États-Unis : à la convention républicaine, le désastre Melania Trump
VIDÉOS. L’épouse du républicain a pris publiquement la parole pour la première fois. Elle a tenté de rendre son mari plus humain… en plagiant Michelle Obama !
Tout a commencé comme un générique de film en noir et blanc. Donald Trump est apparu dans l’ombre, dessiné en silhouette sur l’air de « We Are the Champions ». Peu à peu, les projecteurs se sont allumés et il a présenté « la prochaine First Lady ». Melania a alors fait son entrée dans une robe d’un blanc virginal aux drôles de poignets bouffants, très star tout droit sortie des pages de Vogue . C’était le clou de la soirée. Jusqu’ici, alors pourtant que la campagne bat son plein, on a à peine vu et encore moins entendu Melania Trump. Elle n’était même pas présente sur la photo pour l’annonce de la nomination de Mike Pence comme colistier. Elle n’a jamais été très chaude pour que son mari se lance en politique et elle a toujours dit qu’elle n’aimait pas être sur le devant de la scène et qu’elle préférait s’occuper de leur fils de 10 ans. On murmure aussi qu’elle refuse de parler en public à cause de son fort accent slovène.
Lundi soir, lors de la convention républicaine à Cleveland, dans l’Ohio, les Américains découvraient donc Madame Trump, 46 ans. Mais ils sont restés un peu sur leur faim. Elle a esquissé rapidement les grandes lignes de sa vie façon rapport de gendarmerie : son enfance dans un « beau » petit pays – la Slovénie –, sa sœur « incroyable », ses parents « merveilleux » qui lui ont inculqué plein de merveilleuses valeurs… Elle est devenue mannequin, a voyagé partout dans le monde puis s’est installée aux États-Unis. Elle est « très fière » d’être devenue citoyenne américaine… Et si elle devient First Lady, elle s’occupera « des gens qui en ont le plus besoin », particulièrement les femmes et les enfants pour qu’ils aient une éducation.
« Ce n’est pas Nancy Reagan »
Melania a essayé d’adoucir un peu les propos anti-immigration de son mari en disant qu’il entendait « représenter tout le monde », y compris les juifs, les musulmans, les Latinos, les Noirs… Elle a aussi tenté de le présenter sous un jour plus policé. Donald Trump a multiplié les propos sexistes et a même dit qu’il était en faveur « d’une forme de punition » pour les femmes qui avortaient. Selon un sondage récent, 77 % de l’électorat féminin a de lui une opinion négative. Pas sûr que Melania ait réussi à convaincre. Elle a vendu un Donald Trump bon père, très proche de sa famille, dur mais « loyal » – terme qui a fait ricaner la Twittosphère, remarquant que la loyauté s’appliquait mal à un type deux fois divorcé. Et Melania s’est contenté de platitudes sans confier la moindre anecdote croustillante, comme le font en général les épouses, sur le temps qu’il passe chaque matin à se faire son brushing ou sur les chaussettes sales qu’il a la mauvaise habitude de laisser traîner.
La salle a applaudi tièdement. « Ce n’est pas Nancy Reagan, ça manque un peu de substance », a résumé Mary, du Dakota du Sud, un peu sidérée par le look de super modèle de Melania Trump. Mais Jane Page, de Caroline du Sud, elle, a apprécié. « Ce sera merveilleux d’avoir une première dame venue du communisme, car elle connaît les dangers de Poutine. Et puis elle est naturalisée de fraîche date, ce qui lui donne une perspective différente et un plus grand respect pour l’Amérique. »
Nue sur une peau d’ours
Dans les campagnes présidentielles, l’épouse est supposée être une « arme secrète » pour le candidat, explique Anita McBride, ex-chef de cabinet de Laura Bush. « Laura, par exemple, a fait beaucoup de déplacements partout dans les petites villes pour vendre son mari. Et Michelle Obama en 2012 était très populaire ». Jusqu’ici, chez les Trump, c’est plutôt Ivanka, la fille, qui joue le role de conseillère et l’accompagne partout. Va-t-on voir désormais davantage Melania ? Pas sûr. Outre le fait qu’elle n’aime pas les projecteurs, son mari la préfère peut-être en coulisses, de peur d’effaroucher les électeurs conservateurs. Melania est sa troisième épouse et a déjà posé très dévêtue. Ce qu’a rappelé obligeamment lors des primaires son rival Ted Cruz. Il a ressorti une photo datant de 2000 publiée dans le magazine GQ où on la voit nue sur une peau d’ours, avec la mention : « Faites la connaissance de Melania Trump. La prochaine First Lady. »
Catastrophe ultime : à peine Melania Trump avait-elle quitté le podium lundi soir que les médias faisaient remarquer qu’une partie de son discours ressemblait étrangement à celui de Michelle Obama en 2008 et criaient au plagiat…
Décidément, le début de la convention a tourné au cauchemar. « La désastreuse première journée de Trump », titrait le journal Politico, détaillant le côté amateur du show, le ton terrifiant des orateurs qui ont tous fait un portrait apocalyptique de l’Amérique, et surtout le chaos. Quelques heures avant le discours de Melania, les délégués anti-Trump ont fait une ultime tentative pour essayer de changer les règles et bloquer sa nomination. En vain. Mais cela a donné lieu à une foire d’empoigne qui montre un parti loin d’être réconcilié. Si les anti-Trump ont perdu, la rancœur demeure, tenace. « J’aurais au moins aimé que le parti que je représente me traite de manière équitable et entende ma voix alors que les dés étaient pipés. Je suis très énervée », a ainsi avoué Brita Horn, déléguée du Colorado. Donald Trump l’est sans doute également.
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