The Tower of Babel

Published in Le Devoir
(Canada) on 21 January 2017
by Élisabeth Vallet (link to originallink to original)
Translated from by Elona Ritchie. Edited by Helaine Schweitzer.
After its disorganized entrance into office, the new government will need to improvise. Though Barack Obama's last press conference was benign, he weighed his words: "[Being president of the United States] is a job of such magnitude that you can't do it by yourself.” He added that the new president will no doubt need to rely on his team to deal with complex issues.

Decisions will be made in the West Wing, with Donald Trump, of course, and especially with his advisers.

On Friday, the United States turned the page on an intellectual president who called upon a plurality of advisers and let them debate; he tackled issues by considering their complexity during a sometimes (too) long process, and refused to throw himself into the fray of domestic politics and haggling with Congress.

The transition process was completed on Friday with the transfer of power, which confirmed an unsettling feeling: Trump hadn't planned to occupy the White House any more than George W. Bush had planned to invade Iraq. You can't start with a plan to bring a cable news network into the Oval Office within the first 24 hours.

Improvisation

The Trump team had to improvise and could only deploy beachheads in various departments (536 people), as it couldn't replace 4,000 White House staffers. In crucial areas like national security, the Trump team decided to keep more than 50 key personnel from the Obama administration, such as Deputy Secretary of Defense Robert Work and Director of the National Counterterrorism Center, Nicholas Rasmussen.

Improvisation was evident during Senate hearings for cabinet members, which also revealed the incoming government's incoherence. It's how Betsy DeVos could justify the presence of guns in Wyoming schools because of grizzlies, and how she didn't know anything about the program for children with learning disabilities in public schools; and it’s why Rex Tillerson couldn't answer Sen. Marco Rubio's questions about the situation in the Philippines or Iran's nuclear program.

The hearings also demonstrated the ideological gulf among cabinet members, and the dissonance between the president's new team and the Republican Party. But significant tension also exists between the "secretaries" and advisers in the West Wing.

Some unfilled Pentagon positions are behind the disagreement between James Mattis, who was confirmed by the Senate a few days ago, and Steve Bannon and Jared Kushner on the advisory team. It's hard to believe that economist Peter Navarro, head of the National Trade Council, won't butt heads with the billionaires' club, even though the latter appointees barely have any more government experience than the president they're serving.

’We're Going to Be OK’

"We're going to be OK," Obama said last Wednesday. But if one crisis follows another, the government could sink within a deleterious environment. U.S. politics, by their very nature, are unpredictable. New and different enemies appear one after the other; the distinction between foreign and domestic politics is sometimes blurred; issues can become increasingly volatile.

A president can react to unforeseen situations by depending on the intuition and experience of seasoned advisers, and by using a real decision-making process that takes different opinions into account.

In 1962, Kennedy chose Khrushchev's informal channels rather than official ones during the Cuban Missile Crisis, barely avoiding a nuclear showdown. On that note, scientific studies show that a president's personality and administrative style are important factors.

Two Consequences

There are two consequences to this institutional cacophony. Policies may, particularly during crises, be completely improvised, and advisers may fight each other when faced with a narcissistic, centralizing president. Some may leave and never look back, while others become omnipotent.

Because some can't have their voices heard at the top and show the cabinet the complexity of an issue, the bureaucratic Tower of Babel can find other outlets. The Washington Post, by reorganizing its team, and The New York Times, by devoting a page of its website to secure communications with its reporters, have seized the opportunity.

Cast aside by an agitator-in-chief while they are still investigating his election, the FBI and CIA will offer neither allegiance nor loyalty, much like during the Nixon years. The tweeting government will react to the undisciplined government's leaks.




Marqué par une entrée en fonction désorganisée, le nouveau gouvernement devra improviser. C’était une phrase anodine au cours de sa dernière conférence de presse, mais les mots prononcés par Barack Obama étaient soupesés : « La tâche [qui attend le président] est d’une telle ampleur qu’il ne peut l’accomplir seul. » Devant la complexité des enjeux, ajoutait-il, nul doute que le nouveau président devra se reposer sur son équipe.

Car c’est dans l’aile Ouest que les décisions vont se prendre. Avec Trump, bien sûr. Et surtout ses conseillers.

