Les premières armes de Donald Trump contre les communautés LGBTQ+
De manière tout à fait inattendue cette semaine, Donald Trump, par le biais de son compte Twitter, a interdit aux personnes trans de servir dans l’armée. La raison évoquée pour pareille interdiction a été la suivante : l’armée n’a pas les moyens financiers d’avoir des personnes trans dans ses rangs, suggérant du même souffle que leur présence est (traduction libre) « perturbante ». L’actuel président des États-Unis a surpris beaucoup de monde avec cette sortie publique puisque, lors de sa campagne électorale, ce dernier s’était montré plutôt sympathique à l’égard des communautés LGBTQ+ (lesbiennes, gais, bisexuels, trans et queer), tentant d’obtenir des votes de cet électorat précis. On se souvient notamment de cette photo où il brandit le drapeau arc-en-ciel et de ses propos incendiaires sur sa rivale de l’époque Hillary Clinton en lien avec les enjeux LGBTQ+. Il est alors aisé de se demander : pourquoi cette volte-face, et pourquoi maintenant ?
D’une part, cette décision fait suite à un interminable débat politique au Capitole pour déterminer si ce sont aux contribuables de payer pour la transition des personnes trans qui travaillent dans l’armée (incidemment aux services militaires via un programme estimé à des millions de dollars). Or, en prenant la décision de bannir les personnes trans de l’armée, Trump met fin au débat rapidement.
En effet, il n’y a plus lieu de discuter de la mise sur pied du programme ou de la provenance des fonds si ces personnes ne peuvent tout simplement plus servir dans l’armée. Il va sans dire que le commandant en chef de l’armée américaine (Donald Trump) ne nous a pas habitués à beaucoup de nuances de gris depuis le début de son mandat. D’autre part, avec les difficultés (pour ne pas dire l’échec cuisant) du « Trumpcare » et son incapacité à obtenir un fort appui au Sénat pour sa réforme de la santé, Trump se replie sur un des seuls pouvoirs qui relèvent de l’exécutif et qui ne l’obligent pas à devoir chercher des appuis au sein des autres paliers de gouvernance : l’armée. Ce faisant, il peut plaire rapidement et facilement à une frange de son électorat jusqu’ici déçu par l’incapacité du président à respecter son plus important engagement électoral : le remplacement de l’Obamacare.
Implications symboliques
Malheureusement pour Trump, la politique n’est pas toujours un jeu à somme nulle. Ce type de calcul stratégique (s’il en est un évidemment) s’accompagne d’implications symboliques désastreuses pour les communautés trans qui dépassent largement les frontières américaines. Le président des États-Unis, en quelques mots, a légitimé la haine envers une partie de sa propre population, et exclu des citoyennes et des citoyens sur la base de leurs non-conformités de genre à leur assignation « biologique ».
Cette semaine, Donald Trump a créé de la détresse et de la peur chez de nombreuses personnes trans du pays, dans l’armée et en dehors de l’armée. Il a semé la haine, il a propagé l’ignorance (aucune explication autre que le terme incendiaire « disruption »), il a, une fois de plus, démontré avec beaucoup de véhémence son absence de sensibilité envers tout ce qui ne lui ressemble pas. Or, cette stratégie politique omet un élément incontournable tiré des leçons de l’histoire : Donald Trump peut détenir le pouvoir, mais ce sont les communautés LGBTQ+ qui détiennent le courage. S’il fait ses premières armes en politique actuellement, les communautés LGBTQ+, elles, n’en sont pas à leurs premières batailles. Contrairement à Trump, le gain potentiel n’est pas le positionnement sur l’échiquier politique, c’est le principe même de l’inclusion qui sera défendu. Et sur le terrain des principes, c’est bien connu, l’actuel président américain est déjà vaincu.
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