A Composite of Wall Street’s ‘Young Wolves’

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Portrait-robot des « jeunes loups » de Wall Street

Jeunes, audacieux, et parfois sans scrupules, ces traders en « culottes courtes » sont les nouvelles coqueluches des médias, qui rêvent de découvrir les nouveaux Soros.

Manuel E. Jesus, 19 ans, vient d’être condamné la semaine dernière à 1,5 million de dollars d’amende par le gendarme des marchés américains, la Securities and Exchange Commissions (Sec) pour avoir enjolivé les rendements qu’il mettait en avant pour attirer des clients. Sous un pseudonyme, il effectuait des recommandations sur des valeurs dans sa lettre, entre 2012 et 2014, alors qu’il n’était pas encore majeur. Et des recommandations sans lien avec ses investissements réels. Ce cas est loin d’être isolé, et la SEC surveille de près ces jeunes prodiges, qui ont tendance à prendre des libertés avec la loi.

Autodidactes et sans peur

Ces jeunes traders autodidactes, férus d’analyse technique, sont les enfants de la démocratisation de l’accès aux marchés et des avancées de la technologie. Ils ont leur club informel, le « leaders investment club », qui regroupe une centaine de jeunes traders et investisseurs, et fondé par Austin Schwab et Julian Marcheses, qui ont débuté leur trading vers l’âge de 10 ans… Ils spéculent depuis leur chambre d’adolescents, sous les regards parfois attendris et admiratifs de leur famille. C’est le cas de, Connor Bruggemann, 16 ans du New Jersey, qui, en moins d’un an, revendique avoir multiplié par 30 son capital de départ à 300.000 dollars en spéculant sur les petites valeurs, ou « penny stocks », de manière très risquée.

Prédisposition génétique, son père est un ancien trader du parquet du New York Stock Exchange. Il s’est d’ailleurs montré compréhensif quand l’école s’est plainte des ordres d’achat passés par son fils au milieu des cours. Les moins de 18 ans ne peuvent ouvrir un compte de trading en ligne sans l’autorisation de leurs parents. Ce seront ces derniers qui seront les responsables légaux en cas de pertes de leur progéniture… « Je ne surveille pas autant que je le devrais son compte Etrade », a admis au magazine « The Verge », le père de Connor Bruggemann, qui reste persuadé du talent de son fils et sens des responsabilités.

Talents précoces

Beaucoup de grands traders, à l’exception de George Soros, ont en effet été précoces. Michael Platt le fondateur de BlueCrest, qui s’est transformé ensuite en « family office » raconte que « dès l’âge de 12 ans, je recevais mon exemplaire « d’investors chronicle » et à 14 je connaissais la moindre statistique. Je me suis alors mis à acheter des actions au moment de leur introduction en bourse pour les revendre juste après. J’ai dû gagner entre 20.000 et 30.000 livres sterling » (1). Les jeunes traders restent une minorité. En Asie (Chine, Taiwan), les moins de 25 ans représentent autour de 3% des traders amateurs sur les sites de courtage en ligne. Selon l’enquête réalisée en 2014 par Havas Worldwide, seuls 2% des actionnaires individuels ont entre 18 et 24 ans, et 9% entre 25 et 34 ans. Après les valeurs technologiques lors de la bulle internet, les devises dans la deuxième partie des années 2000, les jeunes prodiges se rêvent aujourd’hui les descendants de Soros, et n’ont plus de tabous et limites (actions, dérivés, matières premières…).

Trop confiants et peu diversifiés

Sur les marchés à la criée, aujourd’hui en voie de disparition, la jeunesse était un atout pour résister aux longues heures de stress et d’activité. Seulement, la précocité a ses revers. En effet, selon la finance comportementale, plus les traders sont jeunes plus ils ont confiance en eux et prennent des risques, et sont peu diversifiés. Ils sont aussi plus actifs que les autres, ce qui explique que les courtiers en ligne les courtisent. Leur succès, mis en scène, est une publicité inespérée pour ces sites, qui en font leurs héros. Mais leurs histoires sont souvent trop belles pour être vraies. Ainsi Mohammed Islam, 17 ans, était présenté comme le nouveau petit génie du trading par la presse américaine qui s’extasiait de ses 72 millions de dollars gagnés en spéculant sur l’or et le pétrole. Cette histoire était finalement inventée de toutes pièces par un adolescent mythomane en manque de reconnaissance. A la différence de leurs aînés bien plus discrets, les jeunes traders recherchent autant la lumière médiatique que l’adrénaline du trading. Rachel Rox, la « desperate trader » , une ancienne actrice qui a fait des apparitions dans la série « Desperate Housewives », avait une autre passion dévorante, le trading d’actions. A 16 ans, elle revendiquait d’excellentes performances et a lancé son site de conseil foxonstocks.com qui se dit « guidé par le pouvoir de la pop culture »…

(1)« Les magiciens des hedge funds », Jack Schwager, Valor editions

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