Trump Is Taking Children Hostage

 

 

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Le président américain, Donald Trump, s’enfonce une fois de plus dans les bas-fonds de la bigoterie et du ressentiment avec sa politique migratoire. Voilà qu’il prend maintenant des enfants en otage dans le vain espoir d’arracher aux démocrates des concessions sur la construction d’un mur entre les États-Unis et le Mexique.

En l’espace de six semaines, près de 2000 enfants ont été arrachés à leurs parents après avoir tenté de franchir illégalement la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Obnubilé par l’immigration illégale, le gouvernement Trump a décidé de poursuivre en justice les migrants qui tentent de s’infiltrer aux États-Unis, qu’ils soient accompagnés ou non d’enfants. En raison de décisions rendues par les tribunaux, les enfants ne peuvent pas être envoyés dans des prisons avec leurs parents. Il ne reste donc plus, dans cette logique tordue, qu’à les séparer.

Le procureur général, Jeff Sessions, cite la Bible en appui de cette politique de tolérance zéro proprement répugnante. Comble du dégoût, les versets choisis (Romains, 13) sont les mêmes qui furent évoqués jadis pour justifier l’esclavage des Noirs aux États-Unis.

Aucun gouvernement n’échappe aux problèmes engendrés par l’immigration illégale. Le gouvernement Obama avait essuyé aussi des critiques pour avoir fait un recours accru à des camps de détention à la frontière. Jamais les démocrates n’ont envisagé une seule seconde de séparer des enfants de leurs parents.

Les démocrates avaient multiplié les visites et les messages de prévention dans les pays d’Amérique latine, dans l’espoir de dissuader les migrants d’entreprendre un long périple qui se solderait inéluctablement par leur arrestation à la frontière, mais rien n’y fit. En matière d’immigration illégale, les politiques de tolérance zéro et leur message de dissuasion générale génèrent de bien modestes résultats. Le message est trop diffus à l’échelle d’un continent, au point qu’il en devient inaudible. Et il ne décourage aucunement des centaines de milliers de gens qui fuient leur pays en quête d’un meilleur avenir.

Bien qu’il soit utopique d’envisager un monde sans frontières auquel nous convie une certaine gauche, il est du devoir des pays occidentaux, dits « civilisés », d’offrir aux enfants les protections qui leur reviennent en raison de leur grande vulnérabilité, et de traiter les migrants dans le respect de leur dignité et des conventions internationales.

À l’exception de quelques fidèles au sein du gouvernement Trump, cette décision a suscité une réprobation générale, aussi bien chez les démocrates que les républicains. L’ancienne première dame Laura Bush a dénoncé une politique immorale, qui n’est pas sans lui rappeler les camps d’internement des ressortissants japonais durant la Seconde Guerre mondiale. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, ont aussi déploré ces pratiques cruelles et inadmissibles qui laisseront des enfants traumatisés.

Et Donald Trump ? Il a fait de lui-même une mauvaise caricature de Frank Underwood. Il a rejeté la responsabilité de ce fiasco « horrible » sur les démocrates, en leur reprochant leur blocage sur la réforme des politiques migratoires. Dans les faits, il suffirait d’une directive du président pour que le procureur général mette un terme à cette expérience indigne d’un pays démocratique.

Le président Trump se sert des enfants comme un instrument de négociation avec les représentants et les sénateurs qui s’opposent à sa réforme plus large des politiques migratoires. Faut-il s’en surprendre ? C’est le même homme qui pourfend ses alliés occidentaux — le Canada, l’Allemagne, la Corée du Sud et autres — pour mieux saluer la fermeté d’un despote philippin ou d’un dictateur nord-coréen. Cette fois, il ne s’attaque pas au multilatéralisme, mais à l’héritage des droits universels. Son legs sera marqué par l’indignité.

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