La justice pour neutraliser Donald Trump
Il a beau dénigrer la justice, le président des Etats-Unis a dû faire face à un sérieux revers jeudi: son décret anti-immigration reste inapplicable. Son obstination est toutefois inquiétante, estime notre correspondante aux Etats-Unis Valérie de Graffenried
La bataille juridique n’est peut-être pas terminée, mais Donald Trump vient bien d’essuyer un important revers jeudi soir. Son décret anti-immigration, qui a semé panique et chaos, reste suspendu et donc inapplicable. Avec cette décision de la Cour d’appel de San Francisco, le président des Etats-Unis va finir par se rendre compte que sa toute-puissance a des limites: il n’est ni au-dessus des lois, ni au-dessus de la Constitution. Il est parfois nécessaire de le lui rappeler
La décision est d’autant plus importante qu’elle touche la mesure la plus emblématique de sa présidence. Ce décret, qui voulait notamment interdire aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane de fouler le sol américain, est non seulement profondément discriminatoire et arbitraire, mais il est aussi dangereux. Il attise inutilement la peur et la haine. Aucun ressortissant des pays visés n’a, il faut le rappeler, jamais commis un attentat sur sol américain.
Déclarations contradictoires
Ces derniers jours, l’administration Trump a slalomé, alors que la contestation grondait toujours plus. Elle s’est répandue en déclarations contradictoires, et ses tentatives erratiques pour lutter contre la suspension provisoire des mesures n’ont fait que mettre leurs impacts négatifs en exergue.
Pire, Donald Trump a été jusqu’à s’en prendre au juge Robart, à l’origine de la suspension provisoire. En laissant entendre, de façon menaçante, qu’il serait responsable en cas d’attentat. Ces propos, qui piétinent le principe de la séparation des pouvoirs, sont inacceptables. Même le conservateur Neil Gorsuch, nommé par Donald Trump pour devenir le neuvième juge de la Cour suprême, a jugé ses attaques contre les juges «décourageantes» et «démoralisantes».
Dans son obstination, le nouveau locataire de la Maison-Blanche va jusqu’à prétendre que la fermeture temporaire des frontières est une prérogative absolue du président des Etats-Unis. Faux, ont dû lui rétorquer les juges jeudi. En arriver là ne fait que confirmer à quel point la présidence Trump se présente sous des auspices inquiétants.
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