Here we are, at this predictable moment, so imagined and so feared that we had come to think of it as something that had happened a long time ago. We had learned to live with it to the point where it did not seem to have the effects it was supposed to have ...
I am talking about this Dr. Strangelove Moment of the daily geopolitical chronicle. Dr. Strangelove, for those who have forgotten, is the title character of Stanley Kubrick’s 1964 film. Convinced that the Soviet Union is conspiring to pollute Americans’ “precious bodily fluids,” the American president decides to launch a nuclear attack on the USSR.
Abandoned by “the last adult in the room” – Secretary of Defense James Mattis – Donald Trump has now become that president who is farther than ever from the forces of reason and more sure of the validity of his instincts.
A president who spends more and more of his workday in his private quarters watching Fox News, the remote in one hand and in the other, the smartphone with which he communicates his decisions to his administration and to the perplexed world. These are all decisions whose one inspiration is Trump’s instinct, which tells him to cut himself off from the entire world – beginning with his allies – all of which is conspiring to take advantage of his country. One cannot deny the coherence of these decisions, which only seemed sudden when there were enough officials in Trump’s entourage to discourage and modify them.
At a meeting where Mattis had, with the help of slides and graphics, shown Trump just how much the United States owed its superpower status to its network of allies, Trump interrupted the presentation with a clear “That is precisely what I do not want.”*
Having turned into a Dr. Strangelove who is much more dangerous than he is threatened – by the new Democratic majority, by Special Counsel Robert Mueller’s Russia probe – Trump is a danger for the security of his own country and of his fellow citizens. This obviously concerns the American political class and citizens first and foremost. But the danger resulting from this mix of isolationism and hysterical egotism also concerns Europe. “Who will persuade Trump not to withdraw from NATO?” a former Israeli ambassador asked on Twitter.
That is a good question. Europe is not used to anticipating crises and, as the philosopher and historian Luuk van Middelaar explains, it only makes important decisions under pressure and when those decisions are urgent. However, even though our European leaders are often entangled in internal crises themselves, they would do well to begin preparing for scenarios that once seemed improbable, scenarios where Europe would all of a sudden find itself entirely on its own, deprived of the American shield in the face of the geostrategic dangers that surround it.
*Editor's note: This quote, accurately translated, cannot be verified.
Nous y voilà, ce moment prévisible, tant imaginé et si redouté qu’on avait même fini par l’intégrer comme s’il était advenu depuis longtemps, et qu’on avait apprivoisé d’autant plus facilement qu’il ne paraissait pas avoir produit les effets annoncés…
Ce « moment Folamour » de la chronique géopolitique mondiale. Rappelons que le Docteur Folamour est le personnage éponyme du film de Stanley Kubrick de 1964 : persuadé que l’Union soviétique complote afin de polluer les « précieux fluides corporels » des Américains, le président américain décide de lancer ses bombardiers sur l’URSS.
Quitté par « le dernier adulte dans la salle » qu’était le secrétaire à la Défense Jim Mattis, Donald Trump est désormais devenu ce président plus isolé que jamais des forces de la raison, plus sûr de la justesse de son instinct.
Un président qui passe de plus en plus de son temps de travail dans ses appartements privés à regarder Fox News, la télécommande dans une main et dans l’autre le smartphone par lequel il communique à son administration et au monde éberlués ses décisions. Toutes décisions qui ont pour unique inspiration l’instinct trumpien qui lui dicte qu’il doit se couper du monde entier – à commencer par les alliés – qui complote pour tirer efficacement avantage de son pays. On ne peut nier la cohérence dans ces décisions qui ne paraissaient subites qu’aussi longtemps qu’il se trouvait suffisamment de responsables dans l’entourage de M. Trump pour les freiner ou les amender.
Lors d’une séance où M. Mattis avait fait présenter au président, slides et graphiques à l’appui, combien les Etats-Unis devaient leur hyperpuissance à leur réseau d’alliances, Donald Trump avait interrompu la démonstration par un net : « C’est précisément ce dont je ne veux pas. »
Devenu Folamour d’autant plus dangereux qu’il est menacé – par la nouvelle majorité démocrate, par l’enquête du procureur Mueller sur la collusion avec la Russie… – M. Trump est un danger pour la sécurité de son propre pays et de ses concitoyens : c’est évidemment d’abord l’affaire de la classe politique et des citoyens américains. Mais le danger qui résulte de ce mélange d’isolationnisme et d’égotisme hystérique se pose aussi aux Européens. « Qui convaincra Trump de ne pas se retirer de l’Otan ? », interrogeait sur Twitter un ancien ambassadeur israélien ? La question se pose. L’Europe n’a pas l’habitude d‘anticiper les crises, et comme l’explique bien le philosophe et historien Luuk van Middelaar, elle ne prend les décisions vitales que dans l’urgence et sous la pression des événements. Pourtant, même s’ils sont eux-mêmes souvent empêtrés dans des crises internes, nos dirigeants européens feraient bien de commencer à travailler sur les scénarios hier encore improbables, où l’Europe se retrouvera soudain strictement seule, privée du bouclier américain, face aux dangers géostratégiques qui l’entourent.
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