Le discours inspiré et remarqué d’Oprah Winfrey aux Golden Globes dimanche soir a relancé les rumeurs au sujet de sa candidature potentielle à la Maison-Blanche.
Riche, influente, charismatique… La populaire animatrice de talk-show a tout pour elle. Et sa célébrité est un atout indéniable.
Donald Trump dit vouloir briguer un second mandat en 2020. Et pour le vaincre, le Parti démocrate devra vraisemblablement trouver un candidat hors du commun.
Le problème, jusqu’ici, c’est que personne ne se démarque véritablement parmi les prétendants potentiels. L’ancien vice-président Joe Biden, par exemple… Il n’est probablement pas assez inspirant pour susciter un enthousiasme délirant d’un bout à l’autre des États-Unis.
Alors quoi? On laisse tomber les politiciens d’expérience? On passe à un autre appel? Celui de la célébrité?
L’inexpérience d’Oprah ne la discrédite pas. Il faut toutefois espérer que les électeurs américains feront preuve d’un sain scepticisme et qu’ils ne lui donneront pas le bon Dieu sans confession.
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L’inexpérience politique, lorsqu’on est président de la première puissance mondiale, est un handicap. On l’a hélas constaté au cours de la dernière année.
Un politicien d’expérience aura plus de chances de comprendre comment fonctionne le système politique, quelle est la nature du pouvoir exécutif et quel est le rôle du président. De comprendre, aussi, comment on crée des politiques publiques efficaces pour améliorer la qualité de vie de ses citoyens. Et de posséder les connaissances et les aptitudes nécessaires pour prendre des décisions éclairées dans plusieurs domaines.
Donald Trump a lui-même confirmé à plusieurs reprises que son inexpérience était une faiblesse. Souvenez-vous, il s’est même exclamé, en février denier, que «personne ne savait que le système de santé était si compliqué»! C’est faux, bien sûr. S’il s’y était intéressé, il l’aurait su! Et son jugement, en la matière, aurait été bien meilleur.
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L’idée d’avoir uniquement des politiciens de carrière à la Maison-Blanche – ou parmi les autres élus – n’est pas non plus la bonne. La contribution (et le point de vue) de ceux qui ont connu autre chose que la politique est essentielle.
En revanche, le poste de président de la première puissance mondiale n’est pas le meilleur endroit où faire ses classes. C’est mettre la charrue avant les boeufs. Encore plus de nos jours. Les enjeux auxquels ce politicien est confronté sont devenus aussi complexes que le monde dans lequel il joue un rôle fondamental.
Même Ronald Reagan, ancien acteur devenu président, l’avait compris. On l’oublie souvent, mais il a été gouverneur de la Californie pendant huit ans (de 1967 à 1975) avant de vaincre Jimmy Carter en 1980 et de s’emparer de la Maison-Blanche. Il avait roulé sa bosse.
Entendons-nous, l’inexpérience d’Oprah ne veut pas nécessairement dire qu’elle ferait une piètre présidente. Elle a des qualités évidentes qui font défaut à Donald Trump. Son empathie et son éloquence, notamment.
Son intelligence émotionnelle, par ailleurs, semble nettement supérieure à celle de l’actuel président. Elle pourrait peut-être, contrairement à Donald Trump, s’entourer de conseillers exceptionnels qui lui permettraient de compenser son manque d’expérience en politique.
Malgré tout, il est un peu déconcertant de voir qu’il y a déjà un réel enthousiasme aux États-Unis à l’idée d’offrir les clés de la Maison-Blanche à une autre star de la télé en 2020. D’autant plus que ce geste enverrait, parallèlement, un message troublant : la meilleure façon d’accéder à la présidence des États-Unis serait désormais de devenir célèbre.
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