Syria: Who’s Fighting Who?

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Une guerre civile en Syrie? Cette assertion est de plus en plus battue en brèche et est démentie par les interventions désormais directes de forces étrangères en Syrie. De fait, ce qui se passe en Syrie est un complot ourdi par les grandes puissances avec la complicité d’Arabes et musulmans. Cela se vérifie de plus belle avec la présence d’unités spéciales états-uniennes sur le sol syrien [en soutien aux Forces démocratiques syriennes (FDS, Kurdes)]; l’entrée de chars turcs en Syrie [pour, affirme Ankara, «éradiquer» Daesh et le PYD (parti kurde syrien)]. Cette guerre prend ainsi les aspects d’une «mini-guerre mondiale». Face à ces regroupements, sur l’autre versant il y a l’aviation russe, les conseillers militaires iraniens et les milices du Hezbollah qui soutiennent les forces armées syriennes. En vérité, nonobstant les pertes humaines et les destructions qui affectent le pays, il est devenu complexe de comprendre qui combat qui en Syrie. Ceux qui ont allumé les feux de la fitna [discorde], le Qatar et l’Arabie saoudite, se font désormais discrets occupés au Yémen où, de même, ils ont fomenté la violence interyéménite. A regarder la carte géographique de la Syrie d’aujourd’hui, à voir le régime syrien cantonné dans la capitale et sa région – au moment où il est attaqué de partout – on se demande si un pays appelé «Syrie» existe encore. Or, sans qu’aucune guerre ne fut officiellement déclarée à la Syrie, des Etats tiers interviennent militairement sur le terrain apportant des soutiens multiformes, tant à la rébellion téléguidée de l’étranger, qu’aux séparatistes kurdes et aux jihadistes. Ces derniers appuyés, sinon officiellement, du moins en sous-main par des pays qui ne veulent pas que du bien au pays du Cham. Ainsi, depuis mercredi des chars turcs opèrent sur le terrain dans le nord de la Syrie, faisant entrer dans leur sillage des rebelles syriens quasiment éliminés du champ de bataille. De fait, c’est au moment où le régime syrien, commençait [avec l’aide notamment de la Russie] à retourner la situation en sa faveur, que ceux agissant de loin se sont vus contraints de s’engager à visage découvert. C’est notamment, le cas des Etats-Unis et de la Turquie, premiers sponsors des rebelles – voire des jihadistes encouragés à attaquer le régime de Damas – à la suite dudit «printemps arabe» et de l’insurrection qui s’en est suivie, alimentée tant par les monarchies du Golfe que par des puissances occidentales. C’est ainsi qu’une «Armée syrienne libre» [ASL, a été formée en Turquie composée de déserteurs de l’armée syrienne régulière, et de mercenaires] devait «libérer» la Syrie. Où est-elle cette armée? En outre, des jihadistes (représentant une pléthore de groupes islamistes à la solde du Qatar et de l’Arabie saoudite) mirent ces dernières années la Syrie à feu et à sang. Les uns et les autres échouèrent cependant à faire tomber le régime syrien. Cinq ans et demi plus tard, les choses semblent se clarifier avec l’intervention directe de la Turquie et des Etats-Unis sur le terrain en Syrie. Ce qui n’était qu’officieux est devenu officiel la semaine dernière, lorsque pour la première fois l’aviation syrienne a frappé des cibles des FDS kurdes à Hassaké. Ce jour, les Etats-Unis ont tombé le masque, mettant en «garde» Damas affirmant être «prêts à abattre» les avions (syriens) qui «menaceraient les troupes» de la coalition internationale «contre» Daesh. Les Etats-Unis jouent carte sur table: ses unités spéciales aident et conseillent sur le terrain les FDS. Les Etats-Unis qui, disent-ils, combattent Daesh, ont-ils sollicité l’autorisation de la Syrie pour agir sur son territoire? Il est permis d’en douter, puisque Washington est allé jusqu’à mettre en garde le régime de Damas, piétinant sans autre forme de procès la souveraineté de la Syrie. Le porte-parole du Pentagone, Peter Cook précise: «Nous allons défendre nos personnels sur le terrain, et faire le nécessaire pour les défendre» qui ajoute: «Nous continuons à conseiller au régime syrien de rester à l’écart de ces zones.» Ces «zones» sont des territoires syriens, donc occupés manu militari par des forces étrangères. De fait, Ankara a emboîté (mercredi) le pas à Washington en franchissant la frontière de la Syrie avec l’envoi de chars dans ce pays, avec dans leurs bagages des rebelles syriens. Erdogan, annonça lui-même la nouvelle, disant que ses forces «ont lancé une opération contre les groupes terroristes de Daesh et du PYD (Parti de l’Union démocratique, kurde)». La réaction de Damas à ces deux faits a été plutôt molle, admettant, in fine, son impuissance à défendre et protéger l’intégrité de son territoire. Dès lors, des questions se posent: la Syrie est-elle encore un pays souverain; dans l’ancien pays de Cham qui combat qui et surtout contre qui? D’autant plus, quand Washington demande à Damas de ne pas se mêler de ce qui se passe sur son territoire? Que fait et que va faire «l’homme fort» de Damas face aux outrages que subit son pays?

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