No, He Is Not Done For (Yet)

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Et si Donald Trump était fini ? Et si sa présidence était sur ses derniers milles ?

Certains médias américains posent désormais ouvertement ce genre de questions. La dernière semaine, il faut le dire, a été fertile en rebondissements qui semblent prouver que l’étau se resserre autour du président. Il est blâmé pour des gestes qu’on le soupçonne d’avoir faits et pour des mensonges allégués, visant à camoufler son implication dans plusieurs dossiers incriminants. Et le fait est que tout ça sent très, très mauvais.

Le coup le plus dur porté à sa crédibilité a été celui de son ancien avocat, Michael Cohen, qui vient d’être condamné à trois ans de prison.

Il a notamment violé la loi sur le financement électoral et dit l’avoir fait à la demande de… Donald Trump.

Rappelons que cet avocat a orchestré le versement de généreuses allocations à deux femmes (Stormy Daniels et Karen McDougal) qui auraient eu des aventures avec l’homme d’affaires, dans le but d’acheter leur silence avant l’élection.

Michael Cohen était l’un des plus fidèles alliés du président républicain, mais il a décidé de vider son sac. Il a également dit – à l’équipe du procureur indépendant Robert Mueller – avoir eu des contacts avec des responsables russes pendant la course au leadership du Parti républicain. Il faisait alors des démarches pour la construction d’une tour Trump à Moscou. Détail crucial : il soutient, là encore, que Donald Trump était au courant.

On a également appris que David Pecker, éditeur du National Enquirer, collabore lui aussi avec la justice américaine. Il a reconnu avoir offert 150 000 dollars US à une des deux présumées maîtresses de Donald Trump.

Ce n’est pas tout. Des médias ont rapporté l’existence d’une enquête fédérale sur des versements potentiellement illicites au comité chargé d’organiser l’investiture de Donald Trump. Des sommes qui proviendraient entre autres de donateurs de pays arabes. Tiens donc ! D’autres affaires suivent aussi leur cours, dont celle découlant de la plainte pour détournement de fonds détenus par la fondation Trump et une autre liée aux sommes dépensées dans ses hôtels par des dignitaires étrangers.

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À partir du moment où Donald Trump a lancé sa campagne, en 2015, le scandaleux s’est emparé du réel. Pourtant, jusqu’à tout récemment, l’odeur de ces scandales ne semblait pas lui coller à la peau. Or, si son soutien chez les républicains demeure encore solide, on le sent maintenant vulnérable. Il a même eu du mal à recruter un nouveau chef de cabinet.

Les élections de novembre au Congrès américain aussi ont fait mal à Donald Trump. Les démocrates vont contrôler la Chambre des représentants dès janvier et pourront plus facilement lui mettre des bâtons dans les roues.

On peut affirmer sans crainte de se tromper que 2019 s’annonce comme l’année de tous les dangers pour Donald Trump. Qu’une visite chez le dentiste n’est rien par rapport à ce qui l’attend. Cela étant dit, il demeure l’homme le plus puissant du monde et, à ce titre, il peut encore faire des dégâts considérables. Et ne dit-on pas qu’il faut se méfier d’un animal blessé ?

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Il est loin d’être certain que Donald Trump devra faire face à des accusations criminelles d’ici la fin de sa présidence.

Le département américain de la Justice s’est déjà prononcé à deux reprises à ce sujet, estimant qu’un président en exercice jouissait d’une immunité en la matière.

Mais ça ne signifie pas que le président est au-dessus des lois. Il existe une solution politique si un président est jugé coupable de « trahison, corruption ou autres hauts crimes et délits » : la destitution (impeachment).

Mais les démocrates auraient tout avantage à ne pas utiliser cette option. Dans les circonstances actuelles, ils feraient chou blanc. La procédure est lancée par la Chambre des représentants, mais le vote doit ensuite avoir lieu au Sénat, où les républicains sont toujours majoritaires. Par ailleurs, une telle initiative pourrait donner l’impression qu’on s’acharne sur le président républicain et doper sa popularité. C’est ce qui s’était produit dans le cas de Bill Clinton à la fin des années 90.

Fini, Trump ? La réponse tient en trois lettres et on se permettra, comme il le ferait lui-même, d’utiliser des majuscules : NON ! L’année prochaine sera assurément pénible pour lui, mais Dieu seul (et peut-être aussi le procureur indépendant Robert Mueller) sait ce qu’elle lui réserve véritablement. Si on estime que les Américains méritent mieux, la meilleure façon de ne pas être déçu est encore de ne pas nourrir trop d’espoir.

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