A Party Pooper Joins the Trump-Clinton Duel

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États-Unis : un trouble-fête dans le duel Trump-Clinton

Gary Johnson, candidat du parti libertarien à la présidentielle, pourrait, à défaut de gagner, compliquer la campagne de Trump comme celle de Clinton.

« Les troisièmes candidats sont comme les guêpes. Ils piquent et meurent après », avait déclaré, en 1955, l’historien Richard Hofstadter. Le troisième candidat àl’élection présidentielle américaine de novembre 2016, l’ancien gouverneur du Nouveau-Mexique Gary Johnson, 63 ans, a été investi par le Parti libertarien, sans primaire ni convention tapageuse à grand spectacle comme celle qu’ont tenue les républicains à Cleveland cette semaine. Mais il veut faire mentir la parabole de la guêpe. Et pense surtout que les circonstances n’ont jamais été aussi favorables pour cela.

Rarement, en effet, dans l’histoire américaine, les électeurs ont eu à faire un choix entre des candidats, qui, tous deux, rivalisent d’impopularité. Rarement, côté républicain, on a vu les hiérarques du parti essayer, jusque dans les débats de la convention, de trouver les moyens de procédure permettant de remettre en cause le vote populaire des primaires. Ceux-là douteront jusqu’au bout des capacités du candidat désigné à remplir le job. Quant à Hillary Clinton, l’insouciance dont elle a fait preuve dans le maniement de ses mails, alors qu’elle était le cœur de la diplomatie américaine, dans une période cruciale, amène, bien au-delà du Parti démocrate, à se poser des questions sur son sérieux et même son sens du devoir dans la gestion des affaires de l’État, dès lors qu’il s’agit d’accepter certaines contraintes.

Machine à aspirer les voix de droite

Alors la réticence des électeurs à reconduire l’alternance du passé entre les deux partis traditionnels – Trump est déjà le symbole de cette remise en cause – ne peut-elle donner leur chance aux libertariens, sinon de remporter la mise, du moins de peser sur le résultat ? La doctrine des libertariens est de militer pour que l’État intervienne le moins possible dans les différents aspects de la vie : économie, mais aussi santé, éducation, défense, sécurité et tout autre problème de société. Ils sont par exemple favorables à la légalisation de la vente de marijuana.

Gary Johnson a eu l’habileté de constituer un ticket avec William Weld, ancien gouverneur du Massachusetts, un républicain modéré et – cela va sans dire – anti-Trump. Il calcule que sur ses thèmes économiques – moins d’impôts, moins de subventions, moins d’assistance –, il devrait récupérer des électeurs que les excès de langage et la personnalité fantasque du milliardaire de l’immobilier détourneront de voter, comme ils en avaient l’habitude, pour le candidat républicain désigné. Voilà pour la machine à aspirer les voix de droite.

En ligne de mire : la barre fatidique des 15 %

Mais il y a de l’autre côté, chez les démocrates, des électeurs qui détestent la personnalité d’Hillary Clinton et ont accompagné, depuis le début des primaires, la campagne de Bernie Sanders. Ceux-là se retrouvent dans le programme de Gary Johnson sur les sujets de société. Mariage gay, légalisation de la marijuana, éducation à la portée de tous et même arrêt des interventions militaires extérieures. Il a même créé un quiz à leur intention sur un site web pour montrer aux déçus du retrait de Bernie Sanders qu’il peut leur apporter ce qu’ils souhaitent.

Et il faut croire que cela marche. Les sondages indiquent que Gary Johnson récolte plus d’électeurs potentiels d’Hillary Clinton que de Donald Trump. Et dans la confrontation générale de novembre, le candidat trouble-fête est passé de 10 à 12 % d’intentions de vote en quelques semaines. Il vise maintenant la barre fatidique des 15 %. Celle qui permet de participer aux débats télévisés avec les champions des deux partis traditionnels. L’effet de la candidature de Gary Johnson est déjà sensible sur les deux électorats. Mais si cet homme mince, grisonnant, au teint toujours hâlé, très charismatique, entre dans le cercle restreint de ceux qui sont admis à participer à ces grands débats télévisés, dont on sait à quel point les électeurs américains y sont sensibles, gare aux surprises. Et, qui sait, aux retournements de situation…

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