After having feared the worst, Wall Street has grown accustomed to the American president’s blaring declarations, economist Jean-Paul Betbeze explains in a Le Monde column.
Is Wall Street beginning to understand Donald Trump? It looks that way! In fact, it’s on the rise again after having feared the worst: a trade war between the United States and China, a war that could lead to a global recession. What a tragedy! Today, it would seem that a discussion between the two protagonists could take place (so many conditions!).
Trump, however, started off quite strong, with $50 billion in threats, a 25 percent increase in tariffs on two products – steel and aluminum – plus demands on opening Chinese markets. China responded with a list of 1,300 products that they would tax, also at 25 percent: a shower of arrows against two rockets. But they also heard Trump’s message: It’s not a matter of a trade war… because the United States has lost, according to Trump himself.
Stopping the Drift
In a memorable tweet on April 4, he, in fact, explains that he doesn’t want a trade war: “We are not in a trade war with China, that war was lost many years ago by the foolish, or incompetent, people who represented the U.S. Now we have a Trade Deficit of $500 Billion a year, with Intellectual Property Theft of another $300 Billion. We cannot let this continue!”
In fact, Trump hasn’t taken measures to start a war, but rather to stop the drift, by waiting for the rise. It is a matter of reinforcing monitoring of property rights, reducing the number of (Chinese) doctoral candidates, and financially pushing American and foreign companies to produce more within the United States, without taking into account the relaxed rules and regulations, notably in terms of the environment and construction.
China understands this logic of rebalancing trade: Its deep philosophy doesn’t like unbalance, especially of this magnitude, and even less in its policy direction. But their response is, above all else, tactical, as everyone knows that the discussion will address other themes: property rights and the conditions for establishing foreign companies. This is Trump’s true concern: allowing American companies, notably in trade or finance, to establish themselves in China, without connection to local companies.
Thus, financial markets have indeed liked the messages of Trump’s new economic adviser, Larry Kudlow. Well-known in the media as a Fox News (a conservative, American television network) columnist, he indicated that trade negotiations between the United States and China could end well, with most experts saying that no one would win a classic war. At the same time, news about NAFTA, the free trade agreement between the United States, Mexico and Canada, looks promising, according to Canadian Prime Minister Justin Trudeau. And then there’s the surprising evolution of North Korea.
The Trump Method
Fundamentally, the financial markets think there is a “Trump Method,” a twofold excess of threats and proclamations of friendship, as seen with North Korea, one minute wanting to destroy it and the next wanting to meet its leader, or on a minor scale, with Russia and China. And for that matter, Trump acts in the same manner with his European “allies” in NATO, or with his Mexican neighbors. No aid and protection without monetary compensation.
In fact, the political basis of his approach is the same: to strengthen his solid electoral base. But his logic is American pro-business: lowering numerous burdens and rules, a decrease of the American empire’s costs (for NATO or the U.N., but not for the army), support for company profits, and no concern if the dollar falls – that should be temporary.
His logic is twofold: Reinforce the productive American base and its exportation capacities. Reinforcing the productive base means supporting employment and pushing so that more Americans re-enter the job market (it’s a big issue caused by opioid addiction, which is a national tragedy that Trump mentions frequently). Supporting exports means opening emerging markets, notably those in China, to allow more permanent institutions, and reducing America’s foreign deficits.
Surely, this policy of “America First” can be judged as shortsighted or (as its name indicates) selfish, but it should become more and more understandable to financial markets. They will later see the limits of policies in the Middle East or Europe, or even economics if inflation rises quickly in the United States. But today, financial markets appreciate yesterday’s fear.
Après avoir craint le pire, la Bourse a fini par s’habituer aux déclarations tonitruantes du président américain, explique dans une chronique au « Monde » l’économiste Jean-Paul Betbeze.
La Bourse se met-elle à comprendre Donald Trump ? On le dirait ! La voilà en effet qui remonte, après avoir craint le pire : une guerre des droits de douane entre Etats-Unis et Chine, une guerre qui pourrait mener à la récession mondiale. Le drame ! Aujourd’hui, il semblerait qu’une discussion pourrait se mettre en place entre les deux protagonistes (que de conditionnels !).
