Sex, Lies and Impeachment

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Les démocrates voient dans les déboires judiciaires de Trump une occasion inespérée de galvaniser les foules, reprendre le Congrès et la Maison-Blanche. Mais la justice américaine est ainsi faite que le président n’a guère de risque d’être destitué avant la fin de son mandat.

Les démocrates américains ont beau jeu de sauter sur leur chaise comme des cabris en disant « impeachment ! impeachment ! impeachment ! ». Terrassés par la défaite d’Hillary Clinton il y a deux ans, ils voient dans les déboires judiciaires de Trump une occasion inespérée de galvaniser les foules, reprendre le Congrès – en novembre – et la Maison-Blanche – dans deux ans. Mais la justice américaine est ainsi faite que le président n’a guère de risque d’être destitué avant la fin de son mandat.

Les rebondissements juridiques de mardi sont certes extraordinaires : à deux minutes d’intervalle, ce sont deux de ses anciens lieutenants, parmi les plus loyaux, qui ont été défaits en justice. Son ancien directeur de campagne, Paul Manafort, a été condamné pour fraudes fiscales et bancaires. Donald Trump n’y est pour rien. Mais son ancien ami risque de longues années de prison et pourrait être tenté de collaborer avec les juges pour réduire sa peine – en reconnaissant l’implication de la Russie dans l’élection de 2016, par exemple.

Deux minutes plus tôt, c’est l’ancien avocat du président, Michael Cohen, qui plaidait coupable, affirmant avoir payé le silence de deux conquêtes extraconjugales de Donald Trump, sur ses ordres, quelques jours avant l’élection – ce que le président a longtemps contesté. N’importe quel Américain serait poursuivi pour de tels faits, susceptibles de violer les règles de financement électoral. Mais le locataire de la Maison-Blanche n’est pas n’importe qui : jusqu’à aujourd’hui, aucun juge n’a osé traduire en justice un président dans l’exercice de ses fonctions. Il y a peu de chances que le procureur Mueller – aussi coriace soit-il – déroge à la jurisprudence.

Fantasme

Les anti-Trump en sont donc réduits à rêver d’impeachment – la fameuse procédure utilisée contre Richard Nixon et Bill Clinton. Mais là encore, le scénario relève largement du fantasme. D’abord parce que la Chambre, chargée de déclencher le procès en destitution par au moins 50 % des voix, est majoritairement républicaine. Rien n’exclut qu’elle devienne démocrate en novembre. Mais dans l’hypothèse où elle lance la procédure, il faudrait encore qu’elle soit approuvée par deux tiers des sénateurs. Il n’existe aucun précédent dans l’histoire américaine : parmi les huit initiatives lancées dans le passé, aucune n’a abouti. Elles n’ont pas été vaines pour autant : Richard Nixon, par exemple, a démissionné avant même son audition au Sénat. Mais c’est certainement mal connaître Donald Trump que de l’imaginer capituler de la sorte. Si les démocrates ont une chance de renverser le milliardaire, c’est donc dans les urnes plutôt qu’au tribunal. Compte tenu des sondages, rien ne dit qu’ils y parviennent rapidement.

First off because the House, responsible for starting off the impeachment process by at least 50 percent of the vote, is majority Republican. Not to say it won’t be majority-Democrat come November.

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