Publié le 04 juillet 2017 à 05h00 | Mis à jour le 04 juillet 2017 à 05h00
Trump, Twitter et la lutte professionnelle
C’est à la fois surréel et franchement pathétique : dimanche, le président des États-Unis a relayé, sur son compte Twitter, une vidéo où on le voit projeter un homme sur le sol et le rouer de coups.
La vidéo, tournée en 2007 lors d’un gala de lutte professionnelle, a été altérée. Le visage de l’homme est recouvert par le logo du réseau CNN.
Venant d’un politicien qui a qualifié certains grands médias américains d’« ennemis du peuple américain », la diffusion de cette vidéo ne surprend malheureusement pas.
Elle étonne encore moins lorsqu’on se rappelle que Donald Trump a déjà, lors de ses rassemblements, incité ses partisans à la violence.
Cela dit, même si de tels tweets ne nous laissent plus bouche bée, il est crucial de continuer à s’en offusquer et de les dénoncer.
C’est d’ailleurs ce que les politiciens américains, démocrates et républicains, ont fait la semaine dernière lorsque Donald Trump a insulté deux animateurs du réseau MSNBC, Joe Scarborough (un ancien élu républicain) et Mika Brzezinski. L’un a été traité de « psychopathe » et l’autre, de « folle au faible QI » dont le président aurait aperçu le visage ensanglanté après une chirurgie plastique.
Même si revenir sur ces sorties intempestives peut sembler redondant, les passer sous silence serait une erreur. Cela aurait pour effet de les normaliser encore un peu plus.
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« C’est un jour triste quand le président des États-Unis encourage la violence contre des journalistes », a répliqué CNN après la diffusion par Donald Trump de la vidéo controversée. C’est, en effet, affligeant.
Précisons ici que l’idée n’est pas de mettre à l’abri les journalistes de toute critique. CNN a d’ailleurs reconnu avoir erré, la semaine dernière, après la publication d’un article selon lequel le Sénat américain enquêtait sur des liens présumés entre des proches de Donald Trump et un fonds d’investissement russe. Trois journalistes ont dû quitter le réseau après cette controverse.
L’idée est plutôt que ceux qui traitent les journalistes d’ennemis ne sont généralement pas des amis de la démocratie et de la liberté d’expression.
L’idée est, aussi, que les Américains n’ont pas voté pour un lutteur qui rêve d’en découdre dans un ring avec ceux qui ne font pas ses quatre volontés (journalistes ou pas). Ils ont voté pour un président qui leur a promis de « rendre à l’Amérique sa grandeur ». Et jusqu’ici, le retour sur leur investissement n’est pas très élevé.
Parmi les ténors républicains qui ont condamné le président la semaine dernière, la sénatrice de l’Alaska Lisa Murkowski y a fait référence. « Voulez-vous qu’on se souvienne de vous en raison de vos tweets ou de vos accomplissements ? », lui a-t-elle demandé.
Donald Trump a répondu à ces critiques par un autre pied de nez. « Mon usage des réseaux sociaux n’est pas présidentiel – il est PRÉSIDENTIEL MODERNE », a-t-il écrit. Mais les insultes et l’intimidation n’ont rien de présidentiel ni de moderne.
Ceci étant dit, on voit mal pourquoi Donald Trump cesserait de s’en prendre aux médias. Son acharnement frôle l’obsession. Il est donc crucial, chaque fois, de rappeler à quel point son comportement est inadmissible et de le dénoncer haut et fort.
«« Les Américains n’ont pas voté pour un lutteur qui rêve d’en découdre dans un ring avec ceux qui ne font pas ses quatre volontés. »»
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