Des effluves de Poutine
L’ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a plaidé non coupable hier aux nombreuses accusations découlant de l’enquête sur une possible collusion entre l’équipe Trump et la Russie.
C’est presque devenu un tic : quand Donald Trump est dans l’embarras, il tente de diaboliser Hillary Clinton.
C’est d’ailleurs ce qu’il a fait hier, sur Twitter, lorsque le procureur spécial américain sur la Russie a mis en accusation trois membres de l’équipe de campagne du candidat républicain.
« Pourquoi ne met-on pas l’accent sur Hillary la malhonnête et les démocrates ? ? ? ? ? », a répliqué le président américain. Comme tentative de faire diversion, on aura vu mieux.
Car c’est Donald Trump et non Hillary Clinton qui a engagé Paul Manafort et en a fait le directeur de sa campagne pendant trois mois en 2016.
Ce vieux routier de la communication politique et son associé, Richard Gates, ont été accusés hier d’avoir empoché des dizaines de millions de dollars sans les déclarer au fisc.
Ces sommes ont été versées par l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Ce proche de Vladimir Poutine était conseillé par Paul Manafort. La relation entre ce proche de Vladimir Poutine et Paul Manafort avait depuis longtemps été documentée. Et Donald Trump peut bien dire n’avoir rien à voir avec cette histoire, il savait très bien à qui il avait affaire lorsqu’il a embauché ce sulfureux lobbyiste.
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Par ailleurs, c’est aussi Donald Trump et non Hillary Clinton qui comptait parmi ses conseillers en matière de politique étrangère un jeune chercheur et consultant prénommé George Papadopoulos.
Cet homme a aussi été mis en accusation hier. On lui reproche d’avoir menti aux enquêteurs du FBI. Ce qu’il a tenté de dissimuler est crucial : il a eu de multiples contacts avec certains individus proches du gouvernement russe. Notamment :
– Un « professeur » britannique qui lui disait avoir « de quoi salir » Hillary Clinton, faisant explicitement référence à « des milliers de courriels » de la candidate démocrate.
– Une femme, présentée à George Papadopoulos – erronément, semble-t-il – comme la nièce de Vladimir Poutine.
Parmi les autres détails troublants révélés hier, on apprend que George Papadopoulos aurait parlé de ces échanges avec ses sources russes à ses supérieurs au sein de l’équipe Trump à plusieurs reprises. Il les tenait entre autres au courant de ses efforts pour organiser une rencontre « historique » entre des représentants du gouvernement russe et des membres de la campagne du candidat. « Bon travail », lui a dit l’un de ses répondants.
Des révélations qui confirment, une fois de plus, qu’il y avait un enthousiasme aussi réel que malsain chez certains membres de l’entourage du président républicain à l’idée d’une éventuelle « coopération » avec les proches de Vladimir Poutine. Afin de vaincre Hillary Clinton et de s’emparer de la Maison-Blanche.
George Papadopoulos voulait même une rencontre entre le candidat républicain et Vladimir Poutine. Il a fait cette déclaration lors d’une importante réunion de l’équipe de « sécurité nationale » de Donald Trump, à laquelle ce dernier participait, en mars 2016.
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Soyons clairs : cela ne signifie pas qu’il y a eu collusion entre le Kremlin et l’équipe Trump. Il n’y a pas encore de preuves à cet effet.
En revanche, il est renversant de voir Donald Trump s’entêter à balayer du revers de la main ou à minimiser les accusations, allégations et autres preuves quant aux contacts entre son équipe et des représentants du régime russe. C’est un spectacle de plus en plus affligeant.
Les accusations d’hier prouvent à quel point l’enquête du procureur spécial Robert Mueller ne relève en rien d’une « chasse aux sorcières », contrairement à ce qu’en pense le président américain.
«33 %
C’est le taux de satisfaction, chez les Américains, à l’égard du travail de Donald Trump. Selon la firme Gallup, il n’avait jamais, jusqu’ici, été aussi bas.»
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