US Politics and the Sexual Harassment Threat

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Après Hollywood, le monde de la politique américaine est à son tour secoué par le débat sur le harcèlement sexuel, et le président Donald Trump, jusqu’à présent très discret, commence à s’impliquer — malgré les accusations qui pèsent contre lui.

Cette semaine, un sénateur démocrate, Al Franken, s’est excusé pour avoir embrassé une animatrice en 2006 et touché sa poitrine ; deux femmes parlementaires ont révélé qu’au moins deux de leurs collègues masculins, non nommés, ont été des harceleurs sexuels ; le directeur de cabinet d’une élue, accusé de harcèlement, a démissionné jeudi ; et de nouvelles femmes ont accusé un candidat républicain au Sénat, Roy Moore, d’agression sexuelle il y a des décennies.

Le Congrès a connu sa part de scandales sexuels dans son histoire, y compris pour des faits de harcèlement ou d’agression.

L’un des plus connus est Dennis Hastert, ancien président de la Chambre des représentants, qui a admis l’an dernier avoir agressé des lycéens alors qu’il était entraîneur de lutte, des décennies auparavant. Ou Clarence Thomas, dont la nomination à la Cour suprême en 1991 a failli être rejetée en raison d’accusations de harcèlement sexuel.

Mais le harcèlement n’était pas vraiment reconnu, dans le monde politique, comme un fléau nécessitant une réponse systémique. La vague de révélations déclenchées par l’affaire Harvey Weinstein, depuis le 5 octobre, a changé la donne.

Nouvelles règles

Désormais, chaque élu et collaborateur de la Chambre devra suivre une formation anti-harcèlement et anti-discrimination, a annoncé cette semaine son président, Paul Ryan. Même mouvement au Sénat, où ces formations étaient facultatives.

La transparence s’améliore. Pour la première fois, l’office spécialisé du Congrès a publié le nombre et le montant des indemnités versées à la suite de plaintes d’individus : 264 règlements de 1997 à 2017, pour un total de 17 millions de dollars. Ces chiffres incluent toutes les plaintes internes, et non les seules affaires de harcèlement.

« Les gens sont nerveux et se demandent : “ Qui sera le prochain ? ” », a dit sur Fox News Kellyanne Conway, conseillère présidentielle, qui en profite pour appeler le parti démocrate à un « examen de conscience ».

Du côté de Trump

Le harcèlement sexuel et la politique forment un mélange hautement combustible, et il était sans doute inévitable que les médias et commentateurs conservateurs ravivent l’affaire Monica Lewinsky, la jeune stagiaire de la Maison-Blanche avec qui le président Bill Clinton a eu des relations sexuelles.

Mais il ne s’agit plus que de Fox News. Une sénatrice démocrate, Kirsten Gillibrand, a dit jeudi au New York Times que Bill Clinton aurait dû démissionner. Des journalistes progressistes, comme Matthew Iglesias (Vox.com) et Chris Hayes (MSNBC), ont appelé les démocrates à faire amende honorable, notamment auprès de Juanita Broaddrick, qui accuse Bill Clinton de viol depuis des décennies.

Tout cela conduit naturellement à l’actuel président, accusé par une dizaine de femmes de baisers ou contacts forcés.

Donald Trump est accusé d’hypocrisie. D’un côté, lui et ses alliés ont toujours accusé ses accusatrices de faux témoignages. Mais le milliardaire s’est permis, tout en restant silencieux sur Roy Moore, d’éreinter le sénateur démocrate Al Franken, sur Twitter, jeudi soir.

« Et dire que la semaine dernière encore il faisait la leçon sur le harcèlement sexuel et le respect des femmes », a-t-il écrit, à l’offensive.

Pourquoi croire certaines femmes et pas d’autres ? Pourquoi refuser toute enquête sur son propre cas, mais pas sur le sénateur Franken ?

« Les Américains ont parlé très clairement quand ils ont élu ce président », a répondu vendredi la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders, qui ajoute une autre raison : « Le sénateur Franken a admis les faits, mais pas le président, c’est une vraie distinction. »

Mais le terrain est dangereux pour le milliardaire.

Natasha Stoynoff, qui l’a accusé de l’avoir embrassée de force en 2005, a repris la parole jeudi, dans le magazine People. Depuis un an, écrit-elle au magazine, le problème « mijote sur le feu, comme une cocotte-minute. Mais désormais le feu est rallumé, ça va bouillir et le couvercle va exploser ».

Le débat a aussi provoqué une réaction inverse chez un juge de l’Ohio, Bill O’Neill. Mélangeant agression sexuelle et rapports consentants, le juge a écrit sur Facebook qu’il avait couché avec « 50 très belles femmes » depuis 50 ans, et appelé la classe politique à se concentrer sur ce qu’il considère être des sujets plus légitimes, comme les hôpitaux ou le cannabis.

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