Trump’s Wall, Obama’s Failure

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La promesse de Donald Trump de faire construire un mur anti-immigrants sur la frontière mexicaine est d’une bêtise populiste consommée. Il n’est pas moins vrai que le président Barack Obama quittera bientôt la Maison-Blanche sur un échec non seulement total, mais choquant en matière d’immigration.

C’est un éloquent plaidoyer en faveur de l’ouverture et du dialogue social, mercredi soir à la convention démocrate, qu’a livré le président Barack Obama. Discours inspirant, certes, encore qu’un peu trop trempé dans le sirop de la conviction et du sentiment que la société américaine ne peut que progresser — à condition bien entendu qu’Hillary soit élue en novembre prochain à la présidence. Tout le contraire, en tout cas, du discours haineux et rageur du républicain Trump, dont M. Obama ne s’est pas gêné pour mettre en évidence la toxicité.

Cela dit, et comme il l’avait fait en janvier dans son ultime discours sur l’état de la nation, le président s’est excusé pour avoir échoué à apaiser les divisions qui déchirent la vie politique américaine depuis trop longtemps. Des déchirements qui seront allés en crescendo sous sa présidence.

Ç’aura été un échec lourd de conséquences pour la société américaine, largement attribuable, au demeurant, à la posture ultrapartisane que le Congrès à majorité républicaine a décidé d’adopter, pour des raisons autant électorales qu’idéologiques. L’échec, et donc l’absence de résultats législatifs utiles, aura été le plus lourd de conséquences dans deux domaines en particulier : l’immigration et le contrôle des armes à feu.

Si, en ce qui concerne l’absence scandaleuse de progrès sur la question du contrôle des armes à feu, c’est l’inintelligence des républicains, complètement inféodés à la National Rifle Association (NRA), qui est entièrement à blâmer, il se trouve que, s’agissant de l’incessant débat autour de l’immigration illégale des latinos, M. Obama a sa part de responsabilité dans le fait que rien ne s’est arrangé depuis son arrivée à la Maison-Blanche il y a huit ans.

Le président Obama est en fait celui sous lequel, de tous les présidents américains, le plus grand nombre d’immigrants illégaux ont été expulsés. Auront été renvoyés sous son administration un nombre record de 2,5 millions de personnes, essentiellement au Mexique et en Amérique centrale — ce qui équivaudrait à presque autant d’expulsés que pendant tout le XXe siècle. Réalité d’autant plus gênante pour un président qui n’aura cessé de plaider l’altruisme qu’une importante proportion d’entre eux sont des enfants et des adolescents.

Sa stratégie aura apparemment consisté à faire preuve de fermeté quant au contrôle des frontières dans l’espoir que les républicains acceptent de leur côté de mettre de l’eau dans leur vin et acquiescent à une réforme du système d’immigration qui aurait enfin mis en place, à tout le moins de manière balbutiante, une nécessaire procédure de régularisation des migrants illégaux. Cette tentative de marchandage n’a pas fonctionné.

Non content d’autoriser l’expulsion massive de migrants dont une grande partie revendique à juste titre le statut de réfugié, le gouvernement du président Obama est ensuite allé jusqu’à sous-traiter le problème en finançant le renforcement par les autorités mexicaines, notoirement corrompues, de la surveillance de la frontière notoirement violente du Mexique avec le Guatemala. Sans autre véritable résultat que celui de creuser la misère et la maltraitance au Guatemala, au Salvador et au Honduras, ces trois pays gangrenés par les gangs et la faiblesse de l’état de droit.

En désespoir de cause, M. Obama a bien tenté, en novembre 2014, d’imposer par décret présidentiel une réforme du système d’immigration. De forcer la porte républicaine, en quelque sorte. Par ce décret était créé un programme provisoire de régularisation qui aurait mis à l’abri des procédures d’expulsion jusqu’à cinq millions d’illégaux et qui les aurait autorisés à travailler aux États-Unis pour une période de trois ans. Fin juin, le projet a été absurdement invalidé par la Cour suprême dans une cause de contestation portée le Texas.

Si bien qu’au final, ne parvenant point à réformer le système d’immigration, M. Obama se sera objectivement trouvé, lui aussi, à dresser des barrières contre une communauté dont la contribution économique à la société américaine est pourtant capitale.

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