Donald Trump avait pourtant commencé très fort, avec 50 milliards de dollars de menaces, 25 % de hausse des droits de douane sur deux produits – l’acier et l’aluminium –, plus des demandes d’ouverture des marchés chinois. La Chine a répondu par une liste de 1 300 produits qu’elle taxerait, elle aussi, de 25 % : une pluie de flèches contre deux fusées ! Mais elle a surtout entendu le message de Trump : il ne s’agit pas de guerre commerciale… puisque les Etats-Unis l’ont perdue, selon Trump lui-même !
Arrêter le dérapage
Dans un tweet mémorable du 4 avril, il explique en effet qu’il ne souhaite pas une guerre commerciale : « nous ne sommes pas dans une guerre commerciale, cette guerre a été perdue il y a des années par les personnes stupides ou incompétentes qui représentaient les Etats-Unis. Maintenant nous avons un déficit commercial annuel de 500 milliards de dollars et un vol annuel de droits de propriétés de 300. Nous ne pouvons laisser ceci continuer ! ».
De fait, des mesures par Donald Trump sont prises non pour faire la guerre mais pour arrêter le dérapage, en attendant la remontée. Il s’agit de renforcer la surveillance des droits de propriété, de réduire le nombre de thésards étrangers (chinois), de pousser fiscalement les entreprises américaines et étrangères à produire plus aux Etats-Unis, sans compter des règles et des contrôles assouplis, notamment en matière d’environnement et de construction.
La Chine comprend cette logique de rééquilibrage des échanges : sa philosophie profonde n’aime pas les déséquilibres, surtout de cette taille, et moins encore son sens politique. Mais sa riposte est surtout tactique, car tout le monde sait que la discussion va aborder d’autres thèmes : la protection des droits de propriété et surtout les conditions d’implantation des entreprises étrangères. C’est le vrai souci de Donald Trump : permettre aux entreprises américaines de s’installer en Chine, dans le commerce ou la finance notamment, sans lien avec des entreprises locales.
Donc les marchés financiers ont bien aimé les messages du nouveau conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow. Bien connu des médias, il chroniquait à Fox News [chaîne de télévision américaine conservatrice], il a indiqué que les négociations commerciales entre Etats-Unis et Chine pourraient se conclure bien, la plupart des experts disant que personne ne gagnerait à une montée aux extrêmes, dans une guerre classique. En même temps, les nouvelles « sur le front » de l’Alena, l’accord [de libre-échange] avec les Etats-Unis, le Mexique et le Canada s’annoncent meilleures, de la bouche du premier ministre canadien Trudeau. Et l’on mesure l’étonnante évolution de la Corée du Nord.
La méthode Trump
Au fond, les marchés financiers se disent qu’il y a « une méthode Trump », un double excès de menaces et de protestations d’amitiés, comme on le voit avec la Corée du Nord qu’on veut détruire et dont on veut rencontrer le chef, ou avec la Russie et la Chine, sur un mode mineur bien sûr dans ces deux cas. Et d’ailleurs, Donald Trump agit de même manière avec ses « alliés » européens, de l’Otan, ou avec ses voisins mexicains. Pas d’aides et de protections sans compensations en espèces sonnantes et trébuchantes !
En fait, la base politique de sa démarche est la même : consolider son électorat « dur », mais sa logique est pro-business américain : baisse des charges diverses et des règles, diminution des frais de l’empire américain (Otan ou ONU, mais pas pour l’armée), soutien aux marges des entreprises, et pas d’inquiétude si le dollar baisse – ce devrait être temporaire.
La logique suivie est double : renforcer la base productive américaine et ses capacités d’exportation. Renforcer la base productive, c’est soutenir l’emploi et pousser à ce que plus d’Américains retrouvent le marché du travail (c’est le grand problème posé par l’addiction aux opioïdes, qui est un drame national et que Donald Trump mentionne fréquemment). Aider à l’export, c’est ouvrir les marchés émergents, notamment chinois, pour permettre des implantations plus pérennes et réduire les déficits extérieurs américains.
Bien sûr, cette politique « America first » peut être jugée à courte vue ou égoïste (son nom l’indique !), mais elle devient de plus en plus lisible par les marchés financiers, qui s’y font. Ils en verront plus tard les limites, politiques au Moyen-Orient ou en Europe, ou même économiques, si l’inflation monte vite aux Etats-Unis. Mais, aujourd’hui, les marchés financiers apprécient d’avoir eu trop peur hier.
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