti démocrate.”

Plus positivement, Barack Obama avait de bonnes raisons de soutenir Hillary Clinton. “Il voyait sans aucun doute l’intérêt de la ménager : il connaît son expertise et son expérience, il connaît le poids de son mari au sein du Parti démocrate, il sait combien elle peut collecter les fonds nécessaires à une campagne longue et toujours plus coûteuse.”

“Peut-être n’est-il pas insensible aussi au fait qu’après avoir fait élire un président noir, le Parti démocrate soit également à l’origine de la première femme présidente ?”

Rallier les hésitants

Le choix de la Caroline du Nord pour l’organisation du Congrès n’est pas anodin : après avoir été gagné par Barack Obama en 2008, cet Etat avait voté en majorité, de peu, pour le candidat républicain Mit Romney à la présidentielle de 2012. Dans ce Swing State, Barack Obama va tenter de transformer le vote pour Clinton : le faire passer d’un choix par défaut face au danger que représente Donald Trump, à un choix d’adhésion.

Il compte pour cela profiter de sa popularité renouvelée : 56% d’opinions favorables actuellement, un niveau inespéré pour un président ayant effectué deux mandats consécutifs. Il dispose notamment d’une importante base sociale (les jeunes, les Afro-américains, les Latinos) et d’une forte popularité parmi l’électorat démocrate (plus de 70% d’opinions favorables).

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