Toujours dans l’excés, le président américain Donald Trump abuse des gestes affirmant son pouvoir et son influence. Sans se soucier du ridicule…
La vidéo a fait la joie des internautes. On y voit le président américain, lors d’un récent sommet de l’Alliance atlantique, agripper l’épaule droite du Premier ministre monténégrin, Dusko Markovic, le bousculer et l’écarter de son chemin pour mieux apparaître au centre de la photo.
LIRE AUSSI >> Donald Trump: un mandat au point mort
Markovic est-il une victime de la politique de Donald Trump, parfois résumée par le slogan “L’Amérique d’abord” (“America First”)? Oui et non. L’hôte de la Maison-Blanche semble surtout relever d’un profil psychologique bien particulier. Celui des mâles alpha.
“Toujours dans l’excès, et toujours à son avantage”
Pour les zoologistes, notamment, ce terme fait référence à un individu dominant qui manifeste un sentiment de supériorité et de confiance en soi sans bornes. Peu habité par le doute, le mâle alpha a une âme de leader. Tenace et respecté par ses pairs, il estime réussir dans tout ce qu’il entreprend… même s’il lui arrive d’échouer!
Une telle grille de lecture éclaire le parcours du président et certaines de ses outrances. Dès le début de sa campagne électorale, en effet, Donald Trump s’est affirmé comme un homme inflexible, qui refusera toujours de transiger dans quelque domaine que ce soit.
Par son utilisation d’un vocabulaire simple comme par son apparence physique, il incarne moins le pouvoir qu’il n’exprime, volontairement ou non, une sorte d’abus de pouvoir. “Les anciens grands noms de la politique considérés naguère comme des ‘mâles alpha’ seraient heurtés par la manière dont Trump se comporte: toujours dans l’excès, et toujours à son avantage”, estime Jennifer Lawless, professeure à l’American University de Washington. A 71 ans, ses cheveux blonds et son faux bronzage le distinguent d’emblée de ses prédécesseurs. Son choix d’une cravate rouge, couleur du sang et du feu, souligne son tempérament agressif.
Une gestuelle agressive devenue caricaturale
Et que dire de son langage corporel! L’une de ses manies les plus récurrentes consiste à pointer du doigt, même lors d’une rencontre en tête-à-tête. Souvent mal vu, ce geste est évité par les orateurs car il peut être interprété comme accusatoire. Mais Trump désigne volontiers du doigt sa femme, Melania, le président russe, Vladimir Poutine, ou encore son prédécesseur, Barack Obama.
Chez lui, l’index tendu traduit le plus souvent une mise en cause agressive, mais il peut aussi refléter une forme de complicité… “Les politiciens étrangers qui font la connaissance de Donald Trump observent sa gestuelle particulière et en déduisent certains aspects de sa personnalité”, estime Marcus Holmes, politologue et auteur d’une récente étude sur l’importance des émotions dans la diplomatie internationale.
Déjà réputé pour ses poignées de main vigoureuses, le président américain est aussi un grand pratiquant de la tape virile dans le dos -une salutation interprétée comme un mouvement condescendant qui place l’interlocuteur dans une position inférieure. Lors d’une rencontre avec Mitt Romney, le républicain candidat à la présidentielle de 2012, il a employé cette technique plus de 11 fois en treize secondes…
Utilisée de manière consciente ou non, la gestuelle de Trump est de venue répétitive et perd de son effet, au point de devenir caricaturale. Dans ce domaine aussi, le président des Etats-Unis gagnerait à apprendre les règles du jeu.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.