https://www.letemps.ch/opinions/2016/10/24/defis-attendent-hillary-clinton
François Nordmann
Publié lundi 24 octobre 2016 à 11:55.
Les défis qui attendent Hillary Clinton
Si elle accède à la présidence, la candidate démocrate arrivera aux commandes dans un climat de tension qui aura rarement été aussi marqué. L’un de ses dossiers prioritaires devrait être la Chine, anticipe notre chroniqueur François Nordmann
Avant la fin de l’année la nouvelle présidente des Etats-Unis devrait choisir les principaux membres de son équipe, notamment dans le domaine de la politique étrangère, de la sécurité et de la défense.
Anciens diplomates, tels que William Burns ou son homonyme Nicholas Burns ou encore Wendy Sherman, enseignants ou collaborateurs de think tanks qui rongent leur frein, elle recrutera un secrétaire d’Etat, un directeur du Conseil national de sécurité, un ou une ministre de la Défense expérimenté en qui elle a confiance. Voudra-t-elle d’un ancien collègue sénateur ou d’un républicain modéré? Gardera-t-elle un des titulaires actuels par souci de continuité? C’est un vrai suspense…
La Chine en tête des problèmes
Rarement une relève n’aura eu lieu dans un climat de tension aussi marqué. La relation avec la Russie, notamment autour de la Syrie et de l’Ukraine, avec la Chine, à commencer dans la mer de Chine du Sud et de l’Est, les provocations de la Corée du Nord sont autant de points chauds qui requerront une attention immédiate dès la prestation de serment le 20 janvier prochain.
Robert Gates, ancien ministre de la Défense s’exprimant le mois dernier dans le «Wall Street Journal» mettait la Chine en tête des problèmes de politique étrangère qu’il s’agira d’affronter. Les hommes d’affaires américains en Chine, dit-il, sont en proie à une hostilité croissante, sans parler de l’espionnage électronique et des vols de propriété intellectuelle. La revendication unilatérale de souveraineté sur les eaux et les récifs du voisinage augmentent le risque d’une confrontation militaire.
Talent diplomatique et politique très pointu
L’élu devra disposer très rapidement d’une stratégie claire et faire la preuve d’un talent diplomatique et politique très pointu pour s’affirmer sans envenimer la situation. Eviter un conflit majeur avec la Chine, maintenant ou dans trente ans, est une préoccupation majeure du président Obama. Quand elle était secrétaire d’Etat, Hillary Clinton a été l’un des artisans du rééquilibrage de la politique américaine vers l’Asie. L’annonce d’un renversement d’alliance faite à Pékin par le président Duterte des Philippines est un revers pour les Etats-Unis, même si ce n’est peut-être pas le dernier mot en la matière vu le caractère fantasque du personnage.
Lire aussi: Les Philippines pivotent vers la Chine
L’Iran et la Corée du Nord sont des ennemis déclarés des Etats-Unis. Mme Clinton, favorable à l’accord nucléaire, devra sans doute réagir rapidement aux menées subversives de l’Iran, qui cherchera à l’embarrasser – au prix d’une confrontation navale dans le golfe Persique où la marine iranienne a doublé ses opérations depuis une année.
La Corée du Nord ne sera pas en reste quand il s’agira de tester la détermination de la nouvelle administration face à son chantage nucléaire.
Rapports d’emblée compliqués avec la Russie
Avec la Russie, les rapports seront d’emblée plus compliqués par un facteur personnel. Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov n’a jamais caché qu’il avait peu d’estime pour celle qui était sa collègue américaine, opinion partagée par le président Poutine.
Comment faire cesser les menées agressives des responsables russes tout en poursuivant malgré tout une coopération fructueuse avec eux sur les grands défis mondiaux – changement climatique, lutte contre le terrorisme, contrôle des armements, non-prolifération nucléaire, guerre en Syrie?
Un adversaire proprement incorrigible
M. Gates considère que Mme Clinton a, tout comme son adversaire, un problème de crédibilité en politique étrangère. Elle s’est fourvoyée en Libye où elle a soutenu le changement de régime par la force sans anticiper le chaos qui a suivi, créant une situation comparable à celle de l’Irak en 2003. Pourtant elle n’a pas ménagé ses critiques au président Bush à ce propos, alors même qu’elle a voté en son temps pour l’intervention…
Elle s’en prend aujourd’hui à des accords de commerce qu’elle a approuvés au départ. Elle devrait préciser ses positions. Car elle a la capacité d’apprendre de ses fautes, à la différence de son adversaire qui est proprement incorrigible.
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