Vendredi, l’Amérique a tourné la page sur un président cérébral qui faisait appel à une pluralité de conseillers, les laissant débattre ; il tranchait en ayant pris la mesure de la complexité des enjeux, au terme d’un processus parfois long — trop long —, en renonçant à se jeter dans la mêlée en politique intérieure et à marchander avec le Congrès.

Dans le même temps, le processus de transition qui s’est achevé vendredi avec la passation des pouvoirs a confirmé une intuition entêtante : Trump n’avait pas plus prévu d’occuper la Maison-Blanche que W. avait pensé l’occupation de l’Irak. Or, on ne passe pas, en 24 heures, d’un plan visant à mettre en place une chaîne de nouvelles câblée au bureau ovale.

L’improvisation

Dès lors, l’équipe Trump a dû improviser et n’a pu déployer que des têtes de pont dans les différents ministères (536 personnes), à défaut de pouvoir remplacer les 4000 agents qui relèvent du politique. Elle a même dû se résoudre, dans des domaines cruciaux comme la sécurité nationale, à maintenir en poste plus de 50 personnes clés du gouvernement Obama, tels le secrétaire adjoint à la défense, Robert Work, ou encore le directeur du Centre national de contre-terrorisme, Nicholas Rasmussen.

Le sentiment d’improvisation est similaire avec les auditions des membres du cabinet devant le Sénat, qui ont trahi les incohérences du gouvernement. C’est ainsi que Betsy DeVos a pu justifier la présence des armes dans les écoles du Wyoming en raison des grizzlis, et ignore tout du programme pour les enfants présentant des difficultés d’apprentissage dans les écoles publiques ; ou encore que Rex Tillerson n’a pu répondre aux questions du sénateur Rubio sur la situation aux Philippines ou le nucléaire iranien.

Les auditions ont également fait état de profondes divergences idéologiques entre les membres du cabinet et des dissonances entre la nouvelle équipe présidentielle et le Parti républicain. Mais il y a aussi des discordances importantes entre les « ministres » et les conseillers dans l’aile Ouest.

Ainsi, certains sièges non pourvus au Pentagone seraient liés au désaccord entre Mattis, confirmé par le Sénat il y a quelques jours, et l’équipe de conseillers — avec Steve Bannon et Jared Kushner. Il est difficile d’imaginer que l’économiste Peter Navarro, qui prend la tête du National Trade Council, ne va pas heurter le club des milliardaires, même si ces derniers n’ont guère plus d’expérience de gouvernement que le président qu’ils entourent.

« Tout ira bien »

« Tout ira bien », a dit Barack Obama mercredi dernier… Mais, au fil des crises, le gouvernement pourrait s’abîmer dans un climat délétère. Car la politique américaine est par définition imprévisible. Les ennemis se succèdent et ne se ressemblent pas, la distinction entre politique externe et interne est parfois floue, les enjeux sont parfois plus volatils.

Un président qui aura su s’entourer de conseillers d’expérience, et qui aura mis en place un véritable processus décisionnel visant à trier les différentes options, va pouvoir réagir à un imprévu en se fiant à l’intuition, aux expériences de ses conseillers.

On se souviendra qu’en 1962, Kennedy avait privilégié les canaux officieux de Khrouchtchev plutôt que le canal officiel lors de la crise des missiles de Cuba, évitant de justesse une confrontation nucléaire. Dans ce sens, la recherche scientifique montre combien la personnalité du président et son mode de gestion sont déterminants…

Deux conséquences

Il y a deux conséquences à cette cacophonie institutionnelle. Le risque est que les politiques, notamment en période de crise, soient totalement improvisées, que, face à un président narcissique et centralisateur, les conseillers s’affrontent. Que certains claquent la porte, tandis que d’autres deviennent omnipotents.

La seconde tient au fait qu’à défaut de pouvoir faire percoler leurs points de vue au sommet, de pouvoir présenter la complexité des enjeux au cabinet, la tour de Babel bureaucratique va se trouver d’autres exutoires : The Washington Post, en réorganisant son équipe, et The New York Times, en consacrant une page de son site Web aux moyens de communication sécurisés avec ses reporters, ont saisi la balle au bond.

Mis à l’index par un président provocateur, alors qu’ils enquêtent encore sur son élection, le FBI et la CIA n’auront ni allégeance ni fidélité, rappelant les années Nixon. Au gouvernement par tweets répondront les fuites d’un gouvernement indiscipliné.
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