Donald Trump and the Iran Nuclear Deal, Another Failure of American Leadership

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Donald Trump et le nucléaire iranien, une autre faille du leadership américain

Peu après ses fracassantes déclarations contre la Corée du Nord, le président Trump s’y remet, cette fois prenant pour cible l’accord sur son programme nucléaire négocié avec la République iranienne. Au-delà de l’intimidation géopolitique pure et simple, la décertification de l’accord atteint un nouvel abysse d’irresponsabilité politique…

C’est à coup de déclarations à demi voilées que le président, accompagné des acteurs principaux de l’état-major américain, annonçait, la semaine dernière, le « calme avant la tempête ». Bien que les apparences laissent croire qu’il s’apprêtait encore à s’en prendre au régime nord-coréen, Trump a décidé de ne pas certifier l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien et d’ainsi laisser au Congrès le soin de décider des prochaines étapes. Les prochains mois pourraient voir les États-Unis tenter d’amender l’accord, de reprendre des sanctions contre l’Iran, ou encore, dans la présente lignée, de tout simplement se désengager de tout leadership. L’accord, négocié en 2015 entre les membres permanents du Conseil de sécurité — garants de la paix internationale —, l’Union européenne et la République iranienne, prévoyait une mise en action limitant les capacités militaires du programme nucléaire iranien.

Il y a deux semaines, certains médias annonçaient déjà que Trump allait contredire ses principaux conseillers à la sécurité nationale (dont Jim Mattis, secrétaire à la Défense, et Rex Tillerson, secrétaire d’État, qui ont depuis réitéré leur soutien à l’accord) et déclarer l’accord contraire à la sécurité nationale américaine, ce qu’il a confirmé en conférence de presse vendredi dernier. Bien que le retrait américain de sa certification à l’accord négocié entre sept États ne puisse pas unilatéralement mettre fin à celui-ci, cet acte pourrait faire reconsidérer certains autres acteurs, notamment le principal intéressé, l’Iran, et un autre caillou dans la botte américaine, la Corée du Nord.

La nouvelle stratégie américaine sur l’Iran, annoncée jeudi dernier, prévoit une posture plus robuste contre le régime iranien, notamment quant à son « influence déstabilisante » dans la région, et entrevoit aussi de s’en prendre directement aux Gardiens de la révolution. Le gouvernement américain prévoit inscrire l’organe sécuritaire iranien à sa liste des organisations terroristes. Le point central et problématique de cette stratégie, toutefois, est qu’elle risque de mener, après un vote du Congrès (où les républicains sont en majorité) tenu dans les 60 jours, à une reprise des sanctions américaines contre le régime iranien. Une reprise des sanctions mènerait possiblement à une sortie de l’accord par le régime iranien, à l’expulsion des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA, le seul observateur externe sur le programme iranien) et à une reprise du programme nucléaire préaccord.

Sécurité mondiale

Ce genre de politique risque malheureusement de mener à un durcissement de la position iranienne. Déjà, avant l’annonce officielle de la position américaine la semaine dernière, les médias iraniens faisaient circuler une photo montrant le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, et le commandant des Gardiens de la révolution, le général-major Mohammad Ali Jafari, représentant respectivement les ailes modérée libérale et radicale conservatrice du gouvernement iranien, dans une étreinte amicale. En effet, historiquement, des pressions externes belliqueuses ont souvent mené en Iran à des alliances entre diverses factions autrement opposées afin de faire face à la menace. Une tombée de l’Accord de Vienne signalerait malheureusement une volte-face de la politique réformiste d’ouverture du gouvernement Rohani vers une position belligérante dictée par les éléments plus radicaux et conservateurs, à saveur Ahmadinejad. En effet, Zarif affirmait justement sur Twitter, dimanche, que les « Iraniens — garçons et filles, hommes et femmes — sont des Gardiens de la révolution ».

Mais encore, le rejet de la certification de l’accord sur les bases du non-respect de ses obligations par l’Iran, une position démentie par l’AIEA, ne risque pas de mener, surtout en cas de sanctions, à une détente des tensions régionales. En effet, le rejet de l’accord s’inscrit dans la vision prônée par le premier ministre israélien Nétanyahou, bien connu pour sa politique antagoniste quant au régime iranien. Selon le président Rohani, les États-Unis, en ne certifiant pas l’accord, ne s’opposeraient pas uniquement à l’Iran, mais à une décision du Conseil de sécurité, à l’Union européenne et au monde entier.

Mais cette faille de la diplomatie américaine ne s’arrête pas là. Cette dynamique s’inscrit aussi dans le profil de la crise nord-coréenne, dans laquelle Trump doit absolument faire appel à Pékin et Moscou, deux alliés de longue date de Téhéran et catalyseurs de l’Accord de Vienne, pour contrebalancer les actions du loup solitaire de Pyongyang, face auquel le gouvernement américain est à court de moyens. Le rejet de l’accord iranien envoie d’autant plus un fort signal à Pyongyang, c’est-à-dire que les États-Unis n’ont rien à faire ni du droit international ni d’une politique concertée avec ses alliés pour une détente des tensions. En effet, les éléments clés de la sécurité internationale étant la fiabilité et la crédibilité des acteurs en cause, Trump, par ses actions erratiques, constitue de plus en plus une menace à la sécurité mondiale.

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