Make America 1929 Again

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Durant sa campagne électorale, Trump n’eut de cesse de fanfaronner à l’encontre de la Chine qui fut stigmatisée de tous les maux, dont notamment celui de nuire hautement aux intérêts américains du fait de pratiques commerciales déloyales. Néanmoins, un an après avoir été élu, c’est contre ses alliés les plus proches – à savoir le Canada et l’Europe – que Trump se déchaîne, entretenant un mutisme trouble et troublant à l’égard de la Chine.

Ne s’étant en effet pas gêné de traiter la Chine d’innombrables fois de « Bad Guy », ne le voilà-t-il pourtant pas qu’il annonce le 31 mai dernier – unilatéralement et avec effet immédiat – des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium en provenance de ces pays, et qui représentent un volume d’importations substantiel de 23 milliards de dollars par an !

Peut-on traiter des alliés séculaires en compétiteurs et en adversaires ? Quelle est la logique qui sous-tend cette décision aberrante de Trump qui s’aliène irrémédiablement ses partenaires les plus proches qui auraient toutefois pu s’avérer des soutiens utiles dans une confrontation commerciale américaine avec la Chine ? Au-delà des conséquences économiques incertaines sur ce pays qui pourraient néanmoins se décliner en un regain des pressions inflationnistes et en une remontée du chômage, les USA y perdront sans aucun doute encore et plus en influence internationale. Le protectionnisme mis en place dès 1928 fut aux origines de la Grande Dépression. Souvenons-nous du Parti Républicain de l’époque espérant « soutenir certaines industries qui ne peuvent concurrencer les producteurs étrangers du fait de la faiblesse de leurs salaires et de leur niveau de vie », et de la loi « Hawley-Smoot » mise en place en juin 1930 durcissant les tarifs de 39 à 53% sur nombre d’importations.

Ces considérations importent cependant peu à Donald Trump dont les seules motivations semblent être de nature politique ! Il est en effet peu sensible aux logiques économiques prévoyant clairement des pertes d’emploi suite à ces expéditions punitives, car celles-ci sont destinées à montrer aux perdants de la globalisation et aux travailleurs précaires dans son propre pays qu’il se préoccupe de leur sort, qu’il ne les oublie pas. C’est à l’évidence ces classes sociales laissées pour compte qui paieront le plus le plus élevé de ces récentes mesures, mais elles se persuaderont que leur Président défend ainsi leurs intérêts. Quelles qu’en soient les conséquences sur le plan des relations internationales, même si les États-Unis sont assignés devant l’OMC, au prix d’une perte de confiance avec les Européens aux effets néfastes y compris sur le long terme, le fait est que le Président des USA a décrété une guerre commerciale totale.

À n’en pas douter, l’objectif de Trump est de bouleverser l’ordre mondial, car il est persuadé en sortir vainqueur. Souvenons-nous de son tweet du 2 mars dernier ayant déclenché les hostilités : (‘Trade wars are good, and easy to win’), «Les guerres commerciales sont bonnes, et faciles à gagner».

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