In Trump They Trust

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En Trump, ils croient

Une ovation.

C’est ce qu’ont offert les sénateurs républicains à Donald Trump à la fin du mois d’octobre alors qu’il s’était déplacé dans l’enceinte du Congrès américain pour les rencontrer.

Cet accueil chaleureux a été remarqué. Entre autres parce que Donald Trump venait de manger une véritable volée de bois vert, bien méritée, de la part d’un des sénateurs : Bob Corker, du Tennessee.

Selon ce politicien respecté, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, Donald Trump est un incompétent qui risque fort de mettre les États-Unis « sur le chemin de la Troisième guerre mondiale ».

Bob Corker n’est pas le seul sénateur républicain à avoir critiqué le président au cours des dernières semaines. John McCain et Jeff Flake, deux sénateurs de l’Arizona, ont également croisé le fer avec Donald Trump.

Ce sont toutefois, il est important de le préciser, des exceptions qui confirment la règle. Les membres républicains du Congrès américain qui osent pourfendre le président sont rares. Très rares.

C’est tragique. Mais c’est compréhensible.

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Le chroniqueur conservateur du New York Times, David Brooks, a expliqué pourquoi Donald Trump, au Sénat, a reçu un traitement digne d’une rock star. « Les sénateurs qui ont accueilli Trump sur la colline du Capitole ont vu un président si répétitif et incohérent que certains ont pensé qu’il souffrait peut-être d’un début d’Alzheimer. Mais ils savent de quel côté le vent souffle », a-t-il écrit.

Chez les électeurs républicains, Donald Trump a encore le vent en poupe. Ses idées, aussi aberrantes soient-elles, continuent de plaire.

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si deux des trois sénateurs qui l’ont critiqué le plus durement ces dernières semaines (Bob Corker et Jeff Flake) ont annoncé leur retraite de la vie politique. Ils peuvent se vider le coeur. Ils n’ont plus rien à perdre.

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Donald Trump a promis de « rendre à l’Amérique sa grandeur ». Au cours des 12 derniers mois, il a plutôt prouvé qu’il n’est pas l’homme de la situation.

Son amateurisme a été aussi évident que son narcissisme. Son populisme a été aussi éhonté que sa démagogie. Et que dire de son mépris pour la démocratie, pour l’État de droit et pour la vérité.

Il aurait pu se garder une petite gêne et cesser de distribuer les insultes à gauche et à droite. Il aurait pu éviter les commentaires flirtant avec le racisme. Il n’a fait ni l’un ni l’autre.

Tout ça a eu un impact sur sa cote de popularité, bien sûr. La plupart des sondages effectués récemment montrent que son taux de satisfaction se situe sous la barre des 40 %.

Mais si Donald Trump est affaibli, il est loin d’être au tapis. Principalement parce que bon nombre d’électeurs républicains demeurent fidèles. Une large majorité d’entre eux, sondage après sondage, disent être satisfaits de leur président. Et ils disposent maintenant de nombreux médias – Fox News en tête – qui en vantent les mérites et continuent de diaboliser… Hillary Clinton. Ils s’informent aussi sur des réseaux sociaux – Facebook en tête – qui les confortent dans leur opinion.

Il est donc prudent de se méfier des sondages qui prennent le pouls de l’ensemble de la population américaine. Ils ne révèlent qu’une partie de la vérité. Un an après l’élection de Donald Trump, des dizaines de millions d’Américains croient encore en lui. Ils n’en démordent pas. C’est à la fois troublant et démoralisant.

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