La Presse at the Democratic Convention: Against Trump, in Obama’s Footsteps

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La haine. Ses ravages, Betty Deas Clark les a vus de près.

Il y a à peine plus d’un an, un suprématiste blanc de 21 ans a fait un carnage dans une église noire de Charleston, en Caroline du Sud. Il a tué neuf personnes. Incluant le pasteur méthodiste.

Pour le remplacer, on a recruté Betty Deas Clark. Un défi qu’elle a relevé jusqu’à la fin du mois dernier. La voix de cette Afro-Américaine est douce. Son ton est apaisant. On comprend vite pourquoi on lui a demandé de panser les plaies des fidèles de Charleston. « L’église et la ville ont choisi de pardonner et non de détester. J’en suis heureuse », dit celle qui, comme seul signe distinctif, a suspendu une large croix dorée à son cou.

Et d’ajouter : « Suivre ce modèle va aider notre pays à guérir, à aller de l’avant et à prospérer. »

Pour permettre aux États-Unis d’aller de l’avant au cours des quatre prochaines années, elle fait confiance à Hillary Clinton, qui a montré qu’elle pouvait « unifier le pays ». Contrairement à Donald Trump qui, lui, « semble être en train de diviser le pays ».

Cette leader religieuse est venue à Philadelphie pour participer à la convention en tant que militante du contrôle des armes à feu ; elle a donc d’autant plus d’atomes crochus avec la candidate démocrate. Hillary Clinton a promis d’en restreindre l’accès si elle est élue en novembre.

Sur cet enjeu, comme sur plusieurs autres, la politicienne est aux antipodes de Donald Trump. Et les plus fervents démocrates, réunis à Philadelphie, sont aux antipodes des républicains rencontrés à Cleveland la semaine dernière.

En assistant à la convention démocrate, on arrive à avoir une très bonne idée de ce que propose aux Américains le tandem Hillary Clinton-Tim Kaine pour les quatre prochaines années. Ils souhaitent protéger le legs de Barack Obama, qui a probablement été le président le plus progressiste depuis Lyndon Johnson (1963-1969) sur le plan de la politique intérieure.

Ils veulent se servir de cet héritage comme fondation. Ils proposent d’y ajouter quelques étages. Leur rival républicain, lui, aimerait le dynamiter.

Incluant la réforme du système de santé, qui a été une bénédiction pour des millions d’Américains. Les démocrates souhaitent la poursuivre en injectant 40 milliards dans les cliniques communautaires. Ils veulent aussi marcher dans les pas d’Obama pour protéger l’environnement et lutter contre les changements climatiques. Des efforts raillés par les républicains.

L’immigration demeure aussi un enjeu prioritaire. « Une fois Hillary élue, elle soumettra au cours de ses 100 premiers jours une réforme de l’immigration aux membres du Congrès américain », explique Walter Tegada, militant et ex-politicien hispanophone de la Virginie.

Il est on ne peut plus clair, selon lui, que les latinos peuvent faire confiance à la candidate démocrate. « Plus jeune, elle s’est rendue au Texas pour encourager les membres de notre communauté à s’inscrire sur les listes électorales. Elle n’avait pas besoin de faire ça, mais elle a choisi de le faire », explique-t-il au sujet d’une initiative prise par Hillary Clinton en 1972.

Tant sur scène que parmi les militants, plusieurs démocrates soulignent aussi que la candidate, en tant que femme, sera plus sensible à des enjeux qui n’ont pas figuré jusqu’ici parmi les priorités des présidents. Elle voudrait par exemple instaurer un congé parental rémunéré et lutter pour l’équité salariale.

Sa position sur l’avortement – elle est pro-choix – tranche par ailleurs avec celles de Donald Trump et de son colistier Mike Pence.

« Toute sa vie elle s’est portée à la défense de la santé des femmes et des enfants. Elle va continuer à protéger les droits des femmes en matière de procréation », lance avec passion Allison Wade, militante démocrate du Nebraska.

Cette trentenaire n’en revient pas de voir que les républicains ont promis de tout faire pour interdire l’avortement. Incluant la nomination de juges ultraconservateurs à la Cour suprême, dans le but de casser le jugement qui, en 1973, a légalisé la pratique.

« Ces nominations… Si Trump était élu, ce serait la chose la plus dévastatrice de sa présidence, estime-t-elle. Il transformerait la Cour suprême en tribunal conservateur pour les 40 prochaines années. » C’est indiscutable. Et cela aurait un profond impact – à court, moyen et long terme – sur la société américaine. Parmi bon nombre de changements potentiels, les républicains promettent d’interdire de nouveau les mariages entre conjoints de même sexe.

Tard demain soir, à l’issue de la convention démocrate, le choix sera on ne peut plus clair pour les Américains. Opter pour le virage à 180 degrés annoncé par Trump de façon aussi peu délicate qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ou voter pour une candidate qui propose aux électeurs de continuer, tout droit, à gravir la pente. Cette pente abrupte qui s’escalade lentement et qui mène à une société plus juste et plus égalitaire.